Contre le jansénisme – réponses à l’abbé Bernier

CHRONIQUE

« Revue de l’Anjou et du Maine »

Angers, Librairie de Cosnier et Lachèse

1858

tome troisième

pp. 204-205

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    M. l’abbé Bernier, qui avait l’intention de publier une réponse aux derniers articles du R. P. Dom Guéranger, sur la Compagnie de Jésus, renonce à ce projet. Voici la lettre qu’il nous écrit :

    Angers, le 28 mai 1858.

    Monsieur le Directeur,

    J’ai composé et livré à l’imprimeur une réfutation des deux derniers articles du R. P. abbé de Solesmes, sur le jansénisme, où je crois avoir solidement démontré les appréciations que j’ai faites du zèle des jésuites dans leur lutte contre Port-Royal, et renversé celles de mon adversaire. Du reste, mon but, était surtout de montrer qu’il a de plus en plus dénaturé la polémique, en faisant appel à la conscience des catholiques, là où leur conscience n’a rien à voir, et en faisant une question de dévotion d’une question purement historique. Réfléchissant à l’efficacité que doit avoir sur ma volonté un désir manifesté par mon Évêque, et d’ailleurs apprécient des conseils pacifiques donnés par des personnes amies, je prends le parti de ne pas publier mon travail, bien qu’il soit en majeure partie imprimé. Je dis, qu’on veuille bien le remarquer, marquer, un désir manifesté par mon Évêque ; car je m’étais assuré qu’il ne mettrait pas d’autre opposition que ce désir à la publication de ma réplique ; et il m’écrivait de Beaupreau, sous la date du 13 de ce mois, que son intention a toujours été de se tenir complètement en dehors de tous ces débats, et qu’il ne veut pas sortir de la position qu’il a prise ; je copie textuellement. Libre entièrement dans l’exercice de mon droit de défense, je me décide à .en faire l’abandon.

    Ayez, je vous prie, l’obligeance de donner place à cette lettre dans le numéro prochain de la Revue.

    Agréez, M. le Directeur, l’assurance de mes sentiments distingués et respectueux.

« H. BERNIER, ch[anoine]. »

 

    M. l’abbé Bernier est seul juge de l’œuvre qu’il consent, avec une abnégation fort louable, à laisser dans le secret ; mais il nous permettra de repousser le reproche qu’il adresse au R. P. Dom Guéranger, et qui atteint un peu notre direction. Le savant abbé de Solesmes n’a cherché à soulever aucune conscience pieuse contre un adversaire auquel il s’est fait un devoir, tout en le combattant, de donner des témoignages de sa haute estime ; il a voulu simplement défendre l’esprit général d’un institut dont les services ont été trop souvent méconnus, et si jamais une controverse a été purement historique, c’est, il nous semble, celle qu’il a soutenue.

 

CHRONIQUE

« Revue de l’Anjou et du Maine »

Angers, Librairie de Cosnier et Lachèse

1858

tome troisième

pp. 263-264

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    – Nous avons inséré, dans notre dernière livraison, une lettre de M. l’abbé Bernier, qui nous annonçait qu’après avoir a composé et livré à l’imprimeur une nouvelle réplique au R. P. abbé de Solesmes, il prenait le parti a de ne pas la publier, ne cédant en cela qu’au désir manifesté par son évêque et aux conseils pacifiques de personnes amies. Nous pensions que la controverse était terminée. Cependant nous apprenons que le travail de M. Bernier circule dans toutes les mains, bien qu’il ait été tiré seulement à un petit nombre d’exemplaires et adressé à des lecteurs de choix. La Revue doit rester désormais en dehors du débat. Mais nous ne pouvons refuser la publicité à la lettre suivante que vient de nous écrire le R. P. dom Guéranger : .

    Abbaye de Solesmes, le 28 juin 1858.

    Monsieur ,

    Un heureux hasard a fait tomber entre mes mains une brochure publiée par M. l’abbé Bernier, sur la controverse que nous avons agitée ensemble clans là Revue d’Anjou. Cette brochure ne m’a pas été adressée par l’auteur, et d’autre part j’apprends que l’éditeur a reçu l’ordre de M. l’abbé Bernier de n’en vendre aucun exemplaire. En attendant, elle circule, au moyen des exemplaires que l’auteur a bien voulu confier à ses amis. Je laisse à vos lecteurs l’appréciation d’un tel procédé. Permettez-moi, Monsieur, de profiter de votre plus prochaine livraison pour annoncer au public que je me ferai un devoir de répondre, et au grand jour, à cette œuvre clandestine , non à cause des personnalités qui y sont accumulées contre moi , mais dans le but de réfuter les erreurs dont elle est remplie. J’attendrai cependant le temps qui m’est nécessaire pour l’achèvement d’un autre travail que l’on me réclame, et qui touche presque à sa fin.

    Agréez, Monsieur, etc.

+ Fr. Prosper guéranger, abbé de Solesmes »