29 mars 1875 Pie IX, Pape, à Notre Vénérable Frère Louis-Édouard, évêque de Poitiers

29 03 1875 Pius PP. IX Venerabili Fratri Nostro Ludovico Eduardo, Episcopo Pictaviensi

    Venerabilis Frater, Salutem et Apostolicam Benedictionem. Decebat profecto junebria laudis officia clarissimo Familiae Sancti Benedicti ornamento Prospero Guéranger a Viro persolvi, qui optimus virtutum et scientiœ judex ; illique familiarissimus, gesta simul et mentem defuncti valeret exponere ac revelare.

    Gaudemus autem, Venerabilis Frater, te sic istud obiisse munus amicitiœ, ut in tota ejus vita demonstraveris aptissimum instrumentum a divina providentia paratum Galliœ, cum ad restituendos Regulares Ordines deletos, tum ad amplissimam eorum utilitatem oculis subjiciendam. Luculenter enim ostendisti, ipsum assecutum utrumque fuisse, sive excitando rursum et propagando in Gallia monasticum institutum et disciplinant ; sive suadendo rituum uniformitatem, vitio temporum distractam, cum Romana Ecclesia ; sive propugnando et illustrando Sedis hujus Apostolicœ jura et privilegia ; sive demum configendo errores omnes, ac prœsertim jactatasuti nostrorum temporum ornamentum opiniones : ita ut illa sententiarum inter sinceros catholicos concordia,et communis illa observantia et dilectio vere filialis, qua Gallia Nobis conjungitur, ejus operositati, gratiœ, scientiœ magna ex parte non immerito tribuenda videatur.

    Hœc porro cum mirifice consensum foverint aut confirmaverint animorum, qui necessario vertitur in summum quoque civilis consortii beneficium, defuncto elogium asserunt veri Benedicti discipuli, qui dum se totum Deo et Ecclesiœ devovit, tanto se filiosque suos emolumento prœbuit civili societati.

    Copiosam operum suorum mercedem ipsi jam a Deo collatam esse speramus ; tibi vero sterilem non futurum confidimus laborem tuum : tum quodpiorum gesta vulgari in aliorum incitamentum expediat, tum etiam quodpromeritœ a defuncto laudes ob indictum recentibus erroribus bellum, novam quamdam vim adjiciant oppugnationi illi strenuœ, quam eximiœ tuœ litterœ pastorales iisdem passim objiciunt.

    Excipe, Venerabilis Frater, Apostolicam Benedictionem, quam divini favoris auspicem, et prcecipuœ Nostrœ benevolentiae testent tibi tuœque Diœcesi universce peramanter impertimus.

    Datum Romœ apud S. Petrum, die 29 Martii, anno 1875, Pontificatus Nostri anno vicesimo nono.

PIUS PP. IX

29 03 1875 Pie IX, Pape, à Notre Vénérable Frère Louis-Édouard, évêque de Poitiers

    Vénérable Frère, salut et bénédiction apostolique. Il convenait assurément que les honneurs de l’éloge funèbre fussent rendus à cette très brillante gloire de l’Ordre de Saint-Benoît, Prosper Guéranger, par un homme qui, excellent juge des vertus et de la science, et intimement lié avec le pieux défunt, fût en mesure de raconter ses actions et de dévoiler son âme. Nous sommes heureux, vénérable Frère, qu’en remplissant le devoir de l’amitié, vous avez montré dans la personne et dans toute la Vie de ce religieux un instrument providentiellement préparé à la France pour rétablir les Ordres religieux détruits, et pour faire éclater à tous les yeux leur très grande utilité. Vous avez prouvé avec évidence qu’il a rempli cette double mission, soit en relevant et en propageant dans la France l’institut et la discipline monastique, soit en persuadant de rétablir avec l’Église romaine l’uniformité des rites détruits par le vice des temps, soit en défendant et en mettant dans un plus grand jour les droits et les privilèges de ce Siège apostolique, soit en réfutant toutes les erreurs et surtout ces opinions vantées comme la gloire de notre époque. Ses efforts ont eu un tel succès, que cet accord de sentiments entre les véritables catholiques, ce dévouement universel, cet amour vraiment filial par lequel la France Nous est unie, doivent être, à bon droit, attribués en grande partie à son activité laborieuse, à sa grâce et à sa science.

    Ainsi a été produit et cimenté un merveilleux accord des esprits, qui tourne nécessairement au très grand bien de la société elle-même ; et par là le défunt a glorieusement justifié son titre de disciple de saint Benoît, puisqu’en se dévouant tout entier à Dieu et à l’Église, il a procuré, par lui-même et par ses fils, de vrais avantages à la société humaine. Dieu, Nous l’espérons, lui a déjà donné l’ample récompense de ses œuvres ; et, quant à vous, Nous avons la confiance que votre travail ne sera pas inutile ; d’abord parce que l’éloge des bons est un encouragement pour les autres ; puis, en payant au défunt les louanges qu’il a méritées pour avoir fait bonne guerre aux erreurs modernes, vous avez ajouté un nouveau coup vigoureux à la vaillante attaque et résistance que leur opposent sans cesse vos remarquables lettres pastorales. Recevez, vénérable Frère, la bénédiction apostolique que Nous accordons avec tendresse à vous et à tout votre diocèse comme un gage de la faveur divine et un témoignage de Notre bienveillance toute particulière.

    Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 29 mars de l’année 1875, la vingt-neuvième de Notre pontificat.

PIE IX, PAPE

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