6 août 1842 Grégoire XVI à Mgr Gousset

VENERABILI FRATRI THOMAE GOUSSET, ARCHIEPISCOPO REMENSI.

    GREGORIUS PP. XVI

    Venerabilis fratres Salutem et apostolicam Benedictionem.

    Studium pio prudentique antistite plane dignum recognovimus in binis illis tuis litteris, quibus apud Nos quereris varietatem librorum liturgicorum, quae in multas Galliarum Ecclesias inducta est ; et a nova prœsertim circumscriptione Diœcesium , novis porro non sine fidelium offensione auctibus crevit. Nobis quidem idipsum tecum una dolentibus nihil optabilius foret, Venerabilis Frater, quant ut servarentur abique apud vos Constitutiones S. PU F, immortalis memoriœ decessoris nostri, qui et Breviaro et Missali in usum Ecclesiarum romani ritus, ad mentent Tridentini Concilii (Sess, XXV), emendatius editis, eos tantum ab obligation eorum recipiendorum exceptos voluit, qui a bis centum saltem annis uti consuevissent Breviario aiit Missali ab illis diverso ; ita videlicet, ut ipsi non quidem commutare iterum atque iterum arbitrio suo libros hujusmodi, sed quibus utebantur, si vellent, retinere possent. (Constit. Quod a nobis. — VII. Idus Julii 1568, et Constit. Quo primum. Pridie Idus Julii 1570). Ita igitur in votis esset, Venerabilis Frater ; verum tu quoque probe intelligis quam difficile arduumque opus sit morem illum convellere, ubi longo apud vos temporis cursu inolevit : atque hinc nobis, graviora inde dissidia reformidantibus, abstinendum in praesens visum est nedum a replenius urgenda, sed etiam a peculiaribus ad dubia quœ proposueras, responsionibus edendis. Cœterum cum quidam ex regno isto, Venerabilis Frater prudentissima ratione idoneaque occasione utens, diversos, quos in ecclesia sua invenerat, liturgicos libros nuper sustulerit, suumque clerum universum ad romanae Ecclesiœ instituta ex integro revocaverit, Nos prosecuti illum sumus meritis laudum prœconiis, ac juxta ejus petita perlibenter concessimus Indultum officii votivi pluribus per annum diebus, quo nimirum clerus ille bene cœteroquin inanimarum cura laborans, minus sœpe obstringeretur ad longiora in Breviario romano feriarum quarumdam officia persolvenda. Confidimus equidem, Deo benedicente, futurum ut alii deinceps atque alii Galliarum antistites memorati Episcopi exemplum sequantur ; prœsertim vero ut periculosissima illa libros liturgicos commutandi facilitas istic penitus cesset. Interea tuum hac in re zelum etiam commendantes, a Deo supplices petimus, ut te uberioribus in dies augeat suce gratiœ donis, et in parte ista suae vineœ tuis rigatœ sudoribus justitice fruges amplificet. Denique superni hujus prœsidii auspicem, nostrœque pignus prœcipuœ benepolentiœ Apostolicam benedictionem tibi, Venerabilis Frater, et omnibus Ecclesiœ tuœ Clericis Laicisque fidelibus peramanter impertimur. Datum Romœ, apud Sanctam Mariant Majorem,die sexta Augusti, anni millesimi octingentesimi quadragesimi secundi, Pontificatus nostri anno duodecimo.

A NOTRE VENERABLE FRERE THOMAS GOUSSET, ARCHEVEQUE DE RHEIMS.

    GREGOIRE XVI, PAPE.

    Vénérable frère, Salut et Bénédiction apostolique.

    Nous avons reconnu le zèle d’un pieux et prudent archevêque dans les deux lettres que vous Nous avez adressées, renfermant vos plaintes au sujet de la variété des livres liturgiques qui s’est introduite dans un grand nombre d’Églises de France, et qui s’est accrue encore, depuis la nouvelle circonscription des diocèses, de manière à offenser les fidèles. Assurément, Nous déplorons comme vous ce malheur, Vénérable Frère, et rien ne Nous semblerait plus désirable que de voir observer partout, chez vous, les constitutions de saint Pie V, notre prédécesseur d’immortelle mémoire, qui ne voulut excepter de l’obligation de recevoir le Bréviaire et le Missel, corrigés et publiés à l’usage des églises du rite romain, suivant l’intention du concile de Trente, (Sess. XXV), que ceux qui, depuis deux cents ans au moins, avaient coutume d’user d’un Bréviaire et d’un Missel différents de ceux-ci ; de façon, toutefois, qu’il ne leur fût pas permis de changer et remanier, à leur volonté, ces livres particuliers, mais simplement de les conserver, si bon leur semblait. (Constit. Quod a nobis. — VII. Idus Julii 1568 et Constit. Quo primum. Pridie Idus Julii 1570). Tel serait donc aussi notre désir, Vénérable Frère ; mais vous comprendrez parfaitement combien c’est une œuvre difficile et embarrassante de déraciner cette coutume implantée dans votre pays depuis un temps déjà long ; c’est pourquoi, redoutant les graves dissensions qui pourraient s’ensuivre, nous avons cru devoir, pour le présent, nous abstenir, non seulement de presser la chose avec plus d’étendue, mais même de donner des réponses détaillées aux questions que vous nous aviez proposées. Au reste, tout récemment, un de nos Vénérables Frères du même royaume, profitant avec une rare prudence d’une occasion favorable, ayant supprimé les divers livres liturgiques qu’il avait trouvés dans son église, et ramené tout son clergé à la pratique universelle des usages de l’Église romaine, Nous lui avons décerné les éloges qu’il mérite, et, suivant sa demande, Nous lui avons bien volontiers accordé l’Indult d’un office votif pour plusieurs jours de l’année, afin que ce clergé livré avec zèle aux fatigues qu’exige le soin des âmes, se trouvât moins souvent astreint aux offices de certaines fériés qui sont les plus longs dans le Bréviaire romain. Nous avons même la confiance que, par la bénédiction de Dieu, les autres évêques de France suivront tour à tour l’exemple de leur collègue, principalement dans le but d’arrêter cette très périlleuse facilité de changer les livres liturgiques. En attendant, rempli de la plus grande estime pour votre zèle sur cette matière, nous adressons nos supplications à Dieu, afin qu’il vous comble des plus riches dons de sa grâce, et qu’il multiplie les fruits de justice dans la portion de sa vigne que vous arrosez de vos sueurs. Enfin, comme présage du secours d’en haut, et comme gage de notre particulière bienveillance, nous vous accordons avec affection pour vous, Vénérable Frère, et pour tous les fidèles, clercs et laïques, de votre Église, la bénédiction apostolique. Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, le sixième jour d’août, de l’an 1842, douzième de notre Pontificat.