Année liturgique : l’Avent, propre du temps

L’AVENT

PROPRE DU TEMPS

 

    Nous comprenons ici, sous le titre de Propre du Temps, l’Office mobile des Dimanches et des Fériés de l’Avent. Dans notre désir de faire goûter aux fidèles la plus pure fleur de la Liturgie de ce saint temps, nous avons éprouvé quelque embarras sur la méthode à suivre. En effet, si nous eussions voulu faire valoir toutes les richesses de ces Offices, quatre volumes à peine eussent pu nous suffire, et nous craignions d’être à charge. Cette considération nous a engagé à nous imposer des limites, et à faire un choix parmi tant de trésors.

    Voici le plan auquel nous nous sommes arrêté. Nous donnons en entier la Messe et les Vêpres des quatre Dimanches de l’Avent. Aux jours de Férié, nous produisons au moins une des Leçons d’Isaïe assignées dans l’Office des Matines ; nous plaçons ensuite une Hymne, une Séquence, ou toute autre pièce poétique. Ces pièces ont toutes été empruntées aux sources les plus graves, savoir aux Bréviaires Romain et Mozarabe, à l’Anthologie et aux Menées des Grecs, aux Missels français et étrangers du moyen âge, etc. A la suite de cette Hymne ou Séquence, nous avons placé une Prière éloquente et pleine d’onction, tirée des Missels Ambrosien, Gallican ou Mozarabe ; en sorte que les fidèles trouveront dans notre collection une abondance de formules liturgiques jusqu’ici sans exemple, et dont l’autorité sera d’autant plus grande, que toutes ces pièces sont empruntées à des sources anciennes et approuvées.

    Nous n’avons pas jugé à propos de joindre un commentaire à chacune des formules liturgiques que nous réunissons ici. Il nous a paru suffisant d’en donner la clef d’une manière générale, en rédigeant l’ouvrage entier sous la forme d’un commentaire affectif qui suffit pour lier les diverses parties, et pour éclairer le lecteur, sans le fatiguer par des redites ou des banalités.

    Nous avons réservé, pour le Propre des Saints, les grandes Antiennes et l’Office de la Vigile de Noël, parce que ces célèbres Antiennes et cette Vigile sont à jour fixe au Calendrier comme les fêtes des Saints, et que pour les insérer au Propre du Temps, en la place qu’elles occupent dans les Bréviaires, il eût été nécessaire d’introduire dans ce livre, destiné aux laïques, de véritables Rubriques dont la complication eût effrayé plusieurs personnes.

 

LE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT

 

    Ce Dimanche, le premier de l’Année Ecclésiastique, est appelé, dans les chroniques et les chartes du moyen âge, le Dimanche Ad te levavi, à cause des premiers mots de l’Introït, ou encore le Dimanche Aspiciens a longe, à cause des premières paroles d’un des Répons à l’Office de Matines.

    La Station 1 est à Sainte-Marie-Majeure ; c’est sous les auspices de Marie, dans l’auguste Basilique qui garde la Crèche de Bethléem, et qui pour cela est appelée dans les anciens monuments Sainte-Marie ad Praesepe, que l’Église Romaine recommence chaque année le Cycle sacré. Il était impossible de choisir un lieu plus convenable pour saluer l’approche du divin Enfantement qui doit enfin réjouir le ciel et la terre, et montrer le sublime prodige de la fécondité d’une Vierge. Transportons-nous par la pensée dans ce temple auguste, et unissons-nous aux prières qui s’y font entendre ; ce sont les mêmes que celles qui vont être exposées ici.

        A l’Office de la nuit, l’Église commence aujourd’hui la lecture du Prophète Isaïe, celui de tous qui a prédit avec le plus d’évidence les caractères du Messie, et elle continue cette lecture jusqu’au jour même de Noël inclusivement. Efforçons-nous dégoûter les enseignements du saint Prophète, et que l’œil de notre foi découvre avec amour le Sauveur promis, sous les traits tantôt gracieux, tantôt terribles, à l’aide desquels Isaïe nous le dépeint.

    Les premières paroles de l’Église, au milieu de la nuit, sont celles-ci :

    Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

    Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

    Après avoir rempli ce devoir suprême d’adoration, écoutons l’oracle d’Isaïe qui nous est transmis parla sainte Église.

Incipit liber Isaiae Prophetae. Cap. I

    Visio Isaiae filii Amos quam vidit super Iudam et Hierusalem in diebus Oziae, Ioatham Achaz, et Ezechiae regum Iuda. Audite caeli et auribus percipe terra quoniam Dominus locutus est filios enutrivi et exaltavi ipsi autem sprÈverunt me. Cognovit bos possessorem suum et asinus praesepe domini sui Israel non cognovit populus meus non intellexit. Vae genti peccatrici populo gravi iniquitate semini nequam filiis sceleratis. Dereliquerunt Dominum blasphemaverunt Sanctum Israel abalienati sunt retrorsum super quo percutiam vos ultra addentes praevaricationem omne caput languidum et omne cor maerens A planta pedis usque ad verticem non est in eo sanitas vulnus et livor et plaga tumens non est circumligata nec curata medicamine neque fota oleo

 

    Ici commence le livre du Prophète Isaïe. Chap. I.

    Vision d’Isaïe, fils d’Amos, qu’il a vue sur Juda et Jérusalem dans les jours d’Ozias, Joathan, Achaz, et Ezéchias, rois de Juda. Cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille ; car le Seigneur a dit : J’ai nourri des enfants et je les ai élevés ; mais eux, ils m’ont méprisé. Le bœuf connaît son maître, et l’âne la crèche de son seigneur : mais Israël ne m’a point connu, et mon peuple a été sans intelligence. Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquités, à la race mauvaise, aux fils scélérats. Ils ont abandonné le Seigneur, ils ont blasphémé le Saint d’Israël, ils sont retournés en arrière. Où vous frapperai-je de nouveau, vous qui ajoutez sans cesse de nouvelles prévarications ? Toute tête est languissante, et tout cœur désolé. De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, il n’y a rien de sain dans mon peuple. Ce n’est que blessure, que contusion, qu’une plaie enflammée, qui n’a point été bandée, ni pansée avec un médicament, ni adoucie avec l’huile.

 

    Ces paroles du saint Prophète, ou plutôt de Dieu qui parle par sa bouche, doivent faire une vive impression aux enfants de l’Église, à l’entrée de la sainte carrière de l’Avent. Qui ne tremblerait en entendant ce cri du Seigneur méprisé, méconnu, au jour même où il est venu visiter son peuple ? Il a dépouillé son éclat dans la crainte d’effrayer les hommes ; et, loin de sentir la divine force de Celui qui s’abaisse ainsi par amour, ils ne l’ont point connu ; et la crèche qu’il a choisie pour y reposer après sa naissance n’a d’abord été visitée que par deux animaux sans raison. Sentez-vous, chrétiens, combien sont amères les plaintes de votre Dieu ? combien son amour méprisé souffre de votre indifférence ? Il prend à témoin le ciel et la terre, il lance l’anathème à la nation perverse, aux fils ingrats. Reconnaissons sincèrement que jusqu’ici nous n’avons point connu tout le prix de la visite du Seigneur, que nous avons trop imité l’insensibilité des Juifs qui ne s’émurent pas quand il apparut au milieu de leurs ténèbres. Ce fut en vain que les Anges chantèrent au milieu de la nuit, que les bergers furent conviés à l’adorer et à le reconnaître ; en vain que les Mages vinrent d’Orient demander où était son berceau. Jérusalem fut troublée un instant, il est vrai, à la nouvelle qu’un Roi lui était né ; mais elle retomba bientôt dans son insouciance, et ne s’enquit même pas de la grande nouvelle.

    C’est ainsi, ô Sauveur ! que vous venez dans les ténèbres, et que les ténèbres ne vous comprennent pas. Oh ! faites que nos ténèbres comprennent la lumière et la désirent. Un jour viendra où vous déchirerez les ténèbres insensibles et volontaires, par l’éclair effrayant de votre justice. Gloire à vous en ce jour, ô souverain Juge ! mais gardez-nous de votre colère, durant les jours de cette vie mortelle. — Où frapperai-je maintenant ? dites-vous. Mon peuple n’est déjà plus qu’une plaie. — Soyez donc Sauveur, ô Jésus ! dans l’Avènement que nous attendons : Toute tête est languissante, et tout cœur désolé : venez relÈver ces fronts que la confusion et trop souvent aussi de viles attaches courbent vers la terre. Venez consoler et rafraîchir ces cœurs timides et flétris. Et si nos plaies sont graves et invétérées, venez, vous qui êtes le charitable Samaritain, répandre sur elles l’huile qui fait disparaître la douleur et rend la santé.

    Le monde entier vous attend, ô Rédempteur ! venez vous révéler à lui en le sauvant. L’Église, votre Épouse, commence en ce moment une nouvelle année ; son premier cri est un cri de détresse vers vous ; sa première parole est celle-ci : Venez ! Nos âmes, ô Jésus ! ne veulent pas non plus cheminer sans vous dans le désert de cette vie. Il se fait tard : le jour incline au soir, les ombres sont descendues : lÈvez-vous, divin Soleil ; venez guider nos pas, et nous sauver de la mort.

 

    A LA MESSE.

 

    Pendant que le Prêtre se rend à l’autel pour célébrer le Sacrifice, l’Église débute par ce beau chant qui montre si bien sa confiance d’épouse ; répétons-le avec elle, du fond de notre cœur ; car le Sauveur viendra à nous dans la mesure que nous l’aurons désiré, et fidèlement attendu.

INTROÏT.

Ad te levavi animam meam : Deus meus, in te confido, non erusbescam : neque irrideant me inimici mei : etenim universi qui te expectant non confundentur.

Ps. Vias tuas, Domine, demonstra mihi : et semitas tuis edoce me.

V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen

    On répète : Ad te levavi.    

 

Vers vous, ô mon Dieu ! j’ai élevé mon âme. En vous j’ai mis ma confiance, et je sais que je n’aurai point à en rougir : car vous viendrez au temps marqué. En vain les ennemis de mon salut riront de ma patience : quiconque vous attend ne sera point confondu.

Ps. Seigneur, venez me montrer la voie qui conduit à vous ; venez m’apprendre vos divins sentiers.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

    On répète : Vers vous, ô mon Dieu.

    

    Après le Kyrie eleison, le Prêtre recueille les vœux de toute l’Église dans les Oraisons suivantes, appelées pour cela Collectes.

 

COLLECTE.

Excita, quaesumus, Domine, potentiam tuam, et veni ; ut ab imminentibus peccatorum nostrorum periculis, te mereamur protegente eripi, te liberante, salvari. Qui vivis et regnas cum Deo Patre, in unitate Spiritus Sancti, Deus, per omnia saecula saeculorum. Amen.

 

Réveillez, s’il vous plaît, Seigneur, votre puissance, et venez, afin que nous méritions d’être arrachés, par votre protection, aux imminents périls où nos péchés nous engagent, et d’en être sauvés par votre secours libérateur : Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez avec Dieu le Père, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R/. Amen.

    

    Il est juste d’implorer aussi, dans ce saint temps, la médiation toute-puissante de celle qui a d’abord été seule dépositaire du grand secret qui devait rendre la vie au monde ; disons donc avec le Prêtre :

    En l’honneur de la Sainte Vierge.

Deus, qui de beatae Mariae virginis utero Verbum tuum, Angelo nuntiante, carnem suscipere voluisti: praesta supplicibus tuis, ut, qui vere eam genitricem Dei credimus, eius apud te intercessionibus adiuvemur. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.

 

O Dieu, qui avez voulu que votre Verbe prît chair, à la parole de l’Ange, dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie ; accordez à la prière de vos serviteurs, que nous qui la croyons véritablement Mère de Dieu, nous soyons secourus auprès de vous par son intercession.

 

    On ajoute ensuite l’une des deux Oraisons suivantes :

    Contre les persécuteurs de l’Église.

Ecclesiae tuae, quaesumus, Domine, preces placatus admitte: ut, destructis adversitatibus et erroribus universis, secura tibi serviat libertate.

Daignez, Seigneur, vous laisser fléchir par les prières de votre Église, afin que, toutes les adversités et toutes les erreurs ayant disparu, elle puisse vous servir dans une paisible liberté.

    Pour le Pape.

DEUS omnium fidelium pastor et rector, famulum tuum N., quem pastorem Ecclesiae tuae praeesse voluisti, propitius respice: da ei, quaesumus, verbo et exemplo, quibus praeest, proficere; ut ad vitam, una cum grege sibi credito, perveniat sempiternam. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

    

O Dieu, qui êtes le Pasteur et le Conducteur de tous les fidèles, regardez d’un œil propice votre serviteur N. que vous avez mis à la tête de votre Église en qualité de Pasteur ; donnez-lui, nous vous en supplions, d’être utile par ses paroles et son exemple à ceux qui sont sous sa conduite, afin qu’il puisse parvenir à la vie éternelle avec le troupeau qui lui a été confié. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Épître.

Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Romanos. Cap. XIII.

    Fratres: Scientes, quia hora est iam nos de somno surgere. Nunc enim propior est nostra salus, quam cum credidimus. Nox praecessit, dies autem appropinquavit. Abjiciamus ergo opera tenebrarum, et induamur arma lucis. Sicut in die honeste ambulemus: non in comessationibus, et ebrietatibus, non in cubilibus, et impudicitiis, non in contentione, et aemulatione, sed induimini Dominum Iesum Christum.

 

Lecture de l’Épître de saint Paul, Apôtre, aux Romains. Chap. XIII.

    Mes Frères, nous savons qu’il est temps de nous réveiller de notre sommeil ; car notre salut est plus proche que lorsque nous avons commencé à croire. La nuit est sur sa fin, et le jour approche. Jetons donc au loin les œuvres des ténèbres, et revêtons-nous des armes de la lumière. Marchons dans l’honnêteté, comme on fait en plein jour, et non dans les débauches, dans les excès de la boisson, dans les impudicités, dans les dissolutions, dans les querelles et les envies ; mais revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ.

    

    Le Sauveur que nous attendons est donc le vêtement qui couvrira notre nudité. Admirons en cela la bonté de notre Dieu, qui, se souvenant que l’homme s’était caché après son péché, parce qu’il se sentait nu, veut bien lui servir lui-même de voile, et couvrir une si grande misère du manteau de sa divinité. Soyons donc attentifs au jour et à l’heure où il, viendra, et gardons-nous de nous laisser appesantir par le sommeil de l’habitude et de la mollesse. La lumière luira bientôt ; que ses premiers rayons éclairent notre justice, ou du moins notre repentir. Si le Sauveur vient couvrir nos péchés, afin qu’ils ne paraissent plus, nous, du moins, détruisons dans nos cœurs toute affection à ces mêmes péchés ; et qu’il ne soit pas dit que nous avons refusé le salut. Les dernières paroles de cette Épître se trouvèrent à l’ouverture du livre, quand saint Augustin, pressé depuis longtemps par la grâce divine de se donner à Dieu, voulut obéir à la voix qui lui disait : Tolle, lege ; prends, et lis. Elles décidèrent sa conversion ; il résolut tout à coup de rompre avec la vie des sens et de revêtir Jésus-Christ. Imitons son exemple en ce jour : soupirons ardemment après le cher et glorieux vêtement qui sera bientôt placé sur nos épaules par la miséricorde de notre Père céleste, et répétons avec l’Église ces touchantes paroles dont nous ne devons pas craindre de fatiguer l’oreille de notre Dieu :

GRADUEL.

 Universi, qui te exspectant, non confundentur, Domine.

V.: Vias tuas, Domine, notas fac mihi: et semitas tuas edoce me.   Alleluia, alleluia.

V.: Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam, et salutare tuum da nobis. Alleluia

 

Seigneur, tous ceux qui vous attendent ne seront point confondus.

V/. Montrez-moi la voie qui conduit à vous, apprenez-moi vos sentiers. Alleluia, alleluia.

V/. Faites paraître sur nous, Seigneur, votre miséricorde, et donnez-nous le Sauveur que vous nous préparez. Alleluia.

ÉVANGILE.

Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. XXI.

    In illo tempore: Dixit Iesus discipulis suis: Erunt signa in sole, et luna, et stellis, et in terris pressura gentium prae confusione sonitus maris, et fluctuum: arescentibus hominibus prae timore et exspectatione, quae supervenient universo orbi: nam virtutes caelorum movebuntur. Et tunc videbunt Filium hominis venientem in nube cum potestate magna, et maiestate. His autem fieri incipientibus, respicite, et levate capita vestra: quoniam appropinquat redemptio vestra. Et dixit illis similitudinem:Videte ficulneam, et omnes arbores: cum producunt iam ex se fructum, scitis quoniam prope est regnum Dei. Amen dico vobis, quia non praeteribit generatio haec, donec omnia fiant. Caelum et terra transibunt: verba autem mea non transibunt.

 

La suite du saint Évangile selon saint LUC. Chap. XXI.

    En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Il y aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les étoiles ; et, sur la terre, les peuples seront dans la consternation, par le trouble que causera le bruit de la mer et des flots. Les hommes sécheront de frayeur dans l’attente des choses qui doivent arriver à l’univers : car les Vertus des cieux seront ébranlées. Et alors il verront le Fils de l’homme venant sur une nuée avec une grande puissance et majesté. Pour vous, lorsque ces choses commenceront d’arriver, regardez en haut et lÈvez vos têtes ; car votre rédemption approche. Et il leur fit cette comparaison : Voyez le figuier et tous les arbres : lorsqu’ils commencent à pousser, vous connaissez que l’été est proche. De même, quand vous verrez arriver ces choses, sachez que le Royaume de Dieu est proche. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.

    

    Nous devons donc nous attendre à voir éclater tout à coup votre Avènement terrible, ô Jésus ! Bientôt vous allez venir dans votre miséricorde pour couvrir notre nudité, comme un vêtement de gloire et d’immortalité ; mais vous reviendrez un jour, et avec une si effrayante majesté que les hommes en sécheront de frayeur. O Christ ! ne me perdez pas, en ce jour de l’embrasement universel. Visitez-moi auparavant dans votre amour : je veux vous préparer mon âme. Je veux que vous preniez naissance en elle, afin qu’au jour où les convulsions de la nature annonceront votre approche, je puisse lÈver la tête, comme vos fidèles disciples, qui, vous portant déjà dans leurs cœurs, ne craindront rien de vos foudres.

 

    Pendant l’offrande du Pain et du Vin, l’Église a les yeux fixés sur Celui qui doit venir, et chante avec persévérance son même cantique :

OFFERTOIRE.

    Ad te levavi animam meam: Deus meus, in te confido, non erubescam: neque irrideant me inimici mei: etenim universi, qui te exspectant non confundentur.

    Vers vous ô mon Dieu, j’ai élevé mon âme. En vous j’ai mis ma confiance, et je n’aurai point à en rougir. Que mes ennemis ne se rient point de ma patience ; car tous ceux qui vous attendent ne seront point confondus.

    

Après l’oblation, elle recueille en silence les vœux de tous ses membres dans les Oraisons suivantes :

SECRÈTES.

    De l’Avent.

    Haec sacra nos, Domine, potenti virtute mundatos, ad suum faciant puriores venire principium. Per Dominum nostrum Iesum Christum. Amen

    Que ces Mystères, Seigneur, après nous avoir purifiés par leur vertu puissante, nous donnent de parvenir plus purs à Celui qui est leur principe. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

    De la Sainte Vierge.

IN méntibus nostris, quaesumus, Dómine, verae fídei sacraménta confírma: ut, qui concéptum de Vírgine Deum verum et hóminem confitémur ; per ejus salutíferae resurrectiónis poténtiam, ad aetérnam mereámur perveníre laetítiam.

    Daignez, Seigneur, confirmer dans nos âmes les Mystères de la vraie foi ; afin que nous qui confessons qu’un Homme-Dieu véritable a été conçu d’une Vierge, nous méritions, par la vertu de sa Résurrection salutaire, de parvenir à l’éternelle félicité.

    Contre les persécuteurs de l’Église.

    PROTEGE nos, Dómine, tuis mystériis serviéntes: ut, divínis rebus inhaeréntes, et córpore tibi famulémur, et mente.

    Protégez-nous, Seigneur, nous qui célébrons vos Mystères, afin que, nous attachant aux choses divines, nous vous servions dans le corps et dans l’âme.

    Pour le Pape.

    OBLATIS, quaesumus, Dómine, placáre munéribus: et fámulum tuum N., quem pastórem Ecclésiae tuae praeésse voluísti, assídua protectióne gubérna.

    Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l’offrande de ces dons, et daignez gouverner par votre continuelle protection votre serviteur N. que vous avez voulu établir Pasteur de votre Église. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

    

    Après la Communion du Prêtre et du peuple, le Chœur chante ces belles paroles de David, pour célébrer la douceur du Fruit divin que notre Terre va produire, et qui vient de se donner par avance à ses élus. Cette Terre qui est à nous, c’est la Vierge Marie fécondée par la rosée du ciel, et qui s’ouvre, comme nous le dit Isaïe, pour produire le Sauveur.

COMMUNION.

Dominus dabit benignitatem: et terra nostra dabit fructum suum.

    Le Seigneur répandra sur nous son bienfait, et notre terre produira son fruit.

 

Viennent ensuite les Oraisons de conclusion et d’action de grâces.

POSTCOMMUNIONS.

    De l’Avent.

    Suscipiamus, Domine, misericordiam tuam in medio templi tui: ut reparationis nostrae ventura solemnia congruis honoribus praecedamus. Per Dominum nostrum, Iesum Christum, Amen.

    Que nous recevions, Seigneur, votre miséricorde au milieu de votre temple ; et nous célébrerons par une préparation convenable la solennité prochaine de notre régénération. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

    De la Sainte Vierge.

    GRATIAM tuam, quaesumus, Dómine, méntibus nostris infúnde: ut qui, Angelo nuntiánte, Christi Fílii tui incarnatiónem cognóvimus ; per passiónem ejus et crucem, ad resurrectiónis glóriam perducámur.

    RÉPANDEZ, s’il vous plaît, Seigneur, votre grâce dans nos âmes, afin que nous, qui avons connu, par la voix de l’Ange, l’Incarnation de Jésus-Christ, votre Fils, nous arrivions, par sa Passion et sa Croix, à la gloire de sa Résurrection.

    Contre les persécuteurs de l’Église..

    QUAESUMUS, Dómine Deus noster: ut, quos divína tríbuis participatióne gaudére, humánis non sinas subjacére perículis.

    Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de ne pas laisser exposés aux périls de la part des hommes, ceux à qui vous accordez de participer aux Mystères divins.

    Pour le Pape.

    HAEC nos, quaesumus, Dómine, divíni sacraménti percéptio prótegat: et fámulum tuum N., quem pastórem Ecclésiae tuae praeésse voluísti ; una cum commísso sibi grege, salvet semper et múniat. Per Dóminum nostrum Jesum Christum.

    Que la réception de ce divin Sacrement nous protège, Seigneur ; qu’elle sauve aussi et fortifie à jamais, avec le troupeau qui lui est confié, votre serviteur N. que vous avez établi Pasteur de votre Église. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

    A VÊPRES.

 

    Les Psaumes du Dimanche se trouvent ci-dessus, page 50. Le Chœur chante après chacun d’eux une des cinq Antiennes suivantes :

    1. Ant. In illa die stillabunt montes dulcedinem, et colles fluent lac et mel.

    2. Ant. Jucundare * filia Sion, et exsulta satis filia Jerusalem, alleluia

    3. Ant. Ecce Dominus veniet, * et omnes Sancti ejus cum eo et erit in die illa lux magna, alleluia

    4. Ant. Omnes sitientes, venite ad aquas : quaerite Dominum, dum inveniri potest. Alleluia.

    5. Ant. Ecce veniet * Propheta magnus, et ipse renovabit Jerusalem, alleluia

 

1. Ant. Au jour du Messie, les montagnes distilleront la douceur, et le lait et le miel découleront des collines. Alleluia.

    2. Ant. Réjouis-toi, fille de Sion ; tressaille, fille de Jérusalem. Alleluia.

3. Ant. Voici que le Seigneur va venir, et tous ses Saints avec lui ; et il paraîtra en ce jour-là une grande lumière. Alleluia.

4. Ant. Vous tous qui êtes altérés, venez aux fontaines : cherchez le Seigneur pendant qu’on peut le trouver. Alleluia.

    5. Ant. Un grand Prophète viendra bientôt, et il renouvellera Jérusalem. Alleluia.

 

CAPITULE.

Fratres: Hora est jam nos de somno surgere. Nunc enim propior est nostra salus, quam cum credidimus.

Mes Frères, l’heure est venue de sortir du sommeil : car notre salut est plus proche que lorsque nous avons commencé à croire.

    L’Hymne Creator alme siderum, et le Cantique Magnificat, ci-dessus.

    

V/. Rorate, coeli, desuper, et nubes pluant Justum.

R/. Aperiatur terra et germinet Salvatorem.

V/. Cieux, répandez la rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste ;

R/. Que la terre s’ouvre et germe le Sauveur.

ANTIENNE de Magnificat.

Ne timeas, Maria ; invenisti gratiam apud Dominum : ecce concipies et paries filium. Alleluia.

OREMUS

Excita, quaesumus Domine, potentiam tuam, et veni: ut ab imminentibus peccatorum nostrorum periculis, te mereamur protegente eripi, te liberante salvari:Qui vivis et regnas cum Deo Patre, in unitáte Spíritus Sancti, Deus, per ómnia sǽcula sæculórum. R. Amen.

 

Ne craignez point, ô Marie ! car vous avez trouvé grâce devant le Seigneur : voilà que vous concevrez et enfanterez un fils. Alleluia.

    PRIONS

Faites paraître, Seigneur, votre puissance et venez, afin que nous méritions d’être arrachés par votre secours aux imminents périls où nos péchés nous engagent, et d’en être sauvés par votre vertu libératrice. Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

LE LUNDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE L’AVENT.

 

    Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

    Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta. Cap. I.

    Lavamini, mundi estote, auferte malum cogitationum vestrarum ab oculis meis : quiescite agere perverse, discite benefacere : quaerite judicium, subvenite oppresso, judicate pupillo, defendite viduam. Et venite, et arguite me, dicit Dominus. Si fuerint peccata vestra ut coccinum, quasi nix dealbabuntur : et si fuerint rubra quasi vermiculus, velut lana alba erunt.

Du Prophète Isaïe. Chap. I.

    Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez de devant mes yeux la malignité de vos pensées ; cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ; recherchez ce qui est juste ; secourez l’opprimé ; faites justice à l’orphelin, défendez la veuve ; et, après cela, venez et plaignez-vous de moi, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blancs comme la laine la plus pure.

 

    « Le Seigneur qui va bientôt descendre pour nous sauver, nous avertit non seulement de nous disposer à paraître devant lui, mais de purifier nos âmes. « Il est bien juste, dit saint Bernard en son VI° Sermon de l’Avent, que l’âme, qui était tombée la première, soit aussi rétablie la première. Différons donc le soin du corps jusqu’au jour où Jésus-Christ viendra pour le réformer par la Résurrection ; car, dans le premier Avènement, le Précurseur nous dit : Voici l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. Il ne dit pas les maladies du corps, ni les misères de la chair ; mais les péchés, qui sont la maladie de l’âme et la corruption de l’esprit. O corps ! garde-toi donc d’anticiper les temps. Tu peux empêcher le salut de l’âme ; mais tu es impuissant pour le tien propre. Souffre donc que l’âme travaille pour elle, et tâche toi-même de travailler avec elle ; parce que, si tu as part à ses souffrances, tu participeras à sa gloire. Autant tu suspends sa réparation, autant tu retardes la tienne ; et tu ne seras jamais régénéré que Dieu ne voie auparavant son image réformée dans l’âme. » Purifions-nous donc, chrétiens : faisons les œuvres de l’esprit, et non plus celles de la chair. La promesse du Seigneur est formelle : il fera succéder la blancheur la plus éclatante aux trop vives couleurs de nos iniquités. Il ne nous demande pour cela qu’une seule chose : c’est que nous consentions à suspendre le cours de nos péchés. Cessez de faire le mal, dit-il, et après cela, venez et plaignez-vous de moi. O Sauveur ! dès l’entrée de cette sainte carrière, nous voulons profiter de vos avances. Nous voulons rentrer en paix avec vous, soumettre la chair à l’esprit, réparer nos injustices à l’égard de nos frères, faire succéder les soupirs de notre componction à la voix de nos péchés, qui depuis trop longtemps fatigue vos oreilles.

 

PROSE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.

(Composée au XIe siècle et tirée des anciens Missels Romains-Français.)

 

SALUS aeterna indeficiens mundi vita,
Lux sempiterna et redemptio vera nostra,
Condolens humana perire saecula
per tentantis numina,
Non linquens excelsa,
adisti ima propria clementia.
Mox tua spontanea gratia assumens humana,
Quae fuerant perdita omnia salvasti terrea,
Ferens mundo gaudia.
Tu animas et corpora
Nostra Christe, expia
Ut possidemus lucida
Nosmet habitacula.
Adventu primo justifica,
In secundo nosque libera,
Ut cum, facta luce magna, judicabis omnia,
Compti stola incorrupta,
nosmet tua subsequamur
mox vestigia quocumque visa. Amen.

 

Salut à jamais durable, inépuisable vie du monde ;

Lumière qui ne s’éteint pas, ô Rédempteur vraiment à nous !

Ému de compassion, à la vue des générations qui mouraient aux pieds des idoles du tentateur,

Sans quitter les hauteurs du ciel, vous descendîtes aux profondeurs où vous attirait votre     clémence.

Puis, par l’élan de votre amour prenant l’humanité,

Vous avez, sur la terre, sauvé tout ce qui était perdu,

Apportant la joie au monde.

O Christ ! venez purifier et nos corps et nos âmes.

Faites-en, pour y habiter, vos pures et lumineuses demeures.

Au premier Avent, justifiez-nous ;

Au second, délivrez-nous ;

Afin qu’au jour de grande lumière, où vous jugerez l’univers,

Ornés de la robe immaculée, nous marchions sur vos traces, partout où s’imprimeront vos pas.     Amen.

 

    PRIÈRE DU BRÉVIAIRE AMBROSIEN.

    (II° Dimanche de l’Avent.)

    Dona, quaesumus omnipotens Deus, cunctae familiae tuae hanc voluntatem, Christo Filio tuo, Domino nostro venienti, in operibus justis apte occurrere : ut ejus dexterae sociati, regnum mereamur possidere caeleste. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.

    Dieu tout-puissant, daignez accorder à toute votre famille le désir d’aller par les bonnes œuvres au-devant de Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur ; afin que, assis à sa droite, nous méritions de posséder le royaume des cieux. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

LE MARDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Isaia Propheta. Cap. II.

Verbum quod vidit Isaias filius Amos super Iudam et Jerusalem..Et erit in novissimis diebus praeparatus mons domus Domini in vertice montium et elevabitur super colles et fluent ad eum omnes gentes. Et ibunt populi multi et dicent venite et ascendamus ad montem Domini et ad domum Dei Iacob et docebit nos vias suas et ambulabimus in semitis eius quia de Sion exibit lex et verbum Domini de Jerusalem.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. II.

    Vision d’Isaïe, fils d’Amos, sur Juda et Jérusalem. Et dans les derniers jours, sur le sommet des monts, sera fondée la Montagne de la maison du Seigneur ; et elle s’élèvera au-dessus de toutes les collines, et toutes les nations y accourront en foule. Et les peuples iront en grand nombre, et ils diront : Venez, et montons à la Montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies : et nous marcherons dans ses sentiers, car la loi sortira de Sion, et le Verbe du Seigneur, de Jérusalem.

 

    Avec quelle complaisance la sainte Église écoute et répète ces belles paroles du Prophète : Venez, montons à la Montagne du Seigneur ! Chaque jour de Férie, dans l’Avent, elle les redit à l’Office des Laudes ; et tous ses enfants rendent gloire au Seigneur, qui, pour attirer plus sûrement nos regards, s’est fait semblable à une Montagne élevée, mais accessible à tous. Il est vrai que cette Montagne, comme le dit un autre Prophète, est d’abord imperceptible comme une petite pierre, pour marquer l’humilité du Messie dans sa naissance ; mais bientôt elle grandit à la vue de tous les peuples, qui sont conviés à venir habiter sur ses flancs fertiles, et jusque sur sa cime illuminée des rayons du Soleil de justice. C’est ainsi, ô Jésus ! que vous nous appelez tous, que vous êtes accessible à tous ; que la grandeur et l’élévation de vos mystères n’ont rien d’incompatible avec notre faiblesse. Nous voulons, dès ce moment, nous joindre à ces flots de peuples qui marchent vers vous : voici que nous partons ; nous voulons aller placer notre tente sous vos ombrages, ô Montagne bénie ! RecÈvez-nous ; que nous n’entendions plus les bruits mondains qui s’élèvent de la plaine. Placez-nous si haut, que nos yeux ne voient plus les vanités de la terre. Puissions-nous ne jamais oublier les sentiers par lesquels on arrive jusqu’à ce sommet bienheureux, où la montagne, qui est la figure, s’évanouit, et où l’âme se trouve à jamais face à face avec Celui que les Anges contemplent dans un ravissement éternel, et dont les délices sont d’être avec les enfants des hommes ! (Prov. VIII 31.)

HYMNE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.

(Composée au IX° siècle et tirée de l’Hymnarium du B. Joseph-Marie Tommasi.)

Sol, astra, terra, aequora,

Adventum Dei altissimi,

Prolem excelsi germinis,

Dives et inops concrepet

Olim promissum patribus,

Partum puellae inclitum,

Natum ante Luciferum,

Dei potentis filium.

Venturum regem gloriae,

Deum regnantem regibus,

Hostem calcare improbum,

Mundum salvare languidum

Laetentur simul angeli,

Omnes exsultent populi,

Excelsus venit humilis

Salvare, quod perierat.

Deus et homo oritur,

Sanctaque regnat Trinitas,

Coaevus Patri Filius

Terris descendit Dominus.

Clament prophetae et prophetent,

Emmanuel jam prope est,

Mutorum linguae jam sonent,

Claudi in occursum pergite.

Agnus et fera et bestia

Simul manducent paleas,

Agnoscat bos et asinus

Jacentem in praesepio.

Signum regale emicans,

Sacrum praecedit verticem;

Regali nato nobili,

Reges, parate munera.

0 quam beatum nuntium,

Virgo Maria audiit!

Credendo mater foeta fit,

Et virgo virum nesciens.

Omnes gentes et insulae,

Magnum triumphum plaudite,

Cursu cervorum currite

Redemptor ecce jam venit.

Discant caecorum oculi

Clauso sedentes lumine,

Noctis tenebras solvere,

Lumen verum percipere.

Gens Galilaea et Graeca,

Credat, Persa et India:

Dignando Deus homo fit,

Et Verbum cum Patre manet.

Laus, honor, virtus, gloria

Deo Patri et Filio

Una cum Sancto Spiritu,

In saeculorum saecula.

 

Que le soleil, les astres, la terre et les mers retentissent de l’Avènement du Dieu très-haut : que le riche et le pauvre unissent leurs chants pour célébrer le Fils du Créateur suprême !

C’est le Sauveur promis jadis à nos pères ; le glorieux fruit d’une Vierge ; le Fils du Dieu puissant, dont la naissance précède l’étoile du matin.

C’est le Roi de gloire qui devait venir régner en Dieu sur les rois, fouler sous ses pieds l’ennemi perfide, guérir le monde languissant.

Que les Anges s’en réjouissent de concert ; que tous les peuples tressaillent de joie : le Très-Haut vient s’humilier pour sauver ce qui était perdu.

Un Dieu-homme va prendre naissance ; l’auguste Trinité règne à jamais ! Le Fils coéternel au Père, le Seigneur va descendre sur la terre.

Que les Prophètes élèvent leur voix et qu’ils prophétisent : Emmanuel est déjà près de nous. Que la langue des muets articule des sons ; et vous, boiteux, courez à sa rencontre.

Que l’agneau et la bête féroce paissent ensemble l’herbe des champs ; que le bœuf et l’âne reconnaissent Celui qui gît dans la crèche.

Le signe royal étincelle ; il annonce notre divin chef ; au noble et royal enfant, rois, préparez vos offrandes.

Oh ! quelle heureuse nouvelle entendit la vierge Marie ! En croyant, elle conçoit ; la voilà mère ; et c’est une vierge qui n’a point connu l’homme.

Îles et nations, applaudissez toutes à ce grand triomphe. Courez avec la vitesse des cerfs : le Rédempteur, le voici qui vient.

Que les yeux des aveugles, fermés à la lumière, sachent maintenant percer les ténèbres de la nuit, s’ouvrir à la lumière véritable.

Que la nation de Galilée et celle de la Grèce, que la Perse et l’Inde croient en leur Rédempteur ; un Dieu daigne se faire homme : et Verbe il demeure avec le Père.

Louange, honneur, vertu et gloire soient à Dieu le Père, et à son Fils, ensemble avec le Saint-Esprit, dans les siècles éternels ! Amen.

 

    PRIERE DU MISSEL GALLICAN.

    (In Adventu Domini, Contestatio.)

    Deus, cui proprium est ac singulare quod bonus es, et nulla umquam a te es commutatione diversus, Propitiare, quaesumus, supplicationibus nostris, et Ecclesiae tuae misericordiam tuam, quam confitemur, ostende, manifestans plebi tuae Unigeniti tui mirabile Sacramentum: ut universitate nationum constet perficiatur, quod per Verbi tui Evangelium promisisti;et habeat plenitudo adoptionis quod praetulit testificatio veritatis. Per Christum Dominum nostrum.

 

    O Dieu, dont la nature propre est la bonté, et dont les volontés ne sont sujettes à aucune variation ni changement, montrez-vous propice à nos supplications, et daignez témoigner à votre Église cette miséricorde que nous célébrons, en manifestant à votre peuple l’admirable mystère de votre Fils unique ; afin que l’universalité des nations accédant à la vraie foi, les promesses de l’Évangile de votre Verbe soient accomplies, et que l’adoption universelle étant effectuée, le témoignage de la vérité soit trouvé fidèle. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

LE MERCREDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

    De Isaia Proheta. Cap. III.

Ecce enim Dominator Deus exercituum auferet a Jerusalem et a Iuda validum et fortem omne robur panis et omne robur aquae ; fortem et virum bellatorem iudicem et prophetam et ariolum, et senem  principem super quinquaginta et honorabilem vultu et consiliarium sapientem de architectis et prudentem eloquii mystici. Et dabo pueros principes eorum et effeminati dominabuntur eis. Ruit enim Jerusalem et Iudas concidit quia lingua eorum et adinventiones eorum contra Dominum ut provocarent oculos maiestatis eius. Agnitio vultus eorum respondit eis et peccatum suum quasi Sodoma praedicaverunt nec absconderunt. Vae animae eorum quoniam reddita sunt eis mala! Dicite iusto quoniam bene quoniam fructum adinventionum suarum comedet. Vae impio in malum retributio enim manuum eius fiet ei.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. III.

    Le Dominateur, le Seigneur des armées enlèvera de Jérusalem et de Juda la vigueur et le courage, toute la force du pain, toute la force de l’eau , l’homme vaillant, le guerrier, le juge, le prophète, le devin, le vieillard, le capitaine de cinquante soldats, l’homme au visage vénérable, l’homme de conseil, le plus sage d’entre les architectes, celui qui a l’intelligence des paroles mystérieuses. Et je leur donnerai des enfants pour princes, et les efféminés domineront sur eux. Car Jérusalem va crouler, et Juda penche vers sa ruine ; parce que leurs langues et leurs œuvres se sont élevées contre le Seigneur, et ont irrité les yeux de sa Majesté. L’impudence de leurs visages rend témoignage contre eux ; et ils ont publie hautement leur pèche, comme Sodome, et ne l’ont point caché. Malheur à leur âme ! car on leur rendra le mal qui leur est dû. Quant au juste, dites-lui que tout est bien ; car il mangera le fruit de ses œuvres ; mais, malheur à l’impie, à cause du mal qu’il a fait ! car on lui rendra suivant ses crimes.

 

    Parce que Jérusalem penche vers sa ruine, la force de l’intelligence s’éteint en elle avec toutes les autres forces. Elle ne sait plus où elle va, et elle ignore l’abîme qui doit l’engloutir. Ainsi sont les hommes qui ne méditent point l’Avènement du souverain Juge, ceux dont Moïse a dit dans le Cantique : Race sans conseil et sans prudence ; si du moins ils avaient la sagesse et l’intelligence pour prévoir la fin des choses ! Le Fils de Dieu vient présentement dans les langes de la faiblesse, dans l’humilité du serviteur, et, pour parler avec les Prophètes, comme la rosée qui tombe goutte à goutte et sans bruit ; mais il n’en sera pas toujours ainsi. Cette terre, qui supporte nos péchés et notre insensibilité, s’écroulera aussi en présence du Juge terrible. A quoi nous rattacherons-nous, si nous n’avons aimé qu’elle ? « Une mort subite arrivée sous vos yeux, dit saint Jean Chrysostome, une secousse de tremblement de terre, la seule menace d’une calamité imprévue vous consterne et vous abat : que sera-ce alors que la terre tout entière manquera sous vos pieds ; que vous verrez le boulÈversement de la nature ; que vous entendrez le son de la trompette fatale ; que le souverain Maître de l’univers se montrera à vos regards dans la plénitude de sa Majesté ? Vous avez vu des malheureux traînés au supplice : combien de morts n’ont-ils pas eu à subir avant d’arriver au lieu de l’exécution ! Anéantis par l’épouvante, plusieurs n’ont plus à livrer au bourreau qu’un cadavre. » O terreur de ce dernier moment ! Comment ose-t-on t’affronter, quand, pour t’éviter, il suffit d’ouvrir aujourd’hui son âme à Celui qui vient doux et désarmé, demandant un asile à nos cœurs, et promettant, s’ils veulent le recevoir, de les sauver de la colère à venir ! O Jésus ! nous ne sommes pas de force à lutter contre vous au dernier jour ; maintenant vous êtes notre frère, notre ami, un petit Enfant qui va naître pour nous ; nous voulons donc faire alliance avec vous ; et quand nous vous aurons aimé dans votre premier Avènement, nous ne vous craindrons plus dans le dernier. Puissions-nous alors entendre retentir à notre oreille cette parole que vos Anges diront aux justes : Tout est bien !

 

HYMNE DE l’AVENT.

(Bréviaire Romain, à l’Office de Matines.)

Verbum supernum prodiens

E Patris aeterni sinu

Qui natus orbi subvenis,

Labente cursu temporis.

Illumina nunc pectora,

Tuoque amore concrema,

Ut cor caduca deserens

coeli voluptas impleat.

Ut cum tribunal Judicis

Damnabit igni noxios,

Et vox amica debitum

Vocabit ad coelum pios,

Non esca flammarum nigros

Volvamur inter turbines;

Vultu Dei sed compotes

Coeli fruamur gaudiis.

Patri, simulque Filio,

Tibique, Sancte Spiritus,

Sicut fuit sit jugiter

Saeclum per omne gloria. Amen.

 

Verbe souverain qui sortez du sein éternel du Père, et qui, par une naissance temporelle, venez au secours de l’univers,

Illuminez aujourd’hui nos cœurs, embrasez-les de votre amour ; qu’ils se détachent des choses qui passent, et deviennent sensibles aux célestes jouissances.

Afin qu’au jour où le Juge, du haut de son tribunal condamnera les coupables aux flammes, et, d’une voix amie, conviera les justes au ciel,

Nous ne soyons pas du nombre de ceux qui, voués à des feux éternels, seront lancés dans un noir tourbillon ; mais que, favorisés de la vue de Dieu, nous soyons admis à goûter les délices du Paradis.

Au Père, au Fils, et à vous, Esprit-Saint, soient à jamais dans tous les siècles, gloire et honneur, comme il fut toujours. Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE.

    (En la Messe du. IVe Dimanche de l’Avent, Illation.)

    Dignum et justum est, vere et nobis per omnia expedibile, tuam nos clementiam, omnipotens Pater, quibus possumus semper laudibus praedicare ; qui bonitate nos ingenuitateque condidisti, ac serpentis antiqui fraude decepti, gratuita miseratione a morte velis eripere ; qui Filium tuum, quem pro nobis in carne missurus eras, ad terras venturum nasciturumque de Virgine longe antea praedixisti, ejus nativitatis adventum praetonantibus sanctis praenuntiasti ; ut expectatus diu qui fuerat repromissus, magnum mundo faceret gaudium in plenitudine temporum praesentatus. Unde petimus et rogamus ut qui plasma tuum, sicut vere pius et misericors, perire non passus es ; sed per humilem adventum Filii tui Domini nostri, quod perierat revocasti ; quod iam inventum et reparatum ac revocatum est, sic protegas, sic custodias, sic sanes, sic defendas, sic liberes : ut in illo adventu terribili quo iterato illos venturus est judicare, a quibus est judicatus, tales inveniat quos redemit, ut in aeternum possideat quos pretioso sui sanguinis acquisivit.

 

    C’est une chose digne et juste, et vraiment avantageuse pour nous, de faire retentir sans relâche vos louanges, ô Père tout-puissant ! vous qui nous avant créés dans un état de sainteté et de noblesse, daignâtes, par une miséricorde insigne, après que nous eûmes été séduits par la fraude de l’ancien serpent, nous arracher à la mort. Vous annonçâtes longtemps d’avance que votre Fils, que vous deviez nous envoyer dans la chair, viendrait sur cette terre et naîtrait d’une Vierge ; et vous chargeâtes vos Saints de proclamer d’une voix éclatante l’Avènement de ce Messie, afin que le monde, préparé par une longue attente , conçût une plus grande joie au jour ou, la plénitude des temps étant accomplie, le Sauveur lui serait enfin donné. Donc, nous vous prions et supplions que, de même que, dans votre clémence et miséricorde, vous n’avez pas voulu souffrir que votre créature pérît entièrement, mais l’avez rappelée à la vie par l’humble Avènement de votre Fils notre Seigneur ; de même, aujourd’hui, vous daigniez protéger, conserver, guérir, défendre et délivrer ce qu’une première fois vous avez retrouvé, réparé, rappelé à la vie ; afin qu’en ce terrible Avènement où il doit reparaître pour juger ceux par lesquels et pour lesquels il a été jugé lui-même, il retrouve ceux qu’il a rachetés en tel état de fidélité, qu’il puisse les posséder éternellement, lui qui les a acquis au prix de son sang.

 

LE JEUDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Iasia Propheta Cap. IV.

Cantabo dilecto meo canticum patruelis mei vineae suae. Vinea facta est dilecto meo in cornu filio olei. Et sepivit eam et lapides elegit ex illa et plantavit eam electam et aedificavit turrem in medio eius et torcular extruxit in ea et expectavit ut faceret uvas et fecit labruscas. Nunc ergo habitator Hierusalem et vir Iuda iudicate inter me et inter vineam meam. Quid est quod debui ultra facere vineae meae et non feci ei an quod expectavi ut faceret uvas et fecit labruscas? Et nunc ostendam vobis quid ego faciam vineae meae auferam sepem eius et erit in direptionem diruam maceriam eius et erit in conculcationem. Et ponam eam desertam non putabitur et non fodietur et ascendent vepres et spinae et nubibus mandabo ne pluant super eam imbrem. Vinea enim Domini exercituum domus Israel et vir Iuda germen delectabile: eius et expectavi ut faceret iudicium et ecce iniquitas et iustitiam et ecce clamor.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. IV.

    Je chanterai à mon Bien-Aimé le Cantique de mon proche parent sur sa vigne. Mon Bien-Aimé avait une vigne plantée sur un lieu élevé et fertile. Il l’environna d’une haie ; il en ôta les pierres, il I planta d’une espèce choisie ; il bâtit une tour au milieu, et il y fit un pressoir. Il s’attendait qu’elle porterait de bons fruits ; et elle n’en a porté que de sauvages. Maintenant donc, vous, habitants de Jérusalem , et vous , hommes de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Qu’ai-je dû faire de plus à ma vigne que je n’aie point fait ? Est-ce parce que j’attendais d’elle de bons raisins, qu’elle n’en a produit que de mauvais ? Maintenant je vous montrerai ce que je vais faire à ma vigne. J’arracherai la haie qui l’entoure, et elle sera exposée au pillage : je détruirai le mur qui la défend, et elle sera foulée aux pieds. Je la rendrai déserte : elle ne sera plus ni taillée, ni labourée : les ronces et les épines pousseront dessus, et je commanderai aux nuages de ne pleuvoir plus sur elle. Or, la maison d’Israël est la vigne du Seigneur des armées, et la race de Juda le plant qu’il aimait. J’ai attendu qu’ils fissent des actions justes, et voilà des iniquités ; qu’ils portassent des fruits de justice, et voilà des cris.

    

    Nous attendons la Naissance d’un Enfant qui doit paraître sept siècles après Isaïe ; et cet Enfant sera le Sauveur du monde. Or, les hommes le persécuteront, l’accableront de calomnies et d’injures ; et à la veille du jour où ils le crucifieront, il leur proposera cette parabole : Il y avait un homme qui était père de famille, et il planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, y bâtit une tour et la loua à des laboureurs ; après quoi il partit pour un pays étranger. Or, quand le temps de la vendange fut venu, il envoya ses serviteurs vers les laboureurs pour recueillir ses fruits. Et les laboureurs ayant pris ses serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent celui-ci. Il envoya donc de nouveaux serviteurs en plus grand nombre que la première fois ; et ils leur firent de même. En dernier lieu, il leur envoya son fils, disant : Au moins ils respecteront mon fils. Chrétiens, le voici qui vient, ce Fils. Le respecterez-vous ? Le traiterez-vous comme le Fils de Dieu, avec l’honneur et l’amour qui lui sont dus ? Voyez quelle progression dans la malice des hommes ! Au temps d’Isaïe, les Juifs ont méprisé les Prophètes ; mais les Prophètes, quoique envoyés de Dieu, n’étaient que des hommes. Le Fils de Dieu est venu lui-même, et ils Font méconnu ; et c’était là un bien plus grand crime que de lapider les Prophètes. Quel serait donc le crime des chrétiens qui connaissent celui qui vient ; bien plus, qui sont ses membres par le Baptême, de ne pas lui ouvrir leur cœur, quand il va venir envoyé par son Père ? Quel châtiment ne mériterait pas la vigne ingrate plantée avec tant d’amour, si elle persistait à ne donner que des fruits sauvages ? 0 Sauveur ! hâtez-vous de nous fertiliser : couronnez-nous de fleurs et de fruits pour le jour prochain de votre Avènement.

PRIÈRE DES ÉGLISES DE FRANCE PENDANT L’AVENT.

(Tirée du prophète Isaïe.)

Roráte caéli désuper,et núbes plúant jústum.

Ne irascáris Dómine, ne ultra memíneris iniquitátis: ecce cívitas Sáncti fácta est desérta:
Síon desérta fácta est:Jerúsalem desoláta est:dómus sanctificatiónis túæ et glóriæ túæ,ubi laudavérunt te pátres nóstri.

Roráte caéli désuper,et núbes plúant jústum

Peccávimus, et fácti súmus tamquam immúndus nos,et cecídimus quasi fólium univérsi:
et iniquitátes nóstræ quasi véntus abstulérunt nos:abscondísti faciem túam a nóbis,et allisísti nos in mánu iniquitátis nóstræ.

Roráte caéli désuper,et núbes plúant jústum.

Víde Dómine afflictiónem pópuli túi,et mítte quem missúrus es:emítte Agnum dominatórem térræ,de Pétra desérti ad móntem fíliæ Síon:ut áuferat ípse júgum captivitátis nóstræ.

Roráte caéli désuper,et núbes plúant jústum.

Consolámini, consolámini, pópule méus:cito véniet sálus túa:quare mæróre consúmeris,
quia innovávit te dólor?Salvábo te, nóli timére,égo enim sum Dóminus Déus túus,
Sánctus Israël, Redémptor túus

Roráte caéli désuper,et núbes plúant jústum.

 

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Ne vous irritez plus, Seigneur, ne vous souvenez plus désormais de notre iniquité. Voilà que la cité du Saint est dÈvenue déserte, Sion est dans la solitude, Jérusalem est désolée, cette maison consacrée à votre culte et à votre gloire, où nos pères ont chanté vos louanges.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Nous avons péché, et nous sommes dÈvenus comme le lépreux ; et nous sommes tous tombés comme la feuille ; et comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés par la main de notre iniquité.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Voyez, Seigneur, l’affliction de votre peuple, et envoyez Celui que vous dÈvez envoyer. Faites sortir l’Agneau qui doit dominer sur la terre ; qu’il s’élance de la pierre du désert sur la montagne de la fille de Sion, afin qu’il enlève lui-même le joug de notre captivité.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

Console-toi, console-toi, ô mon peuple ! bientôt viendra ton salut : pourquoi te consumes-tu dans la tristesse ? Pourquoi la douleur s’est-elle emparée de toi ? Je te sauverai, ne crains point : car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.

 

    ORAISON TIRÉE DU BRÉVIAIRE AMBROSIEN.

    (Au IVe Dimanche de l’Avent.)

Omnipotens sempiterne Deus, qui per Adventum unigeniti Filii tui Domini nostri Jesu Christi nova luce radiare dignatus es, concede nobis, ut sicut eum per Virginis partum in forma nostri corporis meruimus habitare participem, ita et in regno gratiae ejus mereamur esse consortes, qui tecum vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen.

    DIEU tout-puissant et éternel, qui par l’avènement de votre Fils unique Jésus-Christ notre Seigneur, avez daigné faire luire les rayons d’une nouvelle lumière ; accordez-nous que, de même que nous avons mérité de l’avoir participant de la forme de notre corps par l’enfantement de la Vierge, nous méritions aussi d’entrer en partage du royaume de sa grâce ; lui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

LE VENDREDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Iasia Propheta Cap. VI.

In anno quo mortuus est rex Ozias vidi Dominum sedentem super solium excelsum et elevatum et ea quae sub eo erant implebant templum. Seraphin stabant super illud sex alae uni et sex alae alteri duabus velabant faciem eius et duabus velabant pedes eius et duabus volabant. Et clamabant alter ad alterum et dicebant sanctus sanctus sanctus Dominus exercituum plena est omnis terra gloria eius.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. VI.

    L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône sublime et élevé ; et les bords de son manteau remplissaient le temple. Les Séraphins étaient autour du trône. L’un avait six ailes, et l’autre également six ; de deux ils voilaient leurs faces, de deux ils couvraient leurs pieds et des deux autres ils volaient. Et ils criaient de l’un à l’autre, et disaient : Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Dieu des armées : toute la terre est pleine de sa gloire.

 

    Telle est la gloire du Seigneur au plus haut des deux : qui pourra la voir et ne pas mourir ? Maintenant, contemplez le même Seigneur sur la terre, dans les jours où nous sommes. Le sein d’une Vierge le contient, lui que le ciel ne pouvait contenir. Son éclat, loin d’éblouir les Anges, n’est pas même perceptible aux mortels. Nulle voix ne fait retentir autour de lui ces paroles du Ciel : Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées ! Les Anges ne disent plus : Toute la terre est pleine de sa gloire ; car la terre est le théâtre de son abaissement, et d’un abaissement si profond que les hommes mêmes l’ignorent. La Vierge a d’abord été seule dans le secret divin ; bientôt Elisabeth a connu que Marie est Mère du Seigneur ; Joseph ne l’a appris que par la voix d’un Ange, et après de cruels et humiliants soupçons. Trois personnes sur la terre savent donc que Dieu est descendu ; c’est par cette voie obscure qu’il rentre dans son œuvre, dont le péché d’orgueil l’avait chassé. O Dieu de l’ancienne alliance, que vous êtes grand, et qui ne tremblerait devant vous ? O Dieu de la nouvelle Alliance, que vous vous êtes fait petit, et qui ne vous aimerait pas ? Guérissez mon orgueil, principe de toutes mes révoltes ; apprenez-moi à estimer ce que vous avez estimé. Vous créez le monde une seconde fois par votre Incarnation ; et dans cette création, plus excellente que la première, vous opérez par le silence, vous triomphez par l’anéantissement. Je veux m’humilier à votre exemple, et profiter des leçons qu’un Dieu est venu me donner de si haut. Abaissez donc, ô Jésus, toutes mes hauteurs ; c’est une des fins de votre Avènement. Je me prête à vous, comme à mon souverain Maître : faites en moi ce qu’il vous plaira.

 

HYMNE TIRÉE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS.

(Au 23 décembre.)

Antefestalia cantica Christi nativitatis mentis alacritate praecanamus ; nam qui Patri et Spiritui est aequalis, per misericordiam commiserans, massam indutus luti nasci debet in Bethlehem civitate ; cujus Nativitatem ineffabilem pastores cum Angelis hymnificabunt.

In cymbalis resonemus, in canticis alalagmum personemus. Christi manifestatur ostensio, prophetarum finem habuerunt praeconia ; quem enim inter mortales dixerunt appariturum nascitur in sancta spelunca, et in praesepio reclinatur ut infans.

Bethlehem, praeparare ; Eden, aperire ; omnis terra Juda, nunc adornare, laetentur coeli, exsultent homines : in praesepio vita, in spelunca dives, advenit per misericordiae multiplicem paupertatem Adam restaurare, absque mutatione vel confusione.

Ad te de luce vigilo, qui per misericordiam teipsum pro homine lapso exinanisti sine mutatione, et servi formam ex Virgine tulisti, Verbum Dei, pacem da mihi, Philanthrope.

Stillent ex alto aquam nebulas ; qui nubes posuit descendit ipse adorandus in nebula Virgine, ut luceat ab eo lumen inocciduum his qui antea in tenebris periculisque erant.

O dulcissimum Puerum, quomodo nutriam te ? Quomodo te apprehendam, qui omnia nuto tuo tenes ? Quomodo te fasciis involvam, qui omnem terram involvis nebula? Clamabat sancta Domina.

Sol, fili mi, quo modo recondam te fasciis? Quomodo retinebo te qui omnia contines ? Quomodo te sine metu intueri potero, quem non audent contemplari qui multos habent oculos ? aiebat Christum tenens nuptinescia.

Bethlehem, adesdum, praepara quae ad partum pertinent. I, Joseph, inscribere cum Maria ; venerandum praesepium, Deiferae fasciae ; ubi Vita involuta mortis funes disrumpet, alligans immortalitati mortales, Christus Deus noster.

 

Chantons dans l’allégresse de nos âmes les cantiques pour l’Avant-Fête de la Naissance du Christ ; car Celui qui est égal au Père et à l’Esprit, ayant dans sa miséricorde, par pitié pour nos maux, revêtu cette masse de limon, doit naître en la cité de Bethléhem ; et sa naissance ineffable sera célébrée par les Anges et les pasteurs.

Faisons résonner les cymbales, poussons des cris de victoire ; le Christ va se montrer à nous, les prédictions des Prophètes seront accomplies. Celui qu’ils ont annoncé devoir apparaître au milieu des mortels, va naître dans la grotte sacrée, et, faible enfant, il gît dans la crèche.

Bethléhem, prépare-toi ; Eden, ouvre tes portes ; prends aujourd’hui tes habits de fête, ô terre de Juda ! que les cieux se réjouissent, que les hommes tressaillent de bonheur ; pour enrichir la pauvreté d’Adam par l’abondance de sa miséricorde, la Vie même descend dans une crèche, le riche dans une étable ; et la nature divine n’éprouve ni changement ni confusion.

Mon cœur veille pour vous dès l’aurore, ô Verbe de Dieu ! vous qui, par miséricorde et sans rien perdre, vous êtes anéanti pour l’homme tombé, qui avez pris dans une Vierge la forme d’esclave, donnez-moi la paix, ô ami des hommes !

Que les nues distillent la rosée d’en haut : Celui qui a placé les nuages, le Dieu adorable, descend dans une nuée qui est la Vierge, pour illuminer de son éternelle lumière ceux qui étaient avant lui dans les périls et les ténèbres.

O doux enfant ! comment te nourrirai-je ? Comment te serrer dans mes bras, toi qui tiens toutes choses sous ton empire ? Comment t’envelopperai-je de bandelettes, toi qui enveloppes toute la terre de nuages ? s’écriait la sainte Dame.

Soleil, ô mon Fils, comment te couvrirai-je de langes ? Comment te tiendrai-je en ces humbles tissus, toi qui contiens toutes choses ? Comment oserai-je te fixer sans crainte, toi que n’osent regarder ces Esprits aux yeux innombrables ? disait celle qui ne connut point d’homme.

Donc, ô Bethlehem ! prépare toutes choses pour l’enfantement. Allez, Joseph, vous faire inscrire avec Marie. O crèche vénérable ! ô langes qui portez Dieu ! dans lesquels s’enveloppe la Vie, le Christ notre Dieu, pour rompre les liens de la mort et enchaîner les mortels à l’immortalité.

 

    PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE.

    (En la Messe du V° Dimanche de l’Avent.)

In proximo quidem est, Domine, Dies adventus tui : sed quaesumus ut, antequam venias, expiari mereamur ab omni contagione delicti. Prius dilue, rogamus in nobis omne quod in ilia futura examinatione puniturus es ; ut cum Justus adveneris judex, non in nobis invenias quod condemnes.

 

    Seigneur, le jour de votre Avènement est proche ; mais nous vous prions, avant de venir à nous, de nous purifier de toute la contagion de nos péchés. Effacez d’abord tout ce que vous auriez à punir au jour de la discussion des consciences ; afin qu’au moment où vous arriverez pour juger avec justice, vous ne trouviez en nous rien à condamner.

 

LE SAMEDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

    De Isaia Propheta. Cap. VII.

    Et adjecit Dominus loqui ad Achaz, dicens : Pete tibi signum a Domino Deo tuo sive in profundum inferni, sive in excelsum supra. Et dixit Achaz : Non petam, et non tentabo Dominum. Et dixit : Audite ergo domus David : Numquid parum vobis est molestos esse hominibus, quia molesti estis et Deo meo ? Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum : Ecce Virgo concipiet, et pariet Filium : et vocabitur nomen ejus Emmanuel.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. VII.

    Et le Seigneur, continuant de parler à Achaz, lui dit : Demandez au Seigneur votre Dieu un prodige au fond de la terre, ou au plus haut du ciel. Et Achaz dit : Je n’en demanderai point, et ne tenterai point le Seigneur. Et Isaïe dit : Écoutez donc, maison de David : Est-ce peu pour vous de lasser la patience des hommes, qu’il vous faille lasser aussi celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici qu’une vierge concevra, et elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel.

 

    Que notre cœur soit rempli d’espérance et de joie, en entendant cette belle et douce prophétie : Une Vierge concevra et elle enfantera. Ces paroles renferment le salut du monde, comme ces autres paroles expliquent sa ruine : La femme prit le fruit et en mangea, et elle en donna à son mari. Elle est donc venue, cette Vierge promise ; le divin fruit est dans ses entrailles. Par elle, la prévarication d’Ève est réparée, le monde est relevé de sa chute, la tête du serpent est écrasée. Dieu lui-même est plus glorifié dans la fidélité de cette seconde Vierge, qu’il n’avait été outragé par l’infidélité de la première. Le consentement de Marie obtient une part immense dans le salut du monde. Sans doute, c’est le Verbe lui-même qui vient ; « mais, dit saint Bernard dans son IIe Sermon de l’Avent, Marie est la voie par laquelle il vient ; c’est de son sein virginal qu’il sort, comme l’époux de la chambre nuptiale. Travaillons donc à monter vers Jésus par Marie ; puisque c’est par elle qu’il est descendu vers nous. Or, donnez-nous accès auprès de votre Fils, vous, Bénie, vous qui avez trouvé grâce, Mère de la Vie, Mère du salut ; qu’il nous reçoive de vous, celui qui par vous nous a été donné. Que votre intégrité soit l’excuse de notre souillure ; que votre humilité, si agréable à Dieu, obtienne le pardon de notre vanité ; que votre abondante charité couvre la multitude de nos péchés, et que votre glorieuse fécondité nous procure la plénitude des mérites. O notre Dame, notre Médiatrice, notre Avocate ! réconciliez-nous avec votre fils, recommandez-nous à votre fils, présentez-nous à votre fils. Faites, ô bénie Vierge ! par la grâce que vous avez trouvée, par la prérogative que vous avez méritée, par la miséricorde dont vous êtes la Mère, que celui qui par votre moyen a daigné se faire participant de notre infirmité et de notre misère, nous rende, par votre intercession, participants de sa gloire et de sa béatitude. »

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.

(Composée par Abailard ; elle se trouve dans tous les Missels Romains-Français.)

Mittit ad Virginem

Non quemvis Angelum:

Sed Fortitudinem

suum Archangelum

amator hominis.

Fortem expediat

Pro nobis nuncium,

Naturae faciat

Ut praejudicium

In partu Virginis.

Naturam superet

Natus Rex gloriae :

Regnet et imperet,

Et zyma scoriae

Tollat de medio.

Superbientium

Terat fastigia :

Colla sublimium

Calcet vi propria,

Potens in praelio.

Foras ejiciat

Mundanum principem ;

Secumque faciat

Matrem participem

Patris imperii.

Exi qui mitteris,

Haec dona dissere :

Revela veteris

Velamen litterae,

Virtute nuncii.

Accede, nuncia :

Die : Ave, cominus.

Die : Plena gratia :

Die : Tecum Dominus :

Et die : Ne timeas.

Virgo suscipias

Dei depositum,

In quo perficias

Casta propositum

Et votum teneas.

Audit et suscipit

Puella nuncium :

Credit et concipit

Et parit filium,

Sed Admirabilem,

Consiliarium

Humani generis :

Deum et nomine m

Et Patrem posteris,

In pace stabilem.

Cujus stabilitas

Nos reddat stabiles,

Ne nos labilitas

Humana labiles

Secum praecipitet.

Sed dator veniae,

Concessa venia,

Per Matrem gratiae

Obtenta gratia,

In nobis habitet.

Qui nobis tribuat

Peccati veniam :

Reatus deleat,

Donet et patriam

In arce siderum.

 

Dans son amour pour l’homme, Dieu va députer à la Vierge, non un Ange ordinaire, mais l’Archange appelé Force de Dieu.

Qu’il se hâte d’envoyer pour nous le vaillant messager ; que la nature soit vaincue par l’Enfantement d’une Vierge.

Que le Roi de gloire, dans sa Naissance, triomphe de la chair ; qu’il règne et commande ; qu’il enlève des cœurs le levain et la rouille du péché.

Qu’il foule aux pieds le faste des fronts superbes ; qu’il marche dans sa force sur les têtes altières , le Dieu puissant dans les combats.

Qu’il chasse dehors le prince du monde ; qu’il partage avec sa Mère le commandement qu’il exerce avec le Père.

Pars, Ange, annonce ces biens ; et par ton puissant message, lève le voile de la lettre antique.

Approche d’elle et parle : dis-lui en face : Je vous salue. Dis-lui : O pleine de grâce. Dis : Le Seigneur est avec vous. Dis encore : Ne craignez point.

RecÈvez, ô Vierge ! le dépôt de Dieu ; par lui vous consommerez votre chaste dessein : et votre vœu demeurera intact.

La Vierge entend et accepte le message ; elle croit et conçoit, et enfante un fils, un fils admirable,

Le Conseiller de la race humaine, le Dieu-homme, le Père du siècle futur, l’immuable Pacificateur.

Veuille ce Dieu immuable assurer notre stabilité, de peur que l’humaine faiblesse n’entraîne dans l’abîme nos pas indécis.

Mais que l’auteur du pardon, qui est le Pardon lui-même, que la Grâce obtenue par la Mère de grâce, daigne habiter en nous.

Qu’il nous octroie la remise de nos péchés ; qu’il efface nos méfaits ; qu’il nous donne une patrie dans la cité du ciel.

Amen.

 

    PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.

    (En la Vigile de Noël.)

    Emmanuel, nobiscum Deus, Christe Filius Dei, qui cum ex Virgine te nasciturum pronuntias, quia Mariam matrem creasti ut Dominus, de qua natus es filius : da nobis ut, qui cum ilia a te, vel per te creati sumus ex nihilo, simili, ut ea, credulitatis remuneremur et praemio.

    Emmanuel, Dieu avec nous. Christ Fils de Dieu, qui avez déclaré devoir naître d’une Vierge, vous qui comme Seigneur avez créé Marie, cette mère dont vous êtes né le fils ; daignez nous accorder, à nous qui comme elle avons été par vous tirés du néant, d’obtenir une récompense semblable à celle que lui a méritée sa foi.

 

LE DEUXIÈME DIMANCHE DE L’AVENT.

 

    L’Office de ce Dimanche est rempli tout entier des sentiments d’espérance et de joie que donne à l’âme fidèle l’heureuse nouvelle de la prochaine arrivée de celui qui est son Sauveur et son Époux. L’Avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour : ouvrons donc nos cœurs, préparons nos lampes, et attendons dans l’allégresse ce cri qui se fera entendre au milieu de la nuit : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes !

    L’Église Romaine fait en ce jour la Station en la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. C’est dans cette vénérable Église que Constantin déposa une portion considérable de la vraie Croix, avec le Titre qui y fut attaché par ordre de Pilate, et qui proclamait la Royauté du Sauveur des hommes. On y garde encore ces précieuses reliques ; et, enrichie d’un si glorieux dépôt, la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem est considérée, dans la Liturgie Romaine, comme Jérusalem elle-même ; ainsi qu’on peut le voir aux allusions que présentent les diverses Messes des Stations qu’on y célèbre. Dans le langage des saintes Écritures et de l’Église, Jérusalem est le type de l’âme fidèle ; telle est aussi la pensée fondamentale qui a présidé à la composition de l’Office et de la Messe de ce Dimanche. Nous regrettons de ne pouvoir dÈvelopper ici tout ce magnifique ensemble, et nous nous hâtons d’ouvrir le Prophète Isaïe. et d’y lire, avec l’Église, le passage où elle puise aujourd’hui le motif de ses espérances dans le règne doux et pacifique du Messie. Mais adorons d’abord ce divin Messie.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Isaia Propheta. Cap. XI.

Et egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet. Et requiescet super eum Spiritus Domini, Spiritus sapientiae et intellectus,Spiritus consilii et fortitudinis, Spiritus scientiae et pietatis : et replebit eum Spiritus timoris Domini. Non secundum visionem oculorum judicabit, neque secundum auditum aurium arguet : sed judicabit in justitia pauperes, et arguet in aequitate pro mansuetis terras. Et percutiet terram virga oris sui, et spiritu labiorum suorum interficiet impium. Et erit justitia cingulum lumborum ejus, et fides cinctorium renum ejus. Habitabit lupus cum agno, et pardus cum hoedo accubabit : vitulus et leo et ovis simul morabuntur, et puer parvulus minabit eos. Vitulus et ursus pascentur : simul requiescent catuli eorum : et leo quasi bos comedet paleas. Et delectabitur infans ab ubere super foramine aspidis : et in caverna reguli, qui ablactatus fuerit, manum suam mittet. Non nocebunt, et non Occident in universo monte sancto meo : quia repleta est terra scientia Domini, sicut aquas m operientes. In die ilia radix Jesse, qui stat in signum populorum, ipsum Gentes deprecabuntur, et erit sepulchrum ejus gloriosum.

 

    Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. XI.

    Et il sortira un rejeton de la tige de Jessé, et une fleur naîtra de ses racines. Et l’Esprit du Seigneur se reposera sur lui, l’Esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science et de piété : et l’Esprit de la crainte du Seigneur le remplira. Il ne jugera point sur le rapport des yeux, et il ne condamnera point sur un ouï-dire : mais il jugera les pauvres dans la justice, et se déclarera le juste vengeur des humbles de la terre. Il frappera la terre par la verge de sa bouche, et il tuera l’impie par le souffle de ses lèvres. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité son baudrier. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera auprès du chevreau : le veau, le lion et la brebis demeureront ensemble ; et un petit enfant les mènera. La génisse et l’ours paîtront de compagnie ; leurs petits dormiront ensemble ; et le lion mangera la paille comme le bœuf. L’enfant à la mamelle se jouera sur le trou de l’aspic, et l’enfant nouvellement sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. Ces bêtes ne nuiront point, elles ne tueront point sur toute ma montagne sainte : car la terre est remplie de la connaissance du Seigneur, comme les eaux couvrent la mer. En ce jour-là, le rejeton de Jessé sera arboré devant les peuples comme un étendard : les nations lui offriront leurs prières, et son sépulcre sera glorieux.

 

    Que de choses dans ces magnifiques paroles du Prophète ! La Branche ; la Fleur qui en sort ; l’Esprit qui se repose sur cette fleur ; les sept dons de cet Esprit ; la paix et la sécurité rétablies sur la terre ; une fraternité universelle dans l’empire du Messie. Saint Jérôme, dont l’Église emprunte aujourd’hui les paroles dans les Leçons du second Nocturne, nous dit « que cette Branche sans aucun nœud qui sort de la tige de Jessé, est la Vierge Marie, et que la Fleur est le Sauveur a lui-même, qui a dit dans le Cantique : Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ». Tous les siècles chrétiens ont célébré avec transport et la Branche merveilleuse, et sa divine Fleur. Au moyen âge, l’Arbre de Jessé couvrait de ses prophétiques rameaux le portail des Cathédrales, étincelait sur leurs vitraux, s’épandait en broderie sur les tapisseries du sanctuaire ; et la voix mélodieuse des prêtres chantait le doux Répons composé par Fulbert de Chartres et mis en chant grégorien par le pieux roi Robert :

 

R/. Stirps Jesse virgam produxit, virgaque florem, et super hanc florem requiescet Spiritus almus.
V/. Virgo Dei Genitrix virga est, flos filius ejus. Et super hunc florem requiescet Spiritus almus.

 

R/. La tige de Jessé a produit une branche, et la branche une fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé.

V/. La Vierge Mère de Dieu est la branche, et son fils est la fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé.

 

    Et le dévot saint Bernard, commentant ce Répons dans sa deuxième Homélie sur l’Avent, disait : « Le Fils de la Vierge est la fleur, fleur blanche et pourprée, choisie entre mille ; fleur dont la vue réjouit les Anges, et dont l’odeur rend la vie aux morts ; Fleur des champs, comme elle le dit elle-même, et non fleur des jardins ; car la fleur des champs pousse d’elle-même sans le secours de l’homme, sans les procédés de l’agriculture. Ainsi le chaste sein de la Vierge, comme un champ d’une verdure éternelle, a produit cette divine fleur dont la beauté ne se corrompt pas, dont l’éclat ne se fanera jamais. O Vierge ! branche sublime, à quelle hauteur ne montez-vous pas ? Vous arrivez jusqu’à celui qui est assis sur le Trône, jusqu’au Seigneur de majesté. Et je ne m’en étonne pas ; car vous jetez profondément en terre les racines de l’humilité. O plante céleste, la plus précieuse de toutes et la plus sainte ! O vrai arbre de vie, qui seule avez été digne de porter le fruit du salut ! »

    Parlerons-nous de l’Esprit-Saint et de ses dons, qui ne se répandent sur le Messie qu’afin de descendre ensuite sur nous, qui seuls avons besoin de Sagesse et d’Intelligence, de Conseil et de Force, de Science, de Piété et de Crainte de Dieu ? Implorons avec instances ce divin Esprit par l’opération duquel Jésus a été conçu et formé au sein de Marie, et demandons-lui de le former aussi dans notre cœur. Mais réjouissons-nous encore sur les admirables récits que nous fait le Prophète, de la félicité, de la concorde, de la douceur qui règnent sur la Montagne sainte. Depuis tant de siècles le monde attendait la paix : elle vient enfin. Le péché avait tout divisé ; la grâce va tout réunir. Un tendre enfant sera le gage de l’alliance universelle. Les Prophètes l’ont annoncé, la Sibylle l’a déclaré, et dans Rome même encore ensÈvelie sous les ombres du Paganisme, le prince des poètes latins, écho des traditions antiques, a entonné le chant fameux dans lequel il dit : « Le dernier âge, l’âge prédit par la Sibylle de Cumes va s’ouvrir ; une nouvelle race d’hommes descend du ciel. Les troupeaux n’auront plus à craindre la fureur des lions. Le serpent périra ; et l’herbe trompeuse qui donne le poison sera anéantie 2 . »

    Venez donc, ô Messie, rétablir l’harmonie primitive ; mais daignez vous souvenir que c’est surtout dans le cœur de l’homme que cette harmonie a été brisée ; venez guérir ce cœur, posséder cette Jérusalem, indigne objet de votre prédilection. Assez longtemps elle a été captive en Babylone ; ramenez-la de la terre étrangère. Rebâtissez son     temple ; et que la gloire de ce second temple soit plus grande que celle du premier, par l’honneur que vous lui ferez de l’habiter, non plus en figure, mais en personne. L’Ange l’a dit à Marie : Le Seigneur Dieu donnera à votre fils le trône de David son père ; et il régnera dans la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura point de fin. Que pouvons-nous faire, ô Jésus ! si ce n’est de dire, comme Jean le bien-aimé, à la fin de sa Prophétie : Amen ! Ainsi soit-il ! Venez, Seigneur Jésus !

 

A LA MESSE

    La solennité du Sacrifice s’ouvre par un chant de triomphe qui s’adresse à Jérusalem, Ce chant exprime la joie qui saisira le cœur de l’homme, quand il aura entendu la voix de son Dieu. Il célèbre la bonté de ce divin Pasteur, pour lequel chacune de nos âmes est une brebis chérie, qu’il est prêt à nourrir de sa propre chair.

    INTROÏT.

Populus Sion, ecce Dominus venit ad salvandas gentes : et auditam faciet Dominus gloriam vocis suae in laetitia cordis vestri.

Ps. Qui regis Israel intende : qui deducis velut ovem, Joseph. V/. Gloria Patri.

 

Peuple de Sion, voici le Seigneur qui vient pour sauver les nations ; et le Seigneur fera entendre sa voix pleine de majesté, et votre cœur sera dans la joie.

Ps. Écoutez-nous, ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis ! V/. Gloire au Père, etc.

    Dans la Collecte, le Prêtre insiste sur la pureté que nos cœurs doivent avoir pour l’Avènement du Sauveur.

OREMUS

Excita, Domine, corda nostra ad praeparandas Unigeniti tui vias : ut per ejus adventum purificatis tibi mentibus servire mereamur. Qui tecum vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen.

    PRIONS.

    Seigneur, réveillez nos cœurs, afin qu’ils préparent la voie de votre Fils unique, et que nous méritions de vous servir avec des âmes purifiées , au moyen de l’Avènement de Celui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

    Les Oraisons de la Sainte Vierge, celles contre les persécuteurs de l’Église et pour le Pape, sont les mêmes qu’au premier Dimanche de l’Avent, ci-dessus.

    EPITRE.

Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Romanos. Cap. XV.

Fratres, quaecumque scripta sunt, ad nostram doctrinam scripta sunt : ut per patientiam et consolationem Scripturarum, spem habeamus. Deus autem patientiae et solatii det vobis idipsum sapere in alterutrum secundum Jesum Christum : ut unanimes uno ore honorificetis Deum, et Patrem Domini nostri Jesu Christi. Propter quod suscipite invicem, sicut et Christus suscepit vos in honorem Dei. Dico enim Christum Jesum ministrum fuisse circumcisionis propter veritatem Dei, ad confirmandas promissiones patrum. Gentes autem super misericordia honorare Deum, sicut scriptum est: Propterea confitebor tibi in Gentibus Domine, et nomini tuo cantabo. Et iterum dicit : Laetamini Gentes cum plebe ejus. Et iterum : Laudate omnes Gentes Dominum : et magnificate eum omnes populi. Et rursus Isaias ait : Erit radix Jesse ; et qui exsurget regere Gentes, in eum Gentes sperabunt. Deus autem spei repleat vos omni gaudio, et pace in credendo : ut abundetis in spe, et virtute Spiritus Sancti.

 

    Lecture de l’Épître de saint Paul, Apôtre, aux Romains. Chap. XV.

    Mes Frères, tout ce qui a été écrit, est écrit pour notre instruction, afin que nous concevions une espérance ferme par la patience et la consolation que les Ecritures nous donnent. Que le Dieu de patience et de consolation vous fasse la grâce d’être toujours unis de sentiment et d’affection les uns avec les autres, selon l’esprit de Jésus-Christ. C’est pourquoi unissez-vous les uns avec les autres, pour vous soutenir mutuellement, comme Jésus-Christ vous a unis avec lui pour la gloire de Dieu. Car je vous déclare que Jésus-Christ a été le dispensateur et le ministre de l’Évangile à l’égard des Juifs circoncis ; afin que Dieu fût reconnu pour véritable, par l’accomplissement des promesses qu’il avait faites à leurs pères. Et quant aux Gentils, ils n’ont qu’à glorifier Dieu de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pour cette raison, Seigneur, que je publierai vos louanges parmi les Gentils, et que je chanterai des cantiques à la gloire de votre Nom. Il est encore écrit : Réjouissez-vous, Gentils, avec son peuple. Et ailleurs : Gentils, louez tous le Seigneur : peuples, glorifiez-le tous. Isaïe a dit aussi : Il sortira de la tige de Jessé un rejeton qui s’élèvera pour commander aux Gentils ; et les Gentils espéreront en lui. Que le Dieu d’espérance vous comble de paix et de joie dans votre loi, afin que votre espérance croisse toujours de plus en plus par la vertu et la puissance du Saint-Esprit.

 

    Ayez donc patience, Chrétiens ; croissez dans l’espérance ; et vous goûterez le Dieu de paix qui va venir en vous. Mais soyez unis de cœur les uns aux autres ; car c’est la marque des enfants de Dieu. Le Prophète nous annonce que le Messie fera habiter ensemble le loup et l’agneau ; et voici que l’Apôtre nous le montre réunissant dans une même famille le Juif et le Gentil. Gloire à ce souverain Roi, puissant rejeton de la tige de Jessé, et qui nous commande d’espérer en lui ! Voici que l’Église nous avertit encore qu’il va paraître en Jérusalem :

    GRADUEL.

Ex Sion species decoris ejus; Deus manifeste veniet.

V/. Congregate illi sanctos ejus, qui ordinaverunt testamentum ejus super sacrificia.

Alleluia, alleluia.

V/.Laetatus sum in his quae dicta sunt mini: in domum Domini ibimus. Alleluia.

 

C’est de Sion que va briller l’éclat de sa beauté : il va paraître au grand jour, notre Dieu.

V/. Rassemblez autour de lui ses Saints, tous ceux qui ont contracté avec lui une alliance scellée par le sacrifice.

Alleluia, alleluia.

V/. Je me suis réjoui dans cette parole qui m’a été dite : Nous irons dans la maison du Seigneur. Alleluia.

 

    Évangile.

    Sequentia sancti Evangelii secundum Matthaeum. Cap. XL

    In illo tempore : Cum audisset Joannes in vinculis opera Christi, mittens duos

de discipulis suis, ait illi : Tu es, qui venturus es, an alium exspectamus ? Et respondens Jesus ait illis : Euntes renuntiate Joanni quae audistis, et vidistis. Caeci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur, surdi audiunt, mortui resurgunt, pauperes evangelizantur ; et beatus est, qui non fuerit scandalizatus in me. Illis autem abeuntibus, coepit Jesus dicere ad turbas de Joanne : Quid existis in desertum videre? Arundinem vento agitatam? Sed quid existis videre? Hominem mollibus vestitum? Ecce qui mollibus vestiuntur, in domibus regum sunt. Sed quid existis videre? Prophetam? Etiam dico vobis, et plus quam prophetam. Hic est enim de quo scriptum est: Ecce ego mitto Angelum meum ante faciem tuam, qui praeparabit viam tuam ante te.

 

    Suite du saint Évangile selon saint Matthieu. Chap. XI.

    En ce temps-là, Jean, ayant appris dans la prison les œuvres merveilleuses de Jésus-Christ, lui fit dire par deux de ses disciples, qu’il lui envoya : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Jésus leur répondit : Allez dire à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Évangile est annoncé aux pauvres ; et heureux celui qui ne prendra pas de moi un sujet de scandale ! Comme ils s’en retournaient, Jésus se mit à parler de Jean, et dit au peuple : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais encore qu’êtes-vous allés voir ? un homme vêtu mollement ? Vous savez que ceux qui sont vêtus mollement sont dans les maisons des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un Prophète. Je vous le dis, et plus qu’un Prophète. Car c’est de lui qu’il a été écrit : J’envoie devant vous mon Ange, qui vous préparera la voie.

    

    C’est bien vous, Seigneur, qui deviez venir, et nous ne devons pas en attendre un autre. Nous étions aveugles, vous nous avez éclairés ; notre marche était chancelante, vous l’avez raffermie ; la lèpre du péché nous couvrait, vous nous avez guéris ; nous étions sourds à votre voix, vous nous avez rendu l’ouïe ; nous étions morts par nos iniquités, vous nous avez tirés du tombeau ; enfin, nous étions pauvres et délaissés, vous êtes venu nous consoler. Tels ont été, tels seront les fruits de votre visite dans nos âmes, ô Jésus ! visite silencieuse, mais puissante ; dont la chair et le sang n’ont point le secret, mais qui s’accomplit dans un cœur touché. Venez ainsi en moi, ô Sauveur ! Votre abaissement, votre familiarité ne me scandaliseront pas ; car vos œuvres dans les âmes disent assez que vous êtes un Dieu. C’est parce que vous les avez créées que vous pouvez les guérir.

    Après le chant du Symbole de la Foi, quand le Prêtre procède à l’oblation du Pain et du Vin, unissez-vous à l’Église qui demande d’être vivifiée par l’Hôte divin qu’elle attend.

    OFFERTOIRE.

Deus, tu convertens vivificabis nos, et plebs tua laetabitur in te: ostende nobis, Domine, misericordiam tuam, et Salutare tuam da nobis.

    O Dieu, vous vous tournerez vers nous, et vous nous rendrez la vie ; et votre peuple se réjouira en vous. Montrez-nous, Seigneur, votre miséricorde, et donnez-nous le Salut dont vous êtes la source.

 

    SECRÈTE.

Placare, quaesumus Domine, humilitatis nostrae precibus et hostiis: et ubi nulla suppetunt suffragia meritorum, tuis nobis succurre praesidiis. Per Dominum.

    Laissez-vous apaiser, Seigneur, par les prières de notre humilité et par les Hosties que nous vous offrons ; et si nous n’avons aucun mérite de notre part, assistez-nous du moins de votre secours. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

 

    Les autres Secrètes comme au premier Dimanche, page 65.

    Pendant la Communion, la voix de l’Église fait retentir encore la félicité de Jérusalem. Son Dieu vient à elle, et il veut la traiter en Épouse : qu’elle se prépare donc à l’honneur de cette visite, en s’élevant au-dessus de tout ce qui est inférieur à cet Époux divin qui daigne descendre pour elle.

    COMMUNION.

Jerusalem, surge, et sta in excelso: et vide jucunditatem, quae veniet tibi a Domino.

    Lève-toi , Jérusalem , et monte sur un lieu élevé : et considère les délices que ton Dieu versera en toi.

    L’Église, dans l’Oraison suivante, explique en quoi consiste cette élévation que Jérusalem doit chercher : aimer les choses du ciel d’où vient le Sauveur, mépriser celles de la terre dont l’amour sépare de Dieu.

    POSTCOMMUNION.

Repleti cibo spiritualis alimoniae, supplices te, Domine, deprecamur, ut hujus participatione mysterii, doceas nos terrena despicere, et amare coelestia. Per Dominum.

    Rassasiés de la nourriture spirituelle, nous vous supplions , Seigneur, de nous apprendre, par la participation de ce Mystère, à mépriser les choses de la terre et à aimer celles du ciel. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

    Les autres Postcommunions comme au premier Dimanche.

 

A VEPRES.

 

1. Ant. Ecce in nubibus coeli Dominus veniet cum potestate magna. Alleluia.

2. Ant. Urbs fortitudinis nostrae Sion, Salvator ponetur in ea murus et antemurale : aperite portas, quia

nobiscum Deus. Alleluia.

3. Ant. Ecce apparebit Dominus, et non mentietur : si moram fecerit, exspecta eum, quia veniet, et non tardabit. Alleluia.

4. Ant. Montes et colles cantabunt coram Deo laudem, et omnia ligna silvarum plaudent manibus, quoniam veniet dominator Dominus in regnum aeternum. Alleluia, alleluia.

5. Ant. Ecce Dominus noster cum virtute veniet, et illuminabit oculos servorum suorum. Alleluia.

 

1 Ant . Voici que le Seigneur viendra sur les nuées du ciel avec une grande puissance. Alleluia.

2. Ant. Sion est notre ville forte ; le Sauveur en sera la muraille et le rempart : ouvrez-en la porte ; car Dieu est avec nous. Alleluia.

3. Ant. Le Seigneur apparaîtra, et il ne trompera pas notre attente : s’il tarde, attendons encore, car il viendra et de différera plus. Alleluia.

4. Ant. Les montagnes et les collines chanteront devant Dieu le cantique de louanges : tous les arbres des forêts applaudiront ; car le Dominateur, le Seigneur, viendra pour régner à jamais. Alleluia, alleluia.

5. Ant. Voici que le Seigneur notre Dieu viendra dans sa puissance, et il éclairera les yeux de ses serviteurs. Alleluia.

 

    CAPITULE.

Fratres, quaecumque scripta sunt, ad nostram doctrinam scripta sunt: ut per patientiam et consolationem Scripturarum spem habeamus.

Mes Frères, tout ce qui est écrit a été écrit pour notre instruction, afin que nous concevions une espérance ferme par la patience et la consolation que les Écritures nous donnent.

 

    L’Hymne Creator alme siderum et le Cantique Magnificat se trouvent aux pages 53 et 54.

 

    ANTIENNE de Magnificat.

Tu es qui venturus es, an alium expectamus? Dicite Johanni quae vidistis: Ad lumen redeunt caeci, mortui resurgunt, pauperes evangelizantur. Alleluia.

OREMUS.

Excita, Domine, corda nostra ad praeparandas Unigeniti tui vias ; ut per ejus adventum, purificatis tibi mentibus servire mereamur. Qui tecum vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen.

 

Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Dites à Jean ce que vous avez vu : les aveugles voient, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Alleluia.

    PRIONS

Seigneur, réveillez nos cœurs, afin qu’ils préparent la voie de votre Fils unique, et que nous méritions de vous servir avec des âmes purifiées, au moyen de l’Avènement de Celui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

LE LUNDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

    De Isaia Propheta Cap. XIII.

Onus Babylonis quod vidit Isaias filius Amos super montem caligosum levate signum exaltate vocem levate manum et ingrediantur portas duces Ego mandavi sanctificatis meis et vocavi fortes meos in ira mea exultantes in gloria mea Vox multitudinis in montibus quasi populorum frequentium vox sonitus regum gentium congregatarum. Dominus exercituum praecepit militiae belli venientibus de terra procul a summitate caeli Dominus et vasa furoris eius ut disperdat omnem terram. Ululate quia prope est dies Domini quasi vastitas a Domino veniet. Propter hoc omnes manus dissolventur et omne cor hominis tabescet et conteretur. Tortiones et dolores tenebunt quasi parturiens dolebunt unusquisque ad proximum suum stupebit facies combustae vultus eorum. Ecce dies Domini venit crudelis et indignationis plenus et irae furorisque ad ponendam terram in solitudine et peccatores eius conterendos de ea. Quoniam stellae caeli et splendor earum non expandent lumen suum obtenebratus est sol in ortu suo et luna non splendebit in lumine suo. Et visitabo super orbis mala et contra impios iniquitatem eorum et quiescere faciam superbiam infidelium et arrogantiam fortium humilabo.

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. XIII.

    Prophétie contre Babylone révélée à Isaïe fils d’Amos. LÈvez l’étendard sur la montagne couverte de nuages ; haussez la voix , étendez la main, et que les princes entrent par les portes de Babylone. J’ai donné mes ordres à ceux qui me sont dévoués ; j’ai appelé mes guerriers dans ma colère, ceux que ma gloire fait bondir de joie. Voix de la multitude sur les montagnes, voix éclatante des rois et des nations rassemblées. Le Seigneur des armées a commandé à sa milice belliqueuse ; il l’a fait venir depuis les confins de la terre jusqu’aux extrémités du ciel. C’est le Seigneur ; il a avec lui les vases de sa fureur pour exterminer toute cette terre. Hurlez ; car le jour du Seigneur est proche : le Seigneur va tout dévaster. C’est pourquoi tout bras sera abattu, tout cœur d’homme séchera et sera brisé. Ils se tordront dans l’angoisse et gémiront comme la femme en travail. Ils se regarderont l’un l’autre dans la stupeur ; leur visage sera desséché comme par le feu. Voici que le jour du Seigneur viendra, jour cruel, plein d’indignation, de colère et de fureur, pour réduire la terre en solitude et broyer les pécheurs qui l’habitent. Les étoiles du ciel les plus éclatantes ne répandront plus leur lumière ; le soleil s’obscurcira dès son lÈver, et la lune ne brillera plus de sa clarté. Et je visiterai les crimes du monde et l’iniquité des impies ; je mettrai un terme à l’orgueil des infidèles, et j’humilierai l’arrogance des puissants.

 

    L’Église nous remet encore aujourd’hui sous les yeux l’effrayant spectacle du dernier Avènement de Jésus-Christ. Cette Babylone pécheresse dont parle Isaïe, c’est le monde vieilli dans ses crimes ; ce jour cruel, plein d’indignation et de colère, c’est celui où le Messie reviendra et fera briller son étendard sur la nuée. Les paroles qu’emploie le Prophète pour peindre la consternation des habitants de Babylone sont si expressives, qu’elles glacent d’effroi ceux qui les méditent sérieusement. O vous donc qui, en cette seconde Semaine de préparation à la Naissance du Sauveur, hésiteriez encore sur ce que vous avez à faire pour le jour où il va venir, réfléchissez sur l’enchaînement des deux Avènements. Si vous ouvrez au Sauveur dans le premier, vous pourrez être sans inquiétude sur le second ; si au contraire vous dédaignez le premier, le second fondra sur vous comme sur une proie ; et les cris de votre désespoir ne vous sauveront pas. Le Juge viendra à l’improviste, au milieu de la nuit, au moment précis où vous vous flatterez qu’il est loin encore.

    Et ne dites pas que la fin des temps n’est pas venue pour le monde, que le genre humain n’a pas accompli ses destinées. Il s’agit ici, non du genre humain, mais de vous. Sans doute, le jour du Seigneur apparaîtra effroyable, quand ce monde sera brisé comme un vase fragile, et que les débris de la création seront la proie d’un affreux incendie ; mais, avant ce jour de terreur universelle, viendra pour vous en particulier celui de l’Avènement du Juge inexorable. Vous aurez à vous trouver en face de lui sans défense, et l’arrêt qu’il rendra alors demeurera à jamais : Avènement terrible, quoique ses résultats demeurent secrets jusqu’au dernier et solennel Avènement. Comprenez donc que l’effroi du dernier jour ne sera si grand, que parce que, en ce jour-là même, on entendra confirmer avec solennité ce qui aura été jugé déjà irrévocablement, quoique sans éclat ; comme aussi la voix amie qui conviera les amis de Dieu au festin éternel ne fera que répéter, devant l’Assemblée des Anges et des hommes, ce qui déjà aura été résolu dans l’heureuse entrevue du Seigneur et de ses bien-aimés, au moment de leur sortie de ce monde. Donc, ne comptez plus sur des siècles, ô chrétiens ! cette nuit on redemandera votre âme. (LUC. XVII, 20.) Le Seigneur vient : hâtez-vous d’aller au-devant de lui dans la confusion de votre visage, dans la contrition de votre cœur, dans la conversion de vos œuvres.

 

    CHANT DU JUGEMENT DERNIER.

    (C’est le Répons Libera, interpolé dans les XV° et XVI° siècles.)

R/. Líbera me, Dómine, de morte ætérna, in die illa treménda:Quando cœli movéndi sunt et terra.
Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Timebunt Angeli et Archangeli: impii autem ubi parebunt?

Quando cœli movendi sunt et terra.

V/. Quid ergo miserrimus, quid dicam, vel quid faciam, dum nil boni perferam ante tantum judicem?

Tremens factus sum ego, et tímeo, dum discússio vénerit, atque ventúra ira.
Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Vix justus salvabitur; et ego miser, ubi parebo?

Quando cœli movéndi sunt et terra.

V/. Lux immarcescibilis, eripe me de tenebris, ne cadam in obscura poenarum incendia;

Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Plangent super se omnes tribus terrae;

Quando cœli movéndi sunt et terra.

Vox de coelis: O vos mortui qui jacetis in sepulcris, surgite et occurrite ad judicium Salvatoris;

Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Lauda anima mea, Dominum; laudabo Dominum in vita mea, et in carne mea videbo Deum.

Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Quando Deus filius Virginis Judicare saeculum venerit, dicet justus ad dextram positis: Accedite, dilecti filii, vobis dare regnum disposui. O felix vox! Felix promissio! Felix dator et felix datio!

Quando cœli movéndi sunt et terra.

V/. Post haec dicet ad laevam positis: Nescio vos, cultores criminis: vos decepit gloria saeculi; descendite ad ima barathri, cum Zabulon et suis ministris. O proh dolor! Quanta tristitia! Quantus luctus! Quanta suspiria!

Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

V/. Jam festinat Rex ad judicium, dies instat horrenda nimium; et quis erit nobis refugium? Nisi Mater Virgo, spes omnium, quae pro nobis exoret Filium. O Jesu rex, exaudi poscimus preces nostras, et salvi erimus.

Quando cœli movéndi sunt et terra.

V/. Creator omnium rerum Deus, qui me de limo terrae formasti, et mirabiliter proprio sanguine redemisti, corpusque meum, licet modo putrescat, de sepulcro facies in die judicii resuscitari; exaudi me, ut animam meam in sinu Abrahae patriarchae tui jubeas collocari;

Dum véneris iudicáre sǽculum per ignem.

 

R/. DELIVREZ-MOI, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable ;

* Quand les cieux et la terre seront ébranlés ;

* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/.Les Anges et les Archanges seront épouvantés : et les impies, où seront-ils i

* Quand les cieux et la terre seront ébranlés.

V/. Que dirai-je ? que ferai-je, moi malheureux, qui n’ai rien de bon à présenter devant un si grand juge ?

* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/. A peine le juste sera-t-il sauvé, et moi, infortuné, où serai-je ?

* Quand les cieux et la terre seront ébranlés.

V/. Lumière sans nuage , sauvez-moi des ténèbres ; empêchez que je ne tombe dans les flammes obscures de l’enfer ;

* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/. Toutes les nations de la terre pleureront sur elles-mêmes ;

* Quand les cieux et la terre seront ébranlés.

V/. Alors, une voix des cieux : O vous, morts qui êtes étendus dans les sépulcres, lÈvez-vous, et venez au jugement du Sauveur ;

* Lorsque vous viendrez, Seigneur, juger le siècle par le feu.

V/. O mon âme, loue le Seigneur ! Je louerai le Seigneur durant ma vie, et je mériterai de voir Dieu dans ma chair ;

* Lorsque vous viendrez, Seigneur, juger le siècle par le feu.

V/. Quand le Dieu, fils de la Vierge, viendra juger le monde, il dira aux justes placés à sa droite : Approchez, mes fils bien-aimés ; c’est à vous que j’ai résolu de donner mon Royaume. O heureuse parole ! heureuse promesse ! Heureux bienfaiteur ! heureux bienfait !

* Quand les cieux et la terre seront ébranlés.

V/. Ensuite, il dira à ceux qui seront à la gauche : Sectateurs du péché, je ne vous connais pas. La gloire du siècle vous a séduits : descendez au fond des enfers, avec le diable et ses ministres. O douleur ! ô tristesse ! ô deuil ! ô soupirs !

* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/. Déjà le Roi se prépare pour le jugement ; le jour affreux va éclater ; dans cette extrémité, quel sera notre refuge ? Nous n’en avons point d’autre que la Vierge Mère, l’espoir universel : qu’elle daigne pour nous supplier son fils ! O Roi Jésus ! exaucez nos prières, et nous serons sauvés ;

* Qua

V/. Créateur de toutes choses, ô Dieu ! qui m’avez formé du limon de la terre, et m’avez racheté de votre propre sang, par un admirable amour ; vous qui dÈvez, au jour du Jugement, faire sortir du sépulcre mon corps qui est à la veille de tomber en pourriture, exaucez-moi, exaucez-moi, et daignez ordonner que mon âme soit placée au sein du patriarche Abraham ;

* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

 

    PRIÈRE DE LA LITURGIE AMBROSIENNE.

        (Dans la troisième semaine de l’Avent.)

Omnipotens Christe, Fili Dei, in die Nativitatis tuae propitius ad salvandum in te populum veni: ut benignitate solita ab omni dubietate, et metu temporis nos jubeas liberari. Qui vivis et regnas, etc.

Christ tout-puissant, Fils de Dieu, venez, dans votre miséricorde, sauver votre peuple, au jour de votre Nativité, et daignez, avec votre bénignité accoutumée, nous délivrer de toute inquiétude et de toute crainte temporelle. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

 

LE MARDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Isaia Propheta Cap. XIV.

Prope est ut veniat tempus eius et dies eius non elongabuntur. Miserebitur enim Dominus Iacob et eliget adhuc de Israel et requiescere eos faciet super humum suam adiungetur advena ad eos et adhaerebit domui Iacob. Et tenebunt eos populi et adducent eos in locum suum et possidebit eos domus Israel super terram Domini in servos et ancillas et erunt capientes eos qui se ceperant et subicient exactores suos. Et erit in die illa cum requiem dederit tibi Deus a labore tuo et a concussione tua et a servitute dura qua ante servisti sumes parabolam istam contra regem Babylonis et dices: Quomodo cessavit exactor quievit tributum? Contrivit Dominus baculum impiorum virgam dominantium caedentem populos in indignatione plaga insanabili subicientem in furore Gentes persequentem crudeliter. Quomodo cecidisti de caelo Lucifer qui mane oriebaris? corruisti in terram, qui vulnerabas gentes : qui dicebas in corde tuo: in caelum conscendam ;super astra Dei exaltabo solium meum sedebo in monte testamenti in lateribus Aquilonis : ascendam super altitudinem nubium ero similis Altissimo. Verumtamen ad infernum detraheris in profundum laci.

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XIV.

    Le temps où il doit venir est proche, et les jours n’en sont pas éloignés. Car le Seigneur aura pitié de Jacob, et il choisira des hommes dans Israël, et il les fera demeurer paisiblement dans leur terre. L’étranger se joindra à eux et s’unira à la maison de Jacob. Et les peuples les prendront et les introduiront dans leur pays ; et la maison d’Israël aura ces peuples pour serviteurs et pour servantes dans la terre d’Israël. Ceux qui les avaient assujettis seront leurs captifs, et ils s’assujettiront ceux qui les avaient dominés. En ce jour-là, quand le Seigneur aura mis fin à tes travaux, à l’oppression et à la dure servitude que tu souffrais auparavant, tu entonneras ce Cantique contre le roi de Babylone. et tu diras : « Comment a disparu le tyran ? Comment a cessé le tribut qu’il nous imposait ? Le Seigneur a brisé le bâton des impies, la verge des dominateurs, qui, dans son indignation, frappait les peuples d’une plaie incurable, s’assujettissait les nations dans sa fureur, les persécutait avec a cruauté. Comment es-tu tombé du ciel, ô Lucifer ! toi qui te levais le matin avec tant d’éclat ? Tu as été renversé sur la terre, toi qui couvrais de plaies les nations ; qui disais dans ton cœur : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des astres de Dieu, je m’essayerai sur la montagne de l’alliance, aux côtés de l’aquilon ; je monterai au-dessus des nuées, je serai semblable au Très-Haut. Et te voilà précipité dans l’enfer, jusqu’au plus profond de ses abîmes. »

    

    Ta ruine est en effet consommée, ô Lucifer ! Tu refusas de t’abaisser devant Dieu et tu fus précipité. Ton orgueil ensuite cherchant à s’étourdir sur l’humiliation d’une chute si profonde, tu causas la ruine du genre humain, en haine de Dieu et de son œuvre. Tu réussis à inspirer au fils de la poussière ce même orgueil qui avait été cause de ta dégradation. Par toi, le péché entra dans ce monde, et par le péché la mort ; le genre humain semblait une proie dévouée à ta rage éternelle. Forcé de renoncer à tes espérances d’une royauté céleste, tu pensais du moins régner sur l’Enfer et dévorer la création à mesure qu’elle sortirait des mains de Dieu. Mais tu es vaincu aujourd’hui. Ton règne était dans l’orgueil ; à lui seul tu aurais dû ta cour et tes sujets ; or, voici que le souverain Seigneur de toutes choses vient saper ton empire par les fondements, en enseignant lui-même l’humilité à sa créature ; et il vient l’enseigner, non par des lois promulguées avec l’appareil éclatant du Sinaï, mais en la pratiquant lui-même sans bruit, cette divine humilité qui seule peut relÈver ceux qui sont tombés par la superbe. Tremble, Lucifer ! ton sceptre va se briser entre tes mains.

    Dans ta fierté, tu dédaignes cette humble et douce Vierge de Nazareth, qui garde silencieuse le mystère de ta ruine et de notre salut. Tu dédaignes par avance l’Enfant qu’elle porte dans son sein et qu’elle mettra bientôt au jour. Sache que Dieu ne le dédaigne pas ; car il est Dieu aussi, cet Enfant qui n’a pas vu le jour encore ; et un seul des actes d’adoration et de dévouement qu’il pratique à l’égard de son Père, au sein de Marie, apporte plus de gloire à la Divinité, que tout ton orgueil, croissant à jamais dans l’éternité, ne lui en pourrait ravir. Instruits désormais par les leçons d’un Dieu sur la puissance du grand remède de l’humilité, les hommes sauront y avoir recours. Au lieu de s’élÈver comme toi, dans un fol et criminel orgueil, ils s’abaisseront avec joie et amour ; et plus ils seront humbles, plus Dieu prendra plaisir à les élÈver ; plus ils se confesseront pauvres, plus il aimera à les rassasier. C’est la Vierge divine qui nous le dit dans son beau Cantique. Gloire à elle, si douce mère à ses enfants, et si terrible à toi, Lucifer ! qui te débats en vain sous son pied victorieux.

 

    PROSE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.

        (Composée au XI° siècle, et tirée des anciens Missels Romains-Français.)

    Regnantem sempiterna per saecla susceptura. Contio devote concrepa factori reddendo debita. Quem iubilant agmina caelica eius vultu exhilarata. Quem exspectant omnia terrea eius nutu examinanda. Districtum ad iudicia clementem in potentia. Tua nos salva Christe clementia propter quos passus es dira. Ad poli astra subleva nitida qui sorde tergis saecula. Influens salus vera effuga pericula. Omnia ut sint munda tribue pacifica. Ut hic tua salvi misericordia laeti regna post adeamus supera. Qui regnas saecula per infinita. Amen.

 

    Prêt à recevoir celui qui règne dans les siècles éternels,

    Peuple chrétien, chante-le dévotement, rends hommage à ton Créateur.

    C’est lui que bénissent avec jubilation les milices célestes, enivrées de sa vue

    C’est lui qu’attendent toutes les choses terrestres, pour comparaître devant lui,

    Sévère en ses jugements,

    Clément en sa puissance.

    O Christ ! sauvez-nous par votre clémence, vous qui souffrîtes pour nous une cruelle passion.

    SoulÈvez-nous jusqu’aux brillantes étoiles des cieux, vous qui effacez les souillures des siècles ;

    Rosée du ciel, Sauveur véritable, chassez nos périls ;

    Faites que tout soit pur, et donnez-nous la paix ;

Afin que, sauvés ici-bas par votre miséricorde, nous puissions, après cette vie, monter joyeux aux célestes royaumes :

    Vous qui régnez dans les siècles infinis. Amen.

 

    PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.

        (En la Messe de la Vigile de Noël.)

    Misericors ac piissime Deus, cujus voluntate ac munere Dominus noster Jesus Christus ad hoc se humiliavit, ut totum genus exaltaret humanum, et ideo ad ima descenderit, ut humilia sublimaret: ac propterea Deus homo nascitur per Virginem, ut in humone perditam coelestem reformaret imaginem: da ut plebs haec tibi adhaereat, ut quam redemisti tuo munere, tibi semper devota placeat servitute.

Dieu miséricordieux et clément, par la volonté et la munificence duquel Jésus-Christ notre Seigneur s’est humilié, pour élÈver le genre humain tout entier, et est descendu au plus bas pour exalter ce qui était misérable, en sorte que Dieu est né homme au moyen d’une Vierge, afin que la ressemblance céleste que l’homme avait perdue fût rétablie en lui ; faites que votre peuple s’attache à vous, et qu’après que vous l’avez racheté par votre bienfait, il vous soit toujours agréable par sa dévote servitude.

 

LE MERCREDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.

De Isaia Propheta Cap. XVI.

Emitte agnum, Domine, dominatorem terræ, de petra deserti ad montem filiæ Sion. Et erit: sicut avis fugiens,et pulli de nido avolantes,ic erunt filiæ Moab in transcensu Arnon. Ini consilium,coge concilium; pone quasi noctem umbram tuam meridie;absconde fugientes, et vagos ne prodas. Habitabunt apud te profugi mei; Moab, esto latibulum eorum a facie vastatoris:finitus est enim pulvis, consummatus est miser,defecit qui conculcabat terram. Et præparabitur in misericordia solium,et sedebit super illud in veritate, in tabernaculo David, judicans et quærens judicium,et velociter reddens quod justum est.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XVI.

    Envoyez, Seigneur, l’Agneau qui doit régner sur la terre ; qu’il s’élance de la pierre du désert jusqu’à la montagne de la fille de Sion : et comme l’oiseau qui s’enfuit, comme les petits qui s’envolent de leur nid, ainsi seront les filles de Moab au passage d’Arnon. Prends conseil, forme une assemblée, prépare en plein une ombre aussi noire que la nuit même ; cache les fuyards et ne trahis point les vagabonds ; ô Moab ! sois leur asile, devant la face du tyran. Mais la poussière se dissipe, le misérable n’est plus ; celui qui foulait la terre a disparu. Un trône sera préparé dans la miséricorde, et l’Agneau Dominateur s’asseyera dessus dans la vérité, sous la tente de David ; il jugera et cherchera l’équité, et il rendra promptement ce qui est juste.

    

    Seigneur, envoyez-nous l’Agneau ; « c’est l’Agneau qu’il nous faut, et non le Lion, s’écrie Pierre de Celles dans son IIIe Sermon de l’Avent, l’Agneau qui ne s’irrite point, et dont la mansuétude ne se trouble jamais ; l’Agneau qui nous donnera sa laine blanche comme la neige pour réchauffer ce qui en nous est froid, pour couvrir ce qui en nous est nu ; l’Agneau qui nous donnera sa chair à manger, de peur que nous ne périssions de faiblesse dans le chemin. Envoyez-le plein de sagesse, car dans sa divine prudence il vaincra l’esprit superbe ; envoyez-le plein de force, car il est dit que le Seigneur est fort et puissant dans le combat ; envoyez-le plein de douceur, car il descendra comme la rosée sur la toison ; envoyez-le comme une vie-ci time, car il doit être vendu et immolé pour notre rachat ; envoyez-le, non pour exterminer les o pécheurs, car il doit venir les appeler, et non les justes ; envoyez-le enfin digne de recevoir la puissance et la divinité, digne de délier les sept sceaux du livre scellé, savoir l’ineffable mystère de l’Incarnation. » Vous êtes donc Roi, divin Agneau ! Vous êtes, dès le sein de votre Mère, le souverain Dominateur. Ce sein virginal est un trône de miséricorde sur lequel vous siégez dans l’humilité, prêt à nous rendre justice et à confondre notre cruel ennemi. O Roi chéri ! si nos yeux ne vous aperçoivent pas encore, notre cœur vous a senti. Il sait que c’est pour lui que vous revêtez une si étonnante royauté. Laissez-le s’approcher de vous, et vous rendre foi et hommage, pendant que le nuage vous voile encore. Bientôt les bras de Marie seront un second trône pour votre Majesté, et toute la terre verra le Salut qui lui est envoyé.

 

    HYMNE TIRÉE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS,

        ( Au 20 décembre.)

Spelunca, parare; Agna enim venit foetum gerens Christum: recipe, praesepium, ilium qui nos terrigenas verbo solvit ineffabili modo: pastores de nocte vigilantes, prodigiosum confitemini miraculum; magique e Perside aurum, thus et myrrham Regi afferte: quia visus est e Virgine matre Dominus, quem et ipsa prona servili modo, mater adoravit et ei quem in brachiis suis tenebat dixit: Quomodo in me inseminatus es: vel quomodo in me ingeneratus es, Salvator meus et Deus?

Audi coelum, et intellige terra; ecce enim Filius Verbumque Dei Patris progreditur ad nascendum ex Virgine, inexperta virum, sine dolore ilium pariente et virtute Spiritus sancti. Bethlehem parare: aperi januam, Eden, nam qui Est fit qui non erat, et plasturgus omnis creaturae plasmatur ipse, afferens mundo magnam misericordiam.

Natura immense, Christe Rex, quomodo parva te recipiet spelunca? Quomodo praesepe te poterit continere, Jesu, ex Matre nesciente virum, advena factus in propria, ut hospites ipse salves?

Novum facta coelum, Domina, e vulva tua, sicut e nebula Christum solem gloriae oriri facere festines in spelunca carnaliter, omnes terrae fines suis splendoribus fulgentissime irradiaturum, per incommensurabilem misericordiam.

Noscis nostrum dolorem et miseriam, misericors Christe, et nos non despicis; sed exinanis temetipsum, non adhuc egressus ex tua genitrice; tabernaculumque figens in matrice nuptinescia, quae sine dolore te pariet in spelunca care factum.

Montes et colles, valles et campi, populi et tribus, gentes ac omnis spiritus, alalagmum
agite; laetitiae divina venit plenitudo, omnium advenit redemptio, Verbum Dei tempora nesciens per misericordiam factum sub tempore.

Vitis divina incorruptam maturitate nigrescere faciens uvam, appropinquat: paritura venit laetitiae vinum scaturiens et nos bibere faciens ipsi canentes: Deus noster, benedictus es!

Myrotheca divina, intus myrum ferens graditur, ut in spelunca Bethlehem effundat illud a quo mystico replentur odore canentes: Deus patrum, benedictus es!

Forceps quam olim vidit Isaias propheta, divinum carbonem Christum in utero geris omnem materiam peccati comburentem, fideliumque animas illuminantem.

Finem habuerunt prophetarum praeconia; quem enim praenuntiarunt in temporis plenitudine venturum, adest, apparet casta ex Virgine corporatus; ilium puris mentibus excipiamus.

 

Grotte, prépare-toi : voici venir la Brebis qui porte le Christ en son sein ; Crèche, reçois celui qui d’une parole ineffable nous délivre, nous enfants de la terre ; Bergers, qui veillez la nuit, publiez le prodige ; Mages, accourez de la Perse, apportez au Roi l’or, l’encens et la myrrhe ; car le Seigneur est apparu, né d’une Vierge-mère qui s’abaisse comme une humble servante, toute mère qu’elle est, l’adore et dit, le tenant en ses bras : Comment as-tu été produit, comment as-tu été engendré dans mes entrailles, mon Sauveur et mon Dieu ?

Écoute, ô ciel ! terre, prête l’oreille ; car voici le Fils et le Verbe du Dieu Père, qui s’avance pour naître d’une Vierge qui n’a pas connu l’homme, et qui enfante sans douleur par la vertu du Saint-Esprit. Bethléhem, prépare-toi ; Éden, ouvre tes portes : Celui qui Est devient celui qui n’était pas ; celui qui du limon forma toute créature reçoit lui-même une forme, apportant au monde une grande miséricorde.

Nature immense, Christ Roi, comment pourra vous recevoir une chétive étable ? comment la crèche vous pourra-t-elle contenir, ô Jésus ! fils d’une mère intacte,qui vous êtes fait étranger dans votre propre domaine, pour sauver ceux qui vous donneraient l’hospitalité !

Auguste Princesse, nouveau ciel, de votre sein, ainsi que d’un nuage, hâtez-vous de faire sortir le Christ, Soleil de gloire : que dans la grotte il apparaisse avec notre chair, et répande jusqu’aux extrémités du monde le vif éclat de ses splendeurs par une immense miséricorde.

Vous savez nos douleurs et nos misères, ô Christ débonnaire ! et vous ne nous dédaignez pas ; mais vous vous anéantissez avant même de sortir de votre mère, fixant votre demeure au sein virginal de celle qui, dans la grotte, vous enfantera sans douleur, revêtu de notre chair.

Monts et collines, vallées et plaines, peuples et tribus, nations de la terre et tout ce qui respire, poussez des cris de victoire : voici venir la plénitude de joie divine, la Rédemption de tous approche, le Verbe de Dieu qui ne connaît point de temps, soumis au temps par sa miséricorde.

Elle approche, la vigne céleste sur laquelle a mûri la grappe incorruptible ; elle vient enfanter le vin d’allégresse qui, comme une vive, source , étanchera notre soif, à nous qui lui chanterons : Vous êtes béni, ô notre Dieu !

Le vase de divins parfums qui renferme le parfum d’excellence, s’avance pour répandre en la grotte de Bethléem celui qui remplit de sa mystique odeur ceux qui lui chantent :Vous êtes béni, ô le Dieu de nos pères !

Marie , vous êtes semblable a l’instrument que vit autrefois Isaïe entre les mains de l’Ange : comme lui vous portez en vous le divin charbon, le Christ qui consume toute matière de péché et illumine les âmes des fidèles.

Les chants des Prophètes ont cessé : car Celui qu’ils ont annonce devoir venir en la plénitude des temps, va paraître ; il est présent, ayant pris un corps dans la chaste Vierge : allons le recevoir avec des cœurs purs.

 

    PRIERE DU MISSEL MOZARABE.

        (Au second Dimanche de l’Avent.)

    Jucundatur, Domine, et tripudiat terra; quia Verbum caro factum habitat in sacrae; Virginia membra. In cujus adventu omnis de captivitate redimitur terra; quae detinebatur per transgressionem Adae in obscurata gehenna. Nunc moveatur mare, et omnia quae; in eo sunt; montes exsultent et omnia ligna silvarum; quia Deus homo dignatur, per uterum beate Virginis Mariae de coelo in mundum venire. Per ipsius igitur adventum te deprecamur, omnipotens Deus, ut nostrae carnis fragilitatem a vinculis peccatorum absolvas, et praesenti familiae tuae misericordia plenus occurras.

 

    Seigneur, la terre est dans la joie, et tressaille de plaisir ; car le Verbe fait chair habite dans le sein de la Vierge sacrée. A son avènement, la terre entière est affranchie de la captivité, après avoir été si longtemps captive dans une noire prison, par suite de la transgression d’Adam. Que maintenant la mer s’ébranle et tous les êtres qu’elle renferme ; que les montagnes bondissent ; que les arbres des forêts soient dans la jubilation ; car Dieu, se faisant homme, daigne venir du ciel en ce monde, en passant par le sein de la bienheureuse Vierge Marie. Nous vous supplions donc, ô Dieu tout-puissant ! d’affranchir des liens du péché la fragilité de notre chair et de recevoir avec miséricorde votre famille ici présente qui vient à vous.

 

LE JEUDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.        

De Isaia Propheta Cap. XIX

Onus Ægypti. Ecce Dominus ascendet super nubem lÈvem, et ingredietur Ægyptum, et commovebuntur simulacra Ægypti a facie ejus, et cor Ægypti tabescet in medio ejus, et concurrere faciam Ægyptios adversus Ægyptios; et pugnabit vir contra fratrem suum, et vir contra amicum suum, civitas adversus civitatem, regnum adversus regnum.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XIX.

    Prophétie contre l’Égypte. Voici que le Seigneur montera sur un nuage léger, et il entrera dans l’Égypte, et devant sa face les idoles de l’Égypte seront ébranlées, et le cœur de l’Égypte se desséchera au milieu d’elle ; et je ferai que les Égyptiens s’élèveront contre les Égyptiens, et le frère combattra contre le frère, l’ami contre l’ami, la cité contre la cité, le royaume contre le royaume.

    

    Cette Égypte que le Seigneur vient visiter, dont il va renverser les idoles et boulÈverser l’empire, est la Cité de Satan qui doit crouler et faire place à la Cité de Dieu. Admirons l’entrée pacifique du triomphateur ; c’est sur un nuage, et sur un nuage léger, qu’il monte en guise de char. Que de mystères en peu de mots ! « Il y a trois nuages, dit Pierre de Blois dans son IIe Sermon de l’Avent : l’obscurité des Prophéties, la profondeur des divins Conseils, la merveilleuse fécondité de la Vierge. » En effet, il est de l’essence de toute Prophétie d’être enveloppée d’une certaine obscurité, afin que la liberté des hommes demeure intacte ; mais le Seigneur arrive sous le nuage, et le jour de l’accomplissement révèle toutes choses. Ainsi en fut-il du premier Avènement ; ainsi en sera-t-il du second. Les desseins de Dieu ne se rendant visibles pour l’ordinaire que dans les causes secondes, il arrive presque toujours, et il arriva en particulier dans le grand événement de l’Incarnation, que l’extrême simplicité des moyens employés parla Sagesse divine trompa la prévoyance des hommes. Ils auraient cru volontiers que, pour rétablir le monde tombé, il serait besoin d’un déploiement de puissance égal au moins à celui de la première création ; et on leur dit simplement : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. O toute-puissance de Dieu, que vous reluisez admirablement à travers ce nuage ! que vous êtes forte dans cette apparente faiblesse ! Mais le troisième nuage est la Vierge Marie ; nuage léger ; « car, dit saint Jérôme, ni la concupiscence, ni le fardeau du mariage terrestre, ne l’appesantissent » ; nuage fécond en rosée rafraîchissante, puisqu’il contient le Juste qui doit pleuvoir sur nous pour éteindre nos ardeurs sensuelles et fertiliser le champ de notre vie. Qu’il est doux l’éclat de la majesté de notre divin Roi, quand nous le contemplons à travers le nuage de Marie ! O Vierge incomparable ! toute l’Église vous reconnaît dans ce nuage mystérieux que, des sommets du Carmel, le prophète Élie aperçut s’élevant de la mer, petit d’abord comme le pas d’un homme, mais bientôt montant à l’horizon, et envoyant sur la terre une pluie si abondante, qu’elle suffit à désaltérer tout Israël. Donnez-nous bientôt cette rosée divine qui est en vous ; nos péchés ont rendu le ciel d’airain sur notre tête : vous seule êtes juste et pure, ô Marie ! Priez le Seigneur, dont vous êtes le Trône miséricordieux, de venir bientôt terrasser nos ennemis et nous apporter la paix.

    HYMNE DE L’AVENT.

    (Bréviaire Mozarabe, au Ier Dimanche de l’Avent.)

Cunctorum rex omnipotens, Mundum salvare veniens, Formam assumpsit corporis Nostrae similitudinis.
Qui regnat cum Altissimo, Virginis intrat uterum, Nasciturus in corpore, Mortis vincla disrumpere.
Gentes erant in tenebris: Videbunt lumen fulgoris, Cum Salvator advenerit Redimere quos condidit.

Quem olim vatum praescia Cecinerunt oracula, Nunc veniet in gloria, Nostra ut curet vulnera.

Laetemur nunc in Domino, Simul in Dei Filio, Parati eum suscipere Adventus sui gloria.
Amen.

 

Le tout-puissant Roi de toutes choses venant sauver le monde, a pris un corps formé à notre ressemblance.

Celui qui règne avec le Très-Haut entre au sein d’une Vierge, pour naître dans la chair et briser les liens de la mort.

Les nations étaient dans les ténèbres ; elles verront l’éclat de la lumière, quand le Sauveur sera venu racheter ceux qu’il a créés.

Celui que les Prophètes ont chanté dans leurs oracles sur l’avenir, le voici qui vient entouré de gloire : c’est pour guérir nos plaies.

Réjouissons-nous maintenant dans le Seigneur, réjouissons-nous ensemble dans le Fils de Dieu, nous préparant à le recevoir , dans la gloire de son Avènement. Amen.

 

    PRIÈRE DU BRÉVIAIRE AMBROSIEN.

        (Au VI° Dimanche de l’Avent, Préface.)

    Vere dignum et justum est, aequum et salutare: nos tibi, Domine Deus omnipotens, gratias agere: et cum tuae invocatione virtutis, beatae Marie Virginis festa celebrare: de cujus ventre fructus effloruit, qui Panis angelici munere nos replevit. Quod Eva voravit in crimine, Maria restituit in salute. Distat opus serpentis et Virginis. Inde fusa sunt venena discriminis: hinc egressa mysteria Salvatoris. Inde se praebuit tentantis iniquitas: hinc Redemptoris est opitulata majestas. Inde partus occubuit; hinc Conditor resurrexit, a quo humana natura, non jam captiva, sed libera restituitur. Quod Adam perdidit in parente, Christo recepit auctore.

 

    C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire de vous rendre grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, et de joindre à l’invocation de votre force la mémoire solennelle de la bienheureuse Vierge Marie ; c’est elle dont les entrailles ont produit ce Fruit qui a daigné nous rassasier du Pain des Anges. Ève avait dévoré un fruit dans sa désobéissance ; Marie nous a rendu un Fruit de salut. Bien différente est l’œuvre du serpent de celle de la Vierge. L’un a versé les poisons qui nous ont mis en péril ; de l’autre sont sortis les mystères du Sauveur. D’un côté a paru l’iniquité du tentateur ; de l’autre, la Majesté du Rédempteur est venue au secours. Rédempteur, il est né, et il a connu la mort ; Créateur, il est ressuscité ; et par lui l’humaine nature a vu cesser son esclavage et a recouvré sa liberté, retrouvant dans le Christ, son créateur , ce qu’elle avait perdu en Adam, son premier père.

 

LE VENDREDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.        

De Isaia Propheta Cap. XXIV

Ecce Dominus dissipabit terram: et nudabit eam, et affliget faciem ejus, et disperget habitatores ejus. Et erit sicut populus, sic sacerdos; et sicut servus, sic dominus ejus; sicut ancilla, sic domina ejus; sicut emens, sic ille qui vendit; sicut fœnerator, sic is qui mutuum accipit; sicut qui repetit, sic qui debet. Dissipatione dissipabitur terra, et direptione prædabitur; Dominus enim locutus est verbum hoc. Luxit, et defluxit terra, et infirmata est; defluxit orbis, infirmata est altitudo populi terræ. Et terra infecta est ab habitatoribus suis, quia transgressi sunt leges, mutaverunt jus, dissipaverunt fœdus sempiternum. Propter hoc maledictio vorabit terram, et peccabunt habitatores ejus;ideoque insanient cultores ejus, et relinquentur homines pauci. Luxit vindemia, infirmata est vitis, ingemuerunt omnes qui lætabantur corde; cessavit gaudium tympanorum, quievit sonitus lætantium, conticuit dulcedo citharæ. Cum cantico non bibent vinum; amara erit potio bibentibus illam. Attrita est civitas vanitatis, clausa est omnis domus, nullo introëunte. Clamor erit super vino in plateis,deserta est omnia lætitia, translatum est gaudium terræ. Relicta est in urbe solitudo,et calamitas opprimet portas. Quia hæc erunt in medio terræ in medio populorum,quomodo si paucæ olivæ quæ remanserunt excutiantur ex olea et racemi,cum fuerit finita vindemia. Hi levabunt vocem suam, atque laudabunt: cum glorificatus fuerit Dominus, hinnient de mari. Propter hoc in doctrinis glorificate Dominum; in insulis maris nomen Domini Dei Israël. A finibus terræ laudes audivimus, gloriam Justi.

 

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXIV.

    Voici que le Seigneur rendra déserte la terre : il la dépouillera, il en désolera la face, et il en dispersera les habitants. Et alors le prêtre sera comme le peuple ; le seigneur comme l’esclave ; la maîtresse comme la servante ; celui qui vend comme celui qui achète ; celui qui prête comme celui qui emprunte ; celui qui redemande ce qu’il a prêté comme le débiteur. La terre sera boulÈversée et livrée au pillage ; car c’est le Seigneur qui a parlé. La terre a pleuré, elle s’est fondue,elle est tombée en défaillance. L’univers s’est dissous ; la grandeur des peuples est tombée en décadence. Et la terre a été infectée par ses habitants : car ils ont transgressé les lois, changé le droit, rompu l’alliance éternelle. A cause de cela, la malédiction dévorera la terre ; ceux qui l’habitent s’abandonneront au péché ; ceux qui la cultivent seront insensés ; et il n’y demeurera qu’un petit nombre d’hommes. Le vin a pleuré, la vigne a langui ; ils ont gémi, tous ceux qui avaient la joie dans le cœur. L’allégresse des tambours a cessé, le bruit des réjouissances s’est reposé, la douceur de la harpe s’est tue. Ils ne boivent plus de vin en chantant : amer sera le breuvage à ceux qui le boivent : la cité du faste a été brisée : toutes ses maisons sont fermées : et personne n’y entre plus. Il y aura un cri dans les rues, parce qu’il n’y a plus de vin : tout divertissement est abandonné ; la joie est bannie de la terre. La solitude est dans la ville, et la calamité en a brisé les portes. Et voilà ce qui restera au milieu de la terre , au milieu des peuples : il y aura comme quelques olives qui demeurent sur l’olivier, après qu’on l’a secoué, et encore, comme quelques grappes, après que la vendange est finie. Ceux-là élèveront leurs voix et ils chanteront des cantiques de louanges ; ils jetteront de grands cris de dessus la mer, quand le Seigneur aura été glorifié. C’est pourquoi, glorifiez le Seigneur selon la science : célébrez le Nom du Seigneur Dieu d’Israël dans les îles de la mer. Nous avons entendu des extrémités de la terre des louanges : elles célébraient la gloire du Juste.

 

    Ainsi était désolée la terre au jour où le Messie la vint délivrer et sauver. Les vérités étaient si fort diminuées chez les enfants des hommes, que le genre humain penchait à sa ruine. La connaissance du vrai Dieu allait s’obscurcissant de plus en plus ; l’idolâtrie embrassait toute la création dans les objets de son culte adultère ; une morale hideuse était la conséquence d’une si grossière religion ; l’homme était sans cesse armé contre l’homme ; et l’ordre social n’avait d’autres garanties que l’esclavage et l’extermination. Au milieu de tant de peuples, on avait peine à trouver quelques hommes qui cherchassent Dieu ; ils étaient rares sur la terre, comme les olives oubliées sur l’arbre après la récolte, comme les grappes que le vendangeur néglige sur le cep ; tels furent, dans le Judaïsme, ces vrais Israélites que le Sauveur prit pour disciples, et tels, dans la Gentilité, les Mages qui vinrent d’Orient demander le Roi nouveau-né, et plus tard Corneille le Centurion que l’Ange du Seigneur envoya vers saint Pierre. Mais avec quelle fidélité et quelle joie ils reconnurent le Dieu incarné ! Quels cris d’allégresse ils firent éclater, quand ils connurent qu’ils avaient été réservés pour voir de leurs yeux le Sauveur promis !

    Or, tout ceci se renouvellera à l’approche des jours où le Messie devra reparaître. La terre sera désolée de nouveau, la race humaine sera dans l’abaissement. Les hommes corrompront encore leurs voies, et avec une malice d’autant plus grande, que le Verbe dévie aura lui à leurs yeux. Cependant, une grande tristesse, une impuissance de vivre saisira les nations ; elles se sentiront vieillir avec la terre qui les porte ; et il ne leur viendra pas en pensée que les destinées du monde    touchent à leur fin. Il y aura de grands scandales : les Étoiles du ciel, c’est-à-dire plusieurs de ceux qui étaient Docteurs en Israël, feront défaut, et leur lumière se changera en ténèbres. Il y aura des jours d’épreuve, et la foi diminuera ; en sorte qu’au moment où le Fils de l’homme paraîtra, il aura peine à en trouver encore sur la terre. Gardez-nous, Seigneur, de voir ces jours de tentation, ou fortifiez dans nos cœurs la docilité envers votre sainte Église, qui sera le seul fanal de vos fidèles au milieu d’une si éclatante défection. Donnez-nous, ô Sauveur ! d’être du nombre de ces olives choisies, de ces grappes de prédilection par lesquelles vous compléterez l’heureuse récolte qui doit remplir vos celliers durant l’éternité. Gardez en nous le dépôt de la foi que vous y avez placé ; que le contact des nouveautés ne l’altère point ; que notre œil soit toujours fixé vers cet Orient que nous indique la sainte Église, et où vous paraîtrez tout d’un coup avec gloire. A l’aspect de votre triomphe, nous pousserons des cris d’allégresse, et bientôt, semblables à des aigles qui se rassemblent autour d’une proie, nous volerons au-devant de vous à travers les airs, comme parle votre Apôtre ; et nous serons toujours avec vous. (I Thess. IV, 16.) C’est alors qu’on entendra retentir la gloire du Juste jusqu’aux extrémités de cette terre qu’il vous plaira de conserver, jusqu’à ce que les arrêts de votre miséricorde et ceux de votre justice aient reçu leur pleine exécution. O Jésus ! sauvez l’œuvre de vos mains, et soyez-nous propice en ce grand jour.

    

HYMNE DE L’AVENT.

(Bréviaire Mozarabe, en la IIe Semaine de l’Avent.)

A Patre, Unigenite, ad nos venis per Virginem, baptismi rore consecrans, cunctos fide regenerans.

De coelo celsus prodiens, excepit formam hominis, victor a morte rediens, gaudia vitae largiens.

Hoc te, Redemptor, quaesumus, illabere propitius, clarumque nostris cordibus lumen praebe deificum.

Deo Patri sit gloria ejusque soli Filio cum Spiritu Paraclito, in sempiterna saecula. Amen.

 

Fils unique du Père, vous descendez à nous par la Vierge, pour nous bénir de la rosée baptismale, et nous régénérer tous par la foi.

Parti des hauteurs du ciel, un Dieu a pris la forme d’un homme, pour retourner ensuite, vainqueur de la mort, en nous laissant les joies d’une vie nouvelle.

C’est pourquoi nous vous prions, ô Rédempteur ! Descendez dans votre miséricorde, et répandez en nos cœurs les clartés de la lumière déifiante.

Gloire soit à Dieu le Père, à son Fils unique, et à l’Esprit consolateur, dans les siècles éternels. Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL GALLICAN.

    (In Adventu Domini, Collecta.)

    Animae nostrae, quaesumus omnipotens Deus, hoc potiantur desiderio; ut a tuo Spiritu inflammentur, ut sicut lampades divino munere satiati, ante conspectum venientis Christi Filii tui velut clara lumina fulgeamus.

    Dieu tout-puissant, daignez faire que nos âmes soient enflammées de votre Esprit , suivant le désir qu’elles en ont ; afin que, rassasiés du don céleste, nous puissions, comme des lampes brillantes, luire en présence de Jésus-Christ votre Fils , qui va bientôt paraître.

 

LE SAMEDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Regem venturum Dominum, venite, adoremus.    

De Isaia Propheta Cap.XXV.

Domine, Deus meus es tu; exaltabo te, et confitebor nomini tuo: quoniam fecisti mirabilia, cogitationes antiquas fideles. Amen. Quia posuisti civitatem in tumulum, urbem fortem in ruinam, domum alienorum: ut non sit civitas, et in sempiternum non ædificetur. Super hoc laudabit te populus fortis; civitas gentium robustarum timebit te: quia factus es fortitudo pauperi, fortitudo egeno in tribulatione sua, spes a turbine, umbraculum ab æstu; Et faciet Dominus exercituum omnibus populis in monte hoc convivium pinguium, convivium vindemiæ, pinguium medullatorum, vindemiæ defæcatæ. Et præcipitabit in monte isto faciem vinculi colligati super omnes populos,et telam quam orditus est super omnes nationes. Præcipitabit mortem in sempiternum; et auferet Dominus Deus lacrimam ab omni facie, et opprobrium populi sui auferet de universa terra: quia Dominus locutus est. Et dicet in die illa: Ecce Deus noster iste; exspectavimus eum, et salvabit nos; iste Dominus, sustinuimus eum: exsultabimus, et lætabimur in salutari ejus.

Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXV.

    Seigneur, vous êtes mon Dieu : je vous exalterai et je confesserai votre Nom ; parce que vous avez fait des choses merveilleuses, et rempli avec fidélité vos antiques desseins. Amen. Car vous avez réduit toute une ville en un tombeau ; cette ville si forte n’est plus qu’une ruine, la demeure des étrangers ; elle ne sera plus ville, et on ne la rebâtira jamais. C’est pourquoi un peuple puissant vous louera ; la cité des nations robustes vous craindra : car vous êtes dÈvenu la force de l’indigent dans sa tribulation, l’espoir dans la tempête, l’ombrage contre la chaleur. Et le Seigneur des armées fera à tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes délicieuses, un festin de vins exquis, de viandes pleines de suc et de moelle, d’un vin pur sans aucune lie. Et il brisera sur cette montagne la chaîne qui était serrée sur tous les peuples, et la toile que l’ennemi avait ourdie sur toutes les nations. Il précipitera la mort à jamais ; et le Seigneur Dieu séchera les larmes de tous les yeux, et il effacera l’opprobre de son peuple de dessus la terre : car c’est le Seigneur qui a parlé. Et son peuple dira en ce jour-là : C’est là vraiment celui qui est notre Dieu ; nous l’avons attendu, et il nous sauvera : il est le Seigneur ; nous avons supporté ses délais ; nous tressaillerons et nous nous réjouirons dans le Salut qu’il vient opérer.

 

    Encore un peu de temps, et le triomphateur de la mort va paraître, et nous dirons, dans la joie de notre cœur : C’est là notre Dieu ; nous l’avons attendu, et il nous sauvera ; nous avons supporté ses délais, et nous nous réjouirons maintenant dans le Salut qu’il vient opérer. Préparons donc la voie du Seigneur, pour le recevoir dignement ; et dans cette œuvre de préparation, aidons-nous du secours de Marie. Ce jour du samedi lui est consacre ; elle nous y accordera d’autant plus volontiers sa faveur. Considérons-la pleine de grâce, portant en elle celui que nous désirons aussi porter en nous. Si nous lui demandons par quel moyen elle a pu se rendre digne d’une si haute distinction, elle nous dira qu’en elle a été simplement accomplie la Prophétie que l’Église redit plusieurs fois au temps de l’Avent : Toute vallée sera remplie. L’humble Marie a été la vallée bénie du Seigneur ; vallée fraîche et fertile, en laquelle Dieu a semé le divin froment, Jésus notre Sauveur : car il est écrit dans le Psaume que les vallées seront abondantes en froment (LXXIV, 14). O Marie ! c’est par votre humilité que vous avez attiré les regards de votre Créateur. Si, du haut du ciel où il habite, il eût aperçu une vierge plus humble dans son amour, il l’eût choisie de préférence à vous : mais vous avez ravi son cœur, ô divine vallée toujours verdoyante et émaillée de la fleur des vertus ! Que ferons-nous, pécheurs, collines altières ? Il nous faut nous abaisser, par amour et par reconnaissance, devant le Dieu qui s’abaisse lui-même. Marie, obtenez-nous cette grâce. Faites que nous disions désormais à toutes les volontés du Seigneur notre Dieu ce que vous avez dit vous-même : Nous sommes les serviteurs du Seigneur ; qu’il nous soit fait selon son bon plaisir.

 

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.

(Tirée du Missel de Cluny de 1523.)

MISSUS Gabriel de coelis, Verbi bajulus fidelis, Sacris disserit loquelis Cum beata Virgine.

Verbum bonum et suave Pandit intus in conclave Et ex Eva format Ave, Evae verso nomine. Consequenter, juxta pactum, Adest Verbum caro factum : Semper tamen est intactum Puellare gremium.

Patrem pariens ignorat,Et, quam homo non deflorat, Non torquetur, nec laborat, Quando parit filium.

Signum audis novitatis, Crede solum, et est satis : Non est nostrae facultatis Solvere corrigiam.

Grande signum et insigne Est in rubo et in igne, Ne appropiet indigne Calceatus quispiam.

Virga sicca sine rore Novo ritu, novo more, Fructum protulit cum flore : Sicque virgo peperit. Benedictus talis fructus, Fructus gaudii, non luctus ! Non erit Adam seductus Si de hoc gustaverit.

Jesus noster, Jesus bonus, Piae matris pium onus, cujus est in coelo thronus, nascitur in stabulo.

Qui sic est pro nobis natus nostros deleat reatus quia noster incolatus hic est in periculo. Amen.

 

Gabriel, envoyé des cieux, fidèle messager de la parole, converse en un saint langage avec la Vierge bienheureuse.

Sa parole bonne et suave se répand en la sainte demeure : et le nom d’Eva, se changeant sur ses lèvres, devient Ave, Salut !

Donc, selon le pacte nouveau, voici que le Verbe se fait chair ; mais toujours demeure intact le sein pudique de la Vierge.

Celle qui enfante n’a point vu le père ; et sans que l’homme l’ait ternie, sans souffrance et sans labeur, elle met au jour un fils.

Écoute : c’est un signe nouveau ; crois seulement, et c’est assez ; il n’est pas de notre faiblesse de percer un si profond mystère.

C’est un signe grand et sublime ; c’est le prodige du buisson enflammé ; que nul indigne n’en approche sans déposer sa chaussure.

C’est la verge stérile, qui, sans rosée, d’une façon nouvelle et inouïe, a produit le fruit avec la fleur. Ainsi enfanta la Vierge.

Béni est un fruit si doux ; fruit de joie et non de deuil ; non, Adam ne sera pas séduit, s’il ose le porter à sa bouche.

Notre Jésus, le bon Jésus, pieux fardeau d’une Mère si tendre, Jésus, qui dans le ciel a son trône, va naître dans une étable.

C’est pour nous qu’il prendra naissance ; qu il daigne effacer nos péchés ; car notre pèlerinage s’écoule parmi les périls. Amen.

    

PRIERE DU BREVIAIRE MOZARABE.

        (Au Vendredi de la troisième Semaine de l’Avent.)

Quis poterit, Deus Dei Filius, scrutari vias tuas? Vel quibus aditibus nasciturus ad Virginem veneris? Vel quibus semitis ad superna regressus est? Et ideo, quia tu solus cuncta considerans es, cujus Nomen supra terrae terminos permanet; da nobis, illa de te semper considerare et dicere, quae culpae careant lege: ut, qui excelsus in fortitudine veniens humilia respicis, dignos facias nos muneribus tuis. Amen.

    Qui pourra, ô Fils de Dieu, scruter vos voies ? dire les sentiers par lesquels vous êtes entré dans la Vierge de laquelle vous dÈvez naître, et ceux par lesquels vous remonterez au ciel ? Mais parce que vous seul connaissez toutes choses, vous dont le Nom demeure au-dessus des bornes de l’univers : donnez-nous de toujours concevoir et dire à votre sujet des choses exemptes d’erreur ; afin que vous qui descendez des sommets de votre force, pour secourir ce qu’il y a de plus humble, vous nous rendiez dignes de vos bienfaits. Amen.

 

LE TROISIÈME DIMANCHE DE L’AVENT.

 

    La joie de l’Église s’accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu’il approche, et elle croit pouvoir tempérer l’austérité de cette carrière de pénitence par l’innocente allégresse des pompes religieuses. D’abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l’orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l’Évêque assiste, paré de la mitre précieuse. Admirable condescendance de l’Église, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd’hui, à cause de l’approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu’il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore.

    La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l’asile universel du peuple chrétien ; il convient qu’il soit témoin des joies comme des tristesses de l’Église.

     L’Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l’Église ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d’allégresse ; tous les jours, jusqu’à la Vigile de Noël, elle ouvre

les Nocturnes par ces grandes paroles :

Prope est jam Dominus : venite, adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le

 

    Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Église :

De Isaia Propheta. Cap. xxvi.

In die illa cantabitur canticum istud in terra Juda: Urbs fortitudinis nostrae Sion; Salvator ponetur in ea murus et antemurale. Aperite portas, et ingrediatur gens justa, custodiens veritatem. Vetus error abiit, servabis pacem; pacem, quia in te speravimus. Sperastis in Domino in saeculis aeternis: in Domino Deo forti in perpetuum. Quia incurvabit habitantes in excelso, civitatem sublimem humiliabit. Humiliabit eam usque ad terram, detrahet eam usque ad pulverem. Conculcabit campes; pedes pauperis, gressus egenorum. Semita justi recta est, rectus callis justi ad ambulandum. Et in semita judiciorum tuorum, Domine, sustinuimus te nomen tuum, et memoriale tuum in desiderio animae. Anima mea desideravit te in nocte: sed et spiritu meo in praecordiis meis, de mane vigilabo ad te.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXVI.

    En ce jour-là on chantera ce cantique en la terre de Juda : Sion est la ville de notre force : le Sauveur en sera la muraille et le rempart. Ouvrez les portes et qu’un peuple juste y entre, un peuple observateur de la vérité. L’erreur ancienne est passée : vous nous conserverez la paix ; la paix, car nous avons espéré en vous. Vous avez mis à jamais votre espérance dans le Seigneur, dans le Seigneur Dieu, toujours invincible ; car il abaissera ceux qui sont dans l’élévation, il humiliera la cité superbe. Il l’humiliera jusqu’en terre, il la fera descendre jusqu’à la poussière. Le pied la foulera, le pied des pauvres, le pas de l’indigent. Le sentier du juste est droit, le chemin où il marche est sans détour : aussi nous vous avons attendu, Seigneur, dans le sentier de votre justice ; votre Nom et votre souvenir sont les délices de l’âme. Mon âme vous a désiré pendant la nuit, et je m’Èveillerai vers le point du jour, pour m’occuper de vous dans mon esprit et dans mon cœur.

 

    O sainte Église Romaine, Cité de notre force ! nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t’éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c’est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d’enceinte ; car c’est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c’est par lui que les puissances de l’enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s’oppose à la foi finir bientôt, et la paix s’étendre sur tout le troupeau ! O sainte Église Romaine ! tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d’orgueil. Où sont les Césars qui crurent t’avoir noyée dans ton propre sang ? où sont les Empereurs qui voulurent forcer l’inviolable virginité de ta foi ? où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s’attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? où sont les princes ingrats qui tentèrent de t’asservir, toi qui les avais faits ce qu’ils étaient ? où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l’orgueil de ses conquêtes ? où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n’étais plus qu’un fantôme impuissant et vermoulu ? où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l’Église, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Église Romaine, assise sur la pierre inébranlable. Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n’as cessé de l’être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n’éclaire que les variations de l’humanité. D’où te vient cette solidité, si ce n’est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t’apporte de nouveaux dons, pour t’aider à achÈver le pèlerinage ; et jusqu’à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l’objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l’Époux. Nous prions avec toi, ô notre Mère ! et nous disons : Venez, Seigneur Jésus ! « Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous rÈveillons pour songer à vous. »

 

A LA MESSE.

    Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l’Apôtre :

    INTROÏT.

Gaudete in Domino semper: iterum dico, gaudete. Modestia vestra nota sit omnibus hominibus: Dominus enim prope est. Nihil solliciti sitis: sed in omni oratione petitiones vestrae innotescant apud Deum.

Ps. Benedixisti Domine terram tuam: avertisti captivitatem Jacob. V. Gloria Patri.

Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications.

    Ps. Seigneur, vous avez béni la terre qui est à vous ; vous avez ramené Jacob de la captivité,

    V/. Gloire au Père.

 

    L’Église demande, dans la Collecte, la grâce de cette visite qui apporte la lumière et dissipe les ténèbres. Les ténèbres causent la terreur à l’âme ; la lumière, au contraire, réjouit et raffermit le cœur.

OREMUS

Aurem tuam, quaesumus, Domino, precibus nostris accommoda: et mentis nostrae tenebras gratia tuae visitationis illustra. Qui vivis.

    PRIONS.

Prêtez, Seigneur, votre oreille à nos prières, et éclairez les ténèbres de notre âme par la grâce de votre visite ; Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.

    

Les Oraisons de la Sainte Vierge, contre les persécuteurs de l’Église et pour le Pape, sont à la Messe du premier Dimanche de l’Avent , page 63.

 

ÉPITRE

Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Philippenses. Cap. iv. 

Fratres, gaudete in Domino semper: iterum dico, gaudete. Modestia vestra nota sit omnibus hominibus: Dominus prope est. Nihil solliciti sitis; sed in omni oratione, et obsecratione, cum gratiarum actione, petitiones vestrae innotescant apud Deum. Et pax Dei, quae exsuperat omnem sensum, custodiat corda vestra, et intelligentias vestras, in Christo Jesu Domino nostro. 

Lecture de l’Épître de saint Paul, Apôtre, aux Philippiens. CHAP. IV.

    Mes Frères, réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore : réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tout le monde : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications accompagnées d’actions de grâces. Et que la paix de Dieu, laquelle est au-dessus de toutes nos pensées, garde vos cœurs et vos intelligences, en Jésus-Christ notre Seigneur.

 

    Nous devons, en effet, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l’Apôtre s’accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l’un et l’autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche ; il est proche de son Église ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d’un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l’Apôtre. Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Église, dont les vœux vont dÈvenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d’abord avec elle :

        GRADUEL.

Qui sedes, Domine, super Cherubim, excita potentiam tuam et veni.

V. Qui regis Israel, intende: Qui deducis velut ovem Joseph.

Alleluia, alleluia.
V. Excita Domine potentiam tuam, et veni, ut salvos facias nos. Alleluia.

    Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez.

    V/. Écoutez-nous, ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis.

    Alleluia, alleluia.

    V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alleluia.

 

    Évangile.

Sequentia sancti Evangelii secundum Joannem. Cap. i.

In illo tempore: Miserunt Judaei ab Jerosolymis sacerdotes et levitas ad Joannem ut interrogarent eum: Tu quis es? Et confessus est, et non negavit, et confessus est: Quia non sum ego Christus. Et interrogaverunt eum: Quid ergo? Elias es tu? Et dixit: Non sum. Propheta es tu? Et respondit: Non. Dixerunt ergo ei: Quis es, ut responsum demus his qui miserunt nos? Quid dicis de te ipso? Ait: Ego vox clamantis in deserto: Dirigite viam Domini, sicut dixit Isaias propheta. Et qui missi fuerant erant ex Pharisaeis. Et interrogaverunt eum, et dixerunt ei: Quid ergo baptizas, si tu non es Christus, neque Elias, neque propheta? Respondit eis Joannes, dicens: Ego baptizo in aqua: medius autem vestrum stetit, quem vos nescitis. Ipse est, qui post me venturus est, qui ante me factus est: cujus ego non sum dignus ut solvam ejus corrigiam calceamenti. Haec in Bethania facta sunt trans Jordanem, ubi erat Joannes baptizans.

 

Suite du saint Évangile selon saint Jean. CHAP. I.

    En ce temps-là, les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour lui demander : Qui êtes-vous ?Et il confessa, et il ne nia pas ; et il confessa qu’il n’était pas le Christ. Et ils l’interrogèrent de nouveau, disant : Quoi donc ? êtes-vous Élie ? Et il leur dit : Je ne le suis point. êtes-vous prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous, afin que nous puissions rendre réponse a ceux qui nous ont envoyés ? Que dites-vous de vous-même ? Je suis, dit-il, la voix qui crie dans le désert : Rendez droites les voies du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. Or, ceux qu on lui avait envoyés étaient Pharisiens. Et ils l’interrogèrent, et ils lui dirent : Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni prophète ? Jean leur fit cette réponse, disant : Pour moi, je baptise dans l’eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ignorez. C’est celui-là même qui doit venir après moi, et qui est avant moi : et je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure. Ces choses se passèrent en Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

    

    Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas, dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n’être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l’Église et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l’arrivée de l’Époux ; mais il est entouré d’hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s’il n’était pas. Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l’Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l’arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l’aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? les collines songent-elles à s’abaisser ? la cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l’attente du divin Enfant, nous les conjurerions d’ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d’une visite qui sera pour eux, dans le temps, l’objet d’une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. O Jésus ! envoyez votre grâce avec plus d’abondance encore ; forcez-les d’entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas.

 

    Pendant l’oblation, on doit s’unir au vœu de l’Église, et demander avec elle la fin de la captivité dans laquelle nos péchés nous retiennent, et l’arrivée du Libérateur.

    OFFERTOIRE.

    Benedixisti, Domine, terram tuam; avertisti captivitatem Jacob, remisisti iniquitatem plebis     tuae.

Seigneur, vous avez béni la terre qui est à vous : vous avez ramené Jacob de la captivité ; vous avez pardonné l’iniquité de votre peuple.

    

    SECRÈTE.

Devotionis nostrae tibi, quaesumus, Domine, hostia jugiter immoletur: quae et sacri peragat instituta mysterii, et salutare tuum in nobis mirabiliter operetur. Per Dominum.

Faites, s’il vous plaît, Seigneur, que notre dévotion vous immole sans cesse cette hostie, qui produira l’effet lequel vous avez établi ce sacré Mystère, en opérant en nous d’une façon merveilleuse le Sauveur que vous nous avez préparé. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

    Les autres Secrètes comme au premier Dimanche, page 65.

 

    Pendant la Communion, les paroles que l’Église chante sont empruntées du Prophète Isaïe ; elles ont pour but de rassurer le cœur de l’homme faible et pécheur. Ne craignez point, ô chrétiens ! c’est Dieu qui vient ; mais il vient pour sauver, pour se donner à sa créature.

 

    COMMUNION.

Dicite: Pusillanimes, confortamini et nolite timere: ecce Deus noster veniet, et salvabit nos.

Dites à mon peuple : Vous qui avez le cœur abattu, prenez courage et ne craignez point : voici notre Dieu qui vient, et il nous sauvera.

    

La sainte Église, dans l’Oraison suivante, demande que la visite secrète qu’elle vient de recevoir de son Époux la dispose à la solennelle visite qu’il s’apprête à lui faire dans la solennité de Noël.

 

    POSTCOMMUNION.

Imploramus, Domine, clementiam tuam: ut haec divina subsidia, a vitiis expiatos ad festa ventura nos praeparent. Per Dominum.

Nous implorons, Seigneur, votre clémence, afin que ce secours divin que nous venons de recevoir, en purifiant nos péchés, nous préparée la solennité qui s’approche. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

    Les autres Postcommunions comme au premier Dimanche, page 66.

 

A VÊPRES

1. ANT. Veniet Dominus, et non tardabit, et illuminabit abscondita tenebrarum, et manifestabit se ad omnes gentes, alleluia.

2. ANT. Jerusalem, gaude gaudio magno, quia veniet Salvator, alleluia.

3. ANT. Dabo in Sion salutem, et in Jerusalem gloriam meam, alleluia.

4. ANT. Montes et omnes colles humiliabuntur: et erunt prava in directa, et aspera in vias planas: veni, Domine, et noli tardare, alleluia.

5. ANT. Juste et pie vivamus, exspectantes beatam spem, et adventum Domini, alleluia. Fratres, gaudete in Domino semper: iterum dico, gaudete. Modestia vestra nota sit omnibus hominibus: Dominus enim prope est.

 

1. Ant. Le Seigneur viendra, et il ne tardera pas ; il éclairera la profondeur des ténèbres, et se manifestera à toutes les nations. Alleluia.

2. Ant. Jérusalem, réjouis-toi d’une grande joie ; car le Sauveur viendra vers toi. Alleluia.

3. Ant. J’établirai le salut dans Sion, et ma gloire dans Jérusalem. Alleluia.

4. Ant. Les montagnes et les collines seront abaissées : les chemins tortueux seront redressés, et ceux qui étaient raboteux seront aplanis : venez, Seigneur, et ne tardez pas. Alleluia.

5. Ant. Vivons dans la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et l’Avènement du Seigneur. Alleluia.

 

    CAPITULE.

Fratres, gaudete in Domino semper ; iterum dico : gaudete. Modestia vestra nota sit omnibus hominibus: Dominus enim prope est.

Mes Frères, réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je le dis encore une fois : réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : car le Seigneur est proche.

 

    L’Hymne Creator alme siderum, et le Cantique Magnificat, sont aux pages 53 et 54.

    ANTIENNE de Magnificat.

    Beata es, Maria, qui credidisti Domino; perficientur in te, quae dicta sunt tibi a Domino,     alleluia.

Vous êtes bienheureuse, ô Marie, parce que vous avez cru au Seigneur : les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s’accompliront en vous. Alleluia.

 

    Mais si le troisième dimanche de l’Avent tombe le 17 Décembre, en place de cette Antienne, on dit la première des Grandes Antiennes (O Sapientia), qui se trouve avec les six autres, au Propre des Saints, du 17 au 23 Décembre.

OREMUS
Aurem tuam, quaesumus, Domine, precibus nostris accommoda, et mentis nostrae tenebras gratiae tuae visitationis illustra. Qui vivis.

PRIONS

Prêtez, Seigneur, votre oreille à nos prières, et éclairez les ténèbres de notre âme par la grâce de votre visite ; Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.

 

    LE LUNDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Iasia Propheta. Cap. XXVIII.

Hæc dicit Dominus Deus: Ecce ego mittam in fundamentis Sion lapidem, lapidem probatum,
angularem, pretiosum, in fundamento fundatum; qui crediderit, non festinet. Et ponam in pondere judicium, et justitiam in mensura; et subvertet grando spem mendacii, et protectionem aquæ inundabunt. Et delebitur fœdus vestrum cum morte, et pactum vestrum cum inferno non stabit:

 

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXVIII.

    Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Je vais placer dans les fondements de Sion une pierre, une pierre éprouvée, angulaire, précieuse, qui sera un ferme fondement. Que celui qui croit ne se hâte point. Et j’établirai un poids de justice et une mesure d’équité ; et la grêle détruira l’espérance du mensonge ; les eaux emporteront le rempart derrière lequel on se croyait en sûreté ; et l’alliance que vous aviez faite avec la mort sera rompue, et votre pacte avec l’enfer ne subsistera plus.

 

    Père céleste, vous vous préparez à poser dans les fondements de Sion une Pierre ferme et angulaire ; et cette Pierre qui donnera la solidité à Sion qui est l’Église, cette Pierre est votre Fils incarné. Déjà elle avait été figurée, suivant le commentaire de votre Apôtre, par ce Rocher du désert qui recelait les eaux abondantes et salutaires dans lesquelles votre peuple se désaltéra. Voici que vous allez nous la donner bientôt en réalité ; elle est déjà descendue du ciel ; et l’heure approche où elle va être posée dans le fondement. 0 Pierre d’union et de solidité ! par vous, il n’y aura plus ni Juif, ni Gentil, mais une seule famille ; par vous, les hommes ne bâtiront plus sur le sable ces édifices éphémères que .les pluies et les vents emportaient au premier choc. L’Église s’élèvera sur la Pierre, et son faîte atteindra jusqu’au ciel sans qu’il y ait rien à craindre pour sa base ; et si faible, si mobile que soit l’homme dans ses pensées, pourvu qu’il s’appuie sur vous, ô Pierre divine, il participera à votre immutabilité. Malheur à celui qui vous dédaigne ! car vous avez dit, ô Vérité éternelle : « Celui qui tombera sur cette Pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera sera écrasé. » Gardez-nous de ce double malheur, ô vous, Pierre auguste, appelées occuper la première place de l’angle, et qui pourtant avez été rejetée par d’aveugles architectes. Ne permettez pas que nous ayons le malheur d’être du nombre de ceux qui vous ont ainsi méconnue. Donnez-nous de vous honorer toujours comme le principe de notre force, comme l’unique raison de notre solidité ; et parce que vous avez communiqué cette qualité de Pierre immuable à un de vos Apôtres, et par lui à ses successeurs jusqu’à la consommation des siècles, accordez-nous de nous tenir sans cesse fermes sur le rocher de la sainte Église Romaine, avec laquelle toutes les Églises, sur toute la surface de la terre, se préparent à célébrer votre divine apparition, ô Pierre précieuse, Pierre éprouvée, qui venez détruire l’empire du mensonge et briser l’alliance que le genre humain avait faite avec la Mort et l’Enfer.

    

HYMNE DE L’AVENT.

(Au Bréviaire Mozarabe, Ier Dimanche de l’Avent)

Christi caterva clamitet

Rerum parenti proximas,

Quas esse sentit, gratias,

Laudesque promat maximas.

Vatum poli oracula

Perfecit olim tradita,

Cum nos redemit unicus

Factoris orbis Filius.

Verbum profectum, proditum

Tulit reatum criminum;

Sumensque nostrum pulverem,

Mortis peremit principem.

A matre natus tempore;

Sed sempiternus a Patre.

Duabus in substantiis

Persona sola est numinis.

Venit Deus factus homo,

Renatus in nato Deo,

Factus novus verus homo.

Natalis hinc ob gaudium

Ovans trophaeo, gentium

Renata plebs per gratiam,

Haec festa praebet annua.

Adventus hic solemnibus

Votis feratur omnibus,

Quos sustinere convenit,

Tanti Dei gloriam.

Secundus ut cum coeperit,

Orbemque terror presserit;

Succurrat haec humillima

Susceptoris dignitas.

Deo Patri sit gloria,

Ejusque soli Filio,

Cum Spiritu Paraclito,

In sempiterna saecula. Amen.

 

Que la famille du Christ fasse éclater ses chants ; qu’elle offre au Père universel les actions de grâces les plus dignes d’une si haute majesté , et qu’elle consacre à sa gloire les louanges les plus magnifiques.

Le Fils unique du Dieu qui forma l’univers, en venant nous racheter, a rempli les oracles sortis jadis de la bouche des prophètes du ciel.

Le Verbe descendu du trône de la gloire pour se manifester, a délivré les hommes de la peine que méritaient leurs crimes ; et, prenant notre poussière, il a terrassé le prince de la mort.

Né d’une mère dans le temps, mais éternel par son Père, il n’est en deux substances qu’une seule Personne de Dieu.

Dieu est venu se faisant homme : afin que le vieil homme, dÈvenu nouveau, brille d’une beauté nouvelle, renaissant dans le Dieu nouveau-né.

Que le peuple des Gentils, qui a pris renaissance par la grâce, triomphant de joie, et fier de son trophée, célèbre tous les ans cette fête de la Naissance.

Que cet Avènement soit Célébré par les vœux solennels de tous ceux qui sont appelés à prendre part au triomphe d’un si grand jour ;

Afin que cette humble démonstration de notre zèle soit pour nous un motif d’espérance, lorsque le second Avènement, éclatant tout à coup, glacera le monde de terreur.

A Dieu le Père soit gloire, et à son Fils unique, avec l’Esprit consolateur, dans les siècles éternels. Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL AMBROSIEN.

    (En la Messe du VIe Dimanche de l’Avent, Préface.)

Vere dignum et justum est, aequum et salutare, nos beatae semper Virgines Mariae solemnia celebrare, quae parvo utero Dominum coeli portavit; et, Angelo praenuntiante, Verbum carne mortali edidit salvatorem. Hic est mundi Redemptor, castis conseptus visceribus; clausa ingrediens, et clausa relinquens.

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, que nous célébrions en ce saint temps la mémoire de la bienheureuse Marie, toujours Vierge ; elle qui porta dans l’enceinte étroite de ses entrailles le Maître du ciel, et qui, après avoir reçu le message prophétique de l’Ange, mit au jour le Verbe lui-même, dÈvenu notre Sauveur dans une chair mortelle. C’est lui qui est le Rédempteur du monde, conçu dans un sein virginal, pénétrant ce qui est fermé et le laissant ferme après sa visite.

 

    LE MARDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE l’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. XXX

Exspectat Dominus ut misereatur vestri; et ideo exaltabitur parcens vobis, quia Deus judicii Dominus: beati omnes qui exspectant eum! Populus enim Sion habitabit in Jerusalem: plorans nequaquam plorabis: miserans miserebitur tui, ad vocem clamoris tui: statim ut audierit, respondebit tibi. Et dabit vobis Dominus panem arctum, et aquam brÈvem; et non faciet avolare a te ultra doctorem tuum; et erunt oculi tui videntes præceptorem tuum. Et aures tuæ audient verbum post tergum monentis: Hæc est via; ambulate in ea, et non declinetis neque ad dexteram, neque ad sinistram. Et contaminabis laminas sculptilium argenti tui,et vestimentum conflatilis auri tui, et disperges ea sicut immunditiam menstruatæ. Egredere, dices ei. Et dabitur pluvia semini tuo, ubicumque seminaveris in terra, et panis frugum terræ erit uberrimus et pinguis; pascetur in possessione tua in die illo agnus spatiose, et tauri tui, et pulli asinorum, qui operantur terram, commistum migma comedent sicut in area ventilatum est. Et erunt super omnem montem excelsum,et super omnem collem elevatum, rivi currentium aquarum, in die interfectionis multorum, cum ceciderint turres: et erit lux lunæ sicut lux solis, et lux solis erit septempliciter sicut lux septem dierum, in die qua alligaverit Dominus vulnus populi sui, et percussuram plagæ ejus sanaverit. Ecce nomen Domini venit de longinquo, ardens furor ejus, et gravis ad portandum; labia ejus repleta sunt indignatione, et lingua ejus quasi ignis devorans. Spiritus ejus velut torrens inundans usque ad medium colli, ad perdendas gentes in nihilum, et frenum erroris quod erat in maxillis populorum.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXX.

    Le Seigneur attend afin de vous faire miséricorde, et il signalera sa gloire en vous pardonnant ; parce que le Seigneur est un Dieu d’équité : heureux tous ceux qui l’attendent ! Car le peuple de Sion habitera encore dans Jérusalem : toi qui pleures, tu ne pleureras plus ; il aura compassion de toi. Lorsque tu crieras vers lui, à peine aura-t-il entendu ta voix, qu’il te répondra. Et le Seigneur vous donnera du pain en petite quantité, et de l’eau en petite mesure, et il ne fera plus disparaître de devant toi celui qui t’instruisait ; et tes yeux verront ton Docteur. Et le Seigneur répandra la pluie sur tes grains, partout où tu auras semé ; et le pain de tes récoltes sera très abondant et savoureux. En ce jour-là, l’agneau trouvera dans tes plaines de spacieux pâturages ; et tes taureaux et tes ânons qui labourent la terre, mangeront toutes sortes de grains mêlés ensemble, comme ils auront été vannés dans l’aire. Et il y aura sur toutes les montagnes les plus hautes et sur toutes les collines les plus élevées, des ruisseaux d eau courante, au jour où plusieurs auront été tués, au jour où les tours seront tombées. Et la lumière de la lune sera comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus éclatante, comme serait la lumière de sept jours ensemble, lorsque le Seigneur aura bandé la plaie de son peuple, et guéri la blessure qu’il avait reçue. Voici le Nom du Seigneur qui vient de loin ; sa fureur est ardente et dure à porter. Ses lèvres sont pleines d’indignation, et sa langue est comme un feu dévorant. Son souffle est comme un torrent débordé qui engloutit l’homme jusqu’au cou ; il vient perdre et anéantir les nations, et rompre le frein d’erreur qui retenait les mâchoires des peuples.

 

    Donc, ô Jésus ! nous ne pleurerons plus : vous allez vous rendre à nos cris, et nos yeux vous verront, vous, notre Maître, notre Docteur. Si vous tardez encore, c’est pour nous faire miséricorde : car vous avez mis votre gloire à pardonner. O félicité de votre Royaume ! ô fertilité de nos champs, c’est-à-dire de nos âmes, quand votre rosée sera tombée sur elles ! ô douceur et suavité de notre Pain qui sera vous-même, ô Pain vivant descendu du ciel ! ô splendeur de la lumière dont vous réjouirez nos yeux mortels, au jour même où vous banderez nos plaies ! qu’il vienne donc bientôt, ce jour fortuné : qu’elle approche, cette nuit radieuse où Marie déposera son divin fardeau. Telle est la confiance de nos cœurs dans ce miséricordieux Avènement, que nous éprouvons moins de terreur à l’annonce formidable que nous fait votre Prophète, qui, franchissant les ânes avec la rapidité de votre parole, nous dénonce déjà l’approche du jour redoutable où vous arriverez tout à coup, ardent dans votre fureur, les lèvres pleines d’indignation, et la langue semblable à un feu dévorant. Aujourd’hui nous ne faisons qu’espérer, et nous attendons un Avènement tout pacifique : soyez-nous propice au dernier jour ; mais présentement laissez-nous vous dire avec un de vos pieux serviteurs, le vénérable Pierre de Celles, dans son premier Sermon de l’Avent : « Oui, venez, ô Jésus ! mais dans les langes, non dans les armes ; dans l’humilité, non dans la grandeur ; dans la crèche, non sur les nuées du ciel ; dans les bras de votre Mère, non sur le trône de votre Majesté ; sur l’ânesse, et non sur les Chérubins ; vers nous, et non contre nous ; pour sauver, et non pour juger ; pour visiter dans la paix, et non pour condamner dans la fureur. Si vous venez ainsi, ô Jésus ! au lieu de vous fuir c’est vers vous que nous fuirons. »

 

HYMNE TIRÉE DE L’ ANTHOLOGIE DES GRECS.

(Au XX Décembre.)

Bethlehem, praeparare, omnibus aperitur Eden; laetare, Ephrata, quia arbor vitae in spelunca effloruit ex Virgine; ejus enim venter paradisus demonstratus est spiritualis, in quo est divina planta, de qua manducantes vivimus; neque enim amplius sicut Adam moriemur: nam Christus nascitur, lapsam principio relevans imaginem.

Ministraturus Christus libenter progreditur, plasmatis formam plastes accepit; qui locuples est divinitate, Adam indigenti novam reformationem atque nativitatem ut commiserans elargitur.

Inclinans coelos et in Virgine habitans progreditur carnaliter, Bethlehem in spelunca pariendus, ut scriptum est, videndusque infantulus qui infantes in vulva vivificat; ipsi gaudentes nunc obviemus omnes corde veloci.

Dominus nascens ut hospes, sapienter in propria venit: recipiamus eum, ut hospites factos paradisi deliciarum iterum habitare faciat natus in spelunca.

Jam divinae Verbi Incarnationis omnibus aperitur propylaeum; coeli gaudete; Angeli exultate, laetetur terra cum hominibus, una cum Pastoribus et Magis in spiritu. Fert sicut unguentum spirituale non vacuum Virgo alabastrum, et illud gestat in spelunca in spiritu ad evacuandum sapienter illud, ut bono odore repleat animas nostras.

Angelicae accurrite Virtutes; qui in Bethlehem estis, praeparate praesepium, Christus enim nascitur; Sapientia progreditur. Accipe salutationem Ecclesia; in gaudium Dei Matris dicamus, populi: Benedictus qui venit, Deus noster.Christus Deus noster manifeste gradiens veniet, et non tardabit; ex nuptinescia nympha videbitur; in spelunca autem requiescet; et tu, praesepe alogorum, quem coelum non continet, accipe fasciis in te involvendum, qui uno verbo nostras alogias solvit.

Chorum age, Isaia, Verbum Dei demonstra prophetiza puellae Mariae rubum incendiari, et igne non consumi. Splendore Deitatis, Bethlehem, adornare; aperi januam , o Eden; atque iter capite Magi, Salutem visuri in praesepio fasciatum; suem sidus designavit desuper speluncam, vitae datorem Dominum salvantem genus nostrum.

 

Bethlehem , prépare-toi, Eden est ouvert à tous ; réjouis-toi , Ephrata , car dans la grotte l’arbre de vie a fleuri au sein de la Vierge. Ce sein est dÈvenu un Paradis spirituel, où nous trouvons la plante divine, de laquelle ayant mangé nous vivons ; car désormais nous ne mourrons plus comme Adam : le Christ naît pour relÈver son image tombée aux premiers jours du monde.

Le Christ daigne venir lui-même pour servir ; il prend, lui créateur, la forme de l’œuvre de ses mains ; riche de sa divinité et plein de miséricorde, il apporte à Adam misérable une création et une naissance nouvelles.

Il incline les cieux, et, habitant dans la Vierge, il approche revêtu de notre chair. Il va naître en la grotte de Bethlehem, ainsi qu’il a été écrit ; il va paraître comme un enfant, celui qui donne la vie aux enfants dans le sein des mères ; allons tous au-devant de lui avec un cœur ardent et joyeux.

Le Seigneur plein de sagesse vient naître comme étranger en son propre domaine ; recevons-le, afin que, dÈvenus les hôtes du Paradis de délices, nous y puissions habiter de nouveau par la miséricorde de celui qui naît dans l’étable.

Déjà les portiques de la divine Incarnation du Verbe s’ouvrent pour tous. Cieux, réjouissez-vous ; Anges , tressaillez d’allégresse ; que la terre et ses habitants se livrent à une joie spirituelle avec les Bergers et les Mages.

La Vierge s’avance portant un vase d’albâtre tout rempli d’un parfum spirituel ; elle l’introduit d’une manière mystique en la grotte pour l’y répandre avec prudence, et remplir nos âmes de sa bonne odeur.

Accourez , Vertus angéliques, vous qui habitez Bethlehem ; préparez la crèche, car le Christ va naître ; la Sagesse s’avance. Reçois, ô Église, les félicitations ; peuples , disons pour réjouir la Mère de Dieu : Béni soit celui qui vient, notre Dieu.

Le Christ notre Dieu paraîtra au grand jour ; il s’avance, il va venir, et ne tardera pas ; il apparaîtra issu d’une Vierge intacte ; dans quelques jours il reposera dans la grotte ; et toi, crèche d’animaux privés de raison, reçois, pour être en toi enveloppé de langes, celui que le ciel ne peut contenir, qui d’une parole répare nos coupables folies.

Mène le chœur, ô Isaïe ! signale-nous le Verbe de Dieu ; prophétise-nous comment le buisson de la Vierge Marie est en feu sans se consumer. Orne-toi, Bethléhem, d’une splendeur de Divinité ; Eden, ouvre tes portes ; Mages, mettez-vous en chemin pour voir le Salut enveloppé de langes en la crèche ; c’est lui qu’a désigné l’astre mystérieux s’arrêtant au-dessus de l’étable, l’auteur de la vie, le Seigneur qui vient sauver le genre humain.

 

    PRIERE DU MISSEL GALLICAN.

        (In Adventu Domini, Immolatio.)

    Vere dignum et justum est, nos tibi hic et ubique semper gratias agere, Domine Sancte, Pater omnipotens, aeterne Deus, cui proprium est veniam delictis impendere, quam poenaliter imminere. Qui fabricam tui operis per eumdem rursus lapidem es dignatus erigere, ne imago, quae ad similitudinem tui facta fuerat vivens, dissimilis haberetur ex morte. Munus venialis indulgentiae praestitisti: ut unde mortem peccato contraxerat, inde vitam pietas repararet immensa. Haec postquam Propheta saepius vox praedixit; et Gabriel Angelus Mariae jam praesentia nuntiavit, mox puellae credentis in utero, fidelis Verbi mansit aspirata conceptio; et illa proles nascendi nutu concessit. Tumebatur Virginis sinus; et foecunditate suorum viscerum corpus mirabatur intactum. Grande mundo spondebatur auxilium, foeminae partus sine viro mysterium; quando nullius maculae nebula fuscata tenso nutriebat ventre praecordia, mox futura sui genetrix genitoris.

    C’est une chose digne et juste, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, ô vous, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, dont la nature est plutôt d’accorder le pardon du péché que de sévir par de justes châtiments. C’est vous qui avez daigné employer à relÈver l’édifice que vos mains avaient bâti, la même pierre qui était entrée dans sa construction ; afin que cette image vivante que vous aviez formée à votre ressemblance ne fût pas rendue dissemblable à son principe par la mort. Vous avez accordé une remise pleine d’indulgence , en sorte que la cause même qui avait produit la mort par le péché servît à réparer la vie, par votre immense miséricorde. La voix des Prophètes fit plus d’une fois retentir l’oracle, et vint l’Ange Gabriel annoncer à Marie que les temps étaient arrivés. La Vierge crut, et dans son sein s’accomplit la conception tant désirée du Verbe fidèle aux promesses : et il fut soumis aux lois de la naissance humaine , celui par la volonté duquel tous tes êtres sont produits. Le sein de la Vierge prenait accroissement, et, malgré la fécondité de ses entrailles, son corps ne perdait rien de sa merveilleuse pureté. Un remède puissant était promis au monde, par ce mystère de l’enfantement d’une femme sans le secours de l’homme ; de cette femme dont le plus léger nuage n’obscurcit jamais la pudeur, et qui pourtant, Mère future de son créateur, sentait croître en elle le fruit que nourrissaient ses entrailles.

 

    LE MERCREDI DES QUATRE-TEMPS.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

    L’Église commence à pratiquer en ce jour le jeûne appelé des Quatre-Temps, lequel s’étend aussi au Vendredi et au Samedi suivants. Cette observance n’appartient point à l’économie liturgique de l’Avent : elle est une des institutions générales de l’Année Ecclésiastique. On peut la ranger au nombre des usages qui ont été imités de la Synagogue par l’Église ; car le prophète Zacharie parle du Jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois. L’introduction de cette pratique dans l’Église chrétienne semble remonter aux temps apostoliques ; c’est du moins le sentiment de saint Léon, de saint Isidore de Séville, de Rhaban Maur et de plusieurs autres écrivains de l’antiquité chrétienne : néanmoins, il est remarquable que les Orientaux n’observent pas ce jeûne.

    Dès les premiers siècles, les Quatre-Temps ont été fixés, dans l’Église Romaine, aux époques où on les garde encore présentement ; et si l’on trouve plusieurs témoignages des temps anciens dans lesquels il est parlé de Trois Temps et non de Quatre, c’est parce que les Quatre-Temps du printemps, arrivant toujours dans le cours de la première Semaine de Carême, n’ajoutent rien aux observances de la sainte Quarantaine déjà consacrée à une abstinence et à un jeûne plus rigoureux que ceux qui se pratiquent dans tout autre temps de l’année.

    Les intentions du jeûne des Quatre-Temps sont les mêmes dans l’Église que dans la Synagogue : c’est-à-dire de consacrer par la pénitence chacune des saisons de l’année. Les Quatre-Temps de L’Avent sont connus, dans l’antiquité ecclésiastique, sous le nom de Jeûne du dixième mois ; et saint Léon nous apprend, dans un des Sermons qu’il nous a laissés sur ce jeûne, et dont l’Église a placé un fragment au second Nocturne du troisième dimanche de l’Avent, que cette époque a été choisie pour une manifestation spéciale de la pénitence chrétienne, parce que c’est alors que la récolte des fruits de la terre étant terminée, il convient que les chrétiens témoignent au Seigneur leur reconnaissance par un sacrifice d’abstinence, se rendant d’autant plus dignes d’approcher de Dieu, qu’ils sauront dominer davantage l’attrait des créatures ; « car, ajoute le saint Docteur, le jeûne a toujours été l’aliment de la vertu. Il est la source des pensées chastes, des t résolutions sages, des conseils salutaires. Par la mortification volontaire, la chair meurt aux 0 désirs de la concupiscence, l’esprit se renouvelle dans la vertu. Mais parce que le jeûne seul ne nous suffit pas pour acquérir le salut de nos âmes, suppléons au reste par des œuvres de miséricorde envers les pauvres. Faisons servira la vertu ce que nous retrancherons au plaisir ; et que l’abstinence de celui qui jeûne devienne la nourriture de l’indigent. »

    Prenons notre part de ces avertissements, nous     qui sommes les enfants de la sainte Église ; et puisque nous vivons à une époque où le jeûne de l’Avent n’existe plus, portons-nous avec d’autant plus de ferveur à remplir le précepte des Quatre-Temps, que ces trois jours, en y joignant la Vigile de Noël, sont les seuls auxquels la discipline actuelle de l’Église nous enjoigne d’une manière précise, en cette saison, l’obligation du jeûne. Ranimons en nous, à l’aide de ces légères observances, le zèle des siècles antiques, nous souvenant toujours que si la préparation intérieure est surtout nécessaire pour l’Avènement de Jésus-Christ dans nos âmes, cette préparation ne saurait être véritable en nous, sans se produire à l’extérieur par les pratiques de la religion et de la pénitence.

    Le jeûne des Quatre-Temps a encore une autre fin que celle de consacrer, par un acte de piété, les diverses saisons de l’année ; il a une liaison intime avec l’Ordination des Ministres de l’Église, qui reçoivent le samedi leur consécration, et dont la proclamation avait lieu autrefois devant le peuple à la Messe du Mercredi. Dans l’Église Romaine, l’Ordination du mois de Décembre fut longtemps célèbre ; et il paraît, par les anciennes Chroniques des Papes, que, sauf les cas tout à fait extraordinaires, le dixième mois fut, durant plusieurs siècles, le seul où l’on conférât les saints Ordres à Rome. Les fidèles doivent s’unir aux intentions de l’Église, et présenter à Dieu l’offrande de leurs jeûnes et de leurs abstinences, dans le but d’obtenir de dignes Ministres de la Parole et des Sacrements, et de véritables Pasteurs du peuple chrétien.

    En l’Office des Matines, l’Église ne lit rien aujourd’hui du prophète Isaïe ; elle se contente de rappeler le passage de l’Évangile de saint Luc dans lequel est racontée l’Annonciation de la Sainte Vierge, et lit ensuite un fragment du Commentaire de saint Ambroise sur ce même passage. Le choix de cet Évangile, qui est le même que celui de la Messe, selon l’usage de toute l’année, a donné une célébrité particulière au Mercredi de la troisième semaine de l’Avent. On voit, par d’anciens Ordinaires à l’usage de plusieurs Églises insignes, tant Cathédrales qu’Abbatiales, que l’on transférait les fêtes qui tombaient en ce Mercredi ; qu’on ne disait point ce jour-là, à genoux, les prières fériales ; que l’Évangile Missus est, c’est-à-dire de l’Annonciation, était chanté à Matines par le Célébrant revêtu d’une chape blanche, avec la croix, les cierges et l’encens, et au son de la grosse cloche ; que, dans les Abbayes, l’Abbé devait une homélie aux Moines, comme aux fêtes solennelles. C’est même à cet Usage que nous sommes redevables des quatre magnifiques Sermons de saint Bernard sur les louanges de la Sainte Vierge, et qui sont intitulés : Super Missus est.

    Comme il est rare que la Messe des Quatre-Temps soit chantée hors des Églises où l’on célèbre l’Office Canonial, et aussi, pour ne pas grossir ce volume outre mesure, nous n’avons pas jugé à propos de donner ici le texte des Messes des Mercredi, Vendredi et Samedi des Quatre-Temps de l’Avent. Nous nous contenterons d’indiquer la Station. Le Mercredi, elle a lieu à Sainte-Marie-Majeure, à cause de l’Évangile de l’Annonciation qui, comme on vient de le voir, a fait pour ainsi dire attribuer à ce jour les honneurs d’une véritable Fête de la Sainte Vierge.

    Comme nous devons toucher quelque chose de ce mystère ci-après, dans le Propre des Saints de l’Avent, nous nous contenterons d’insérer ici une Prose du moyen âge, en l’honneur de la glorieuse Vierge saluée par l’Ange, et une prière tirée des anciennes liturgies.

 

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE 

        (Tirée du Missel de Cluny de 1523).

Angelus ad virginem Subintrans in conclave,Virginis formidinem Demulcens, inquit ei,:

‘Ave! regina virginum; Coeli terraeque Dominum Concipies, Et paries, Intacta, Salutem hominum; Tu porta coeli facta, Medela criminum’

‘Quomodo conciperem Quae virum non cognovi? Qualiter infringerem Quod firma menti vovi?’

‘Spiritus Sancti gratia Perficiet haec omnia; Ne timeas, Sed gaudeas, Secura Quod castimonia Manebit in te pura Dei potentia.’

Ad haec virgo nobilis Respondens inquit ei: ‘Ancilla sum humilis Omnipotentis Dei.

Tibi coelesti nuntio, Tanti secreti conscio, Consentiens, Et cupiens Videre Factum quod audio; Parata sum parere Dei consilio.’

Angelus disparuit, et statim puellaris uterus intumuit, vi partus virginalis.

Qui circumdatus utero, novem mensium numero, hinc exiit et iniit conflictum, affligens humerum crucem, quae dedit ictum hosti mortifero.

Eia mater Domini, Quae pacem reddidisti Angelis et homini, Cum Christum genuisti;

Tuum exora filium Ut se nobis propitium Exhibeat, Et deleat Peccata: Praestans auxilium Vita frui beata Post hoc exilium. Amen.

 

Sur le seuil de la demeure virginale, l’Ange apparaît à Marie, et, pour rassurer son effroi, lui dit avec douceur :

Salut, Reine des Vierges ! Vous concevrez le Maître du ciel et de la terre, vous enfanterez le Salut des hommes, o vous, la porte du ciel, le baume de nos iniquités !

Comment concevrai-je, moi qui ne connaît point l’homme ? Comment pourrai-je enfreindre le vœu que mon cœur a juré ?

L’Esprit-Saint, par sa grâce, consommera tous ces mystères ; ne craignez point, mais pleine de joie, rassurez-vous ; car la pudeur en vous demeurera sans tache, par la puissance de Dieu.

A donc, la noble Vierge répond et dit : Je suis l’humble petite servante du Dieu tout-puissant.

Céleste messager, confident d’un si haut secret, je consens et veux voir accomplie cette parole que j’entends : me voici prête à condescendre au dessein de Dieu.

L’Ange disparut, et soudain le sein très pur de la Vierge montra l’indice de la future maternité.

Son fruit, captif neuf mois dans de si chastes entrailles, en sortit et s’en alla au grand combat, appuyant sur son épaule la croix de laquelle il frappa à mort l’homicide ennemi.

Las ! Mère du Seigneur, qui avez rendu la paix à l’Ange et à l’homme, en mettant le Christ au monde ;

Suppliez votre Fils, qu’il nous soit secourable et qu’il efface nos fautes ; qu’il nous vienne en aide, et nous fasse jouir de la vie bienheureuse, au terme de cet exil. Amen.

 

    PRIERE DU MISSEL MOZARABE

    (Au IIe Dimanche de l’Avent, Illatio).

    Dignum et justum est; vere aequum et salutare est, Domini nostri Jesu Christi adventum in mirabilibus praedicare: quem inter homines nasciturum coelestis nuntius nunciavit. Virgo terrena dum salutaretur audivit: Spiritus sanctus in utero, dum veniret creavit, ut Gabriele dicente, Maria credente, Dei Verbo Spiritu co-operante, sequeretur salutationem angelicam securitas, promissionem perficeret veritas; ut Altissimi obumbrante virtute, didicisset se esse foecundam virginitas. Ecce concipies in utero, et paries filium, angelus praedicavit; et: Quomodo fiet istud, Maria respondit. Sed quia haec credendo, non dubitando respondit, implevit Spiritus sanctus quod angelus spopondit. Virgo ante conceptum, Virgo semper futura post partum, Deum suum prius mente, dehinc ventre concepit; salutem mundi prima suscepit Virgo plena gratia Dei, et ideo vera Mater Filii Dei.

    C’est une chose digne et juste, vraiment équitable et salutaire, de célébrer avec enthousiasme l’Avènement de Jésus-Christ notre Seigneur. Sa naissance au milieu des hommes fut annoncée par un messager céleste. Une Vierge habitante de cette terre entendit un salut merveilleux : l’Esprit-Saint coopérant avec le Verbe de Dieu, le cœur de la Vierge se rassurait au moment même où l’Ange la saluait, et la promesse faite par lui recevait déjà son accomplissement ; la virginité elle-même se sentait féconde, ombragée qu’elle était par la vertu du Très-Haut. L’Ange avait dit : Voilà que vous concevrez et enfanterez un Fils ; Marie avait répondu : Comment cela pourrait-il être ? Mais parce que Marie répondait dans la foi, et non dans le doute, l’Esprit-Saint accomplit ce que l’Ange avait promis. Elle avait été vierge avant la Conception ; elle demeura à jamais vierge après l’enfantement. Elle avait d’abord conçu son Dieu dans son cœur ; plus tard elle le conçut dans ses entrailles. La première de tous, elle reçut le salut du monde, cette Vierge vraiment pleine de la grâce, et, pour cela, choisie pour être la véritable Mère du Fils de Dieu.

 

    LE JEUDI DE LA TROISIEME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta. Cap. XXXIII.

Domine, miserere nostri, te enim exspectavimus; esto brachium nostrum in mane, et salus nostra in tempore tribulationis. A voce angeli fugerunt populi, et ab exaltatione tua dispersæ sunt gentes. Et congregabuntur spolia vestra sicut colligitur bruchus, velut cum fossæ plenæ fuerint de eo. Magnificatus est Dominus, quoniam habitavit in excelso; implevit Sion judicio et justitia. Et erit fides in temporibus tuis: divitiæ salutis sapientia et scientia; timor Domini ipse est thesaurus ejus. Conterriti sunt in Sion peccatores; possedit tremor hypocritas. Quis poterit habitare de vobis cum igne devorante? quis habitabit ex vobis cum ardoribus sempiternis? Qui ambulat in justitiis et loquitur veritatem, qui projicit avaritiam ex calumnia, et excutit manus suas ab omni munere,qui obturat aures suas ne audiat sanguinem, et claudit oculos suos ne videat malum. Iste in excelsis habitabit; munimenta saxorum sublimitas ejus: panis ei datus est, aquæ ejus fideles sunt. Regem in decore suo videbunt oculi ejus, cernent terram de longe.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXXIII.

    Ayez pitié de nous, Seigneur ; car nous vous avons attendu. Soyez dès le matin le bras qui nous soutienne, et notre salut au temps de la tribulation. A la voix de votre Ange les peuples ont fui : à l’éclat de votre gloire, les nations ont été dispersées. Et on ramassera vos dépouilles, ennemis de Sion, comme on ramasse une multitude de hannetons, dont on remplit des fosses entières. Le Seigneur s’est glorifié ; car il habite dans les hauteurs ; il a rempli Sion d’équité et de justice. Et la foi régnera en votre temps : la sagesse et la science seront les richesses du salut ; et la crainte du Seigneur, le trésor. Les pécheurs ont été saisis d’épouvante en Sion : la frayeur s’est emparée des hypocrites. Qui de vous pourra habiter un feu dévorant ? Qui de vous pourra demeurer dans des ardeurs éternelles ? Mais celui qui marche dans la justice, et parle la vérité ; qui chasse loin de lui l’avarice, compagne de la calomnie, et rejette de ses mains tout présent corrupteur ; qui bouche ses oreilles aux paroles de sang, et ferme ses yeux pour ne pas voir le mal : celui-là habitera dans les lieux hauts ; des rochers élevés lui serviront de rempart. Le pain lui a été donné ; ses eaux ne tariront jamais ; ses veux contempleront le Roi dans sa beauté ; ils verront la terre de loin.

 

    Heureux celui dont les yeux contempleront n ainsi le Roi nouveau-né dans le doux éclat de son amour et de son humilité ! Il demeurera tellement ravi de sa beauté, que la terre avec toutes ses magnificences sera pour lui comme si elle n’était pas. Il ne pourra plus voir autre chose que celui qui aura apparu couché dans la crèche et enveloppé de langes. Mais, pour avoir ce bonheur de contempler de près le puissant Roi qui vient à nous, pour mériter de former sa cour, il faut suivre le conseil du Prophète : marcher dans la justice et parler la vérité ; c’est ce qu’exprime avec onction le pieux Rhaban Maur, dans son premier Sermon de la préparation à la fête de Noël. « S’il convient, dit-il, que, dans tous les temps, nous paraissions ornés et éclatants de bonnes œuvres, c’est principalement au jour de la Naissance du Sauveur. Considérez, mes frères : Si un roi de la terre, ou tout homme puissant vous invitait à venir célébrer son jour natal ; combien seraient neufs, recherchés et a même splendides, les habits sous lesquels vous voudriez paraître ! Vous ne souffririez pas que rien de vieux, de vil ou de malpropre y offensât les yeux de celui qui vous eût invités. Faites preuve d’un zèle égal dans l’occasion présente ; et que vos âmes, parées des divers ornements des vertus, s’avancent embellies des perles de la simplesse et des fleurs de la sobriété. Que vos consciences soient dans le calme, aux approches de la solennelle Naissance du Sauveur. Qu’elles y paraissent brillantes de chasteté, éclatantes de charité, toutes blanches du mérite de l’aumône, brillantes de justice et d’humilité, et, par-dessus tout, illuminées par l’amour de Dieu. Que si le Seigneur Christ vous voit célébrer dans cette parure la fête de sa naissance, sachez qu’il ne se contentera pas de visiter vos âmes ; il poussera la condescendance jusqu’à venir s’y reposer et y habiter à jamais, ainsi qu’il est écrit : Voici que je viendrai et que j’habiterai en eux, et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. » Donc, chrétiens, hâtez-vous ; que ceux qui sont pécheurs se convertissent et deviennent justes ; que les justes se justifient encore ; que les saints se sanctifient encore ; car c’est le Seigneur Dieu qui vient, et non un autre.

 

    PROSE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.

        (Composée au XI° siècle, et tirée des anciens Missels Romains-Français.)

Jubilemus omnes una, Deo nostro qui creavit omnia; per quem condita sunt saecula; coeli sunt plurima luce coruscat, et diversa sidera. Sol mundi schema, noctium decus luna, conctaque splendentia. Mare, solum, alta, plana, et profunda flumina; aeris ampla spatia: quae discurrunt aves, venti atque pluvia. Haec simul cincta tibi soli Deo Patri militant. Nunc et in aevum, sine fine per saecula: laus eorum tua gloria, qui pro salute nostra Prolem unicam pati in terra misisti sine culpa, sed ob nostra delicta. Te, Sancta Trinitas, precamur, ut corpora nostra et corda regas et protegas, et dones peccatorum veniam. Amen.

    Chantons tous ensemble à notre Dieu créateur de toutes choses,

    Par qui les siècles ont été faits ;

    Et le ciel éblouissant de lumière, et les étoiles sans nombre ;

    Le soleil, gloire du monde ; la lune, ornement des nuits, et tout ce qui resplendit ;

    La mer, la terre, les hauteurs, les plaines, et les gouffres des fleuves ;

    Et les vastes espaces de l’air, que parcourent les oiseaux, les vents et les pluies ;

    Et tous ces êtres, ô Dieu Père, obéissent à vous seul comme une armée ;

    Maintenant et à jamais, sans fin, et par tous les siècles,

    Tous chantent un hymne à votre gloire ;

    A vous qui, pour notre salut, donnez votre Fils unique,

    Et l’envoyez souffrir en terre, victime innocente, pour nos péchés.

 

    Sainte Trinité, nous vous prions : gouvernez et conservez nos corps et nos cœurs, et donnez le pardon de nos péchés. Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL AMBROSIEN.

        (Au II° Dimanche de l’Avent, Praefatio.)

Vere dignum et justum est, aequum et salutare, nos tibi semper et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, aeterne Deus, per Christum Dominum nostrum: cujus Incarnatione salus facta est mundi, et Passione redemptio procurata est hominis procreati. Ipse nos, quaesumus, ad aeternum perducat praemium, qui redemit nos de tenebris infernorum: justificetque in Adventu secundo, qui nos redemit in primo: quatenus illius nos a malis omnibus defendat sublimitas, cujus nos ad vitam erexit humilitas.

 

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur, dont l’Incarnation a été le salut du monde, et dont la Passion a été la rédemption du genre humain. Qu’il daigne nous conduire à l’éternelle récompense, celui qui nous a rachetés des ténèbres des enfers ; qu’il nous justifie au second Avènement, celui qui nous a délivrés au premier ; afin que, comme son humilité nous a rétablis dans la vie, sa puissante majesté nous préserve des malheurs qui seront à craindre au dernier jour.

 

    LE VENDREDI DES QUATRE-TEMPS.

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

    L’Église ne lit rien du Prophète Isaïe en ce jour ; elle se contente de rappeler, à l’Office des Matines, le passage de l’Évangile où saint Luc raconte le mystère de la Visitation de la Sainte Vierge ; après quoi on lit un fragment du Commentaire de saint Ambroise sur ce même passage. Nous réservons, pour le Propre des Saints ci-après, les considérations et les affections que doit inspirer aux fidèles cette importante circonstance de la vie de la Mère de Dieu.

    La Station de ce jour est en l’Église des Saints-Apôtres, que plusieurs pensent avoir été bâtie d’abord par Constantin, et dans laquelle les glorieux corps des deux saints Apôtres Philippe et Jacques le Mineur, ensÈvelis sous l’autel, attendent le second Avènement de celui qui les choisit pour ses coopérateurs dans l’œuvre du premier, et aux côtés auquel ils siégeront sur des trônes au dernier jour, pour juger les douze Tribus d’Israël. (Matth. XIX.)

    Nous nous unirons aux intentions de la sainte Église, qui nous propose aujourd’hui la Visitation de la Sainte Vierge, en récitant la Prose suivante, composée à la louange de ce mystère, dans les siècles de foi :

 

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.

(Tirée des anciens Missels Romains-Français.)

Ave, verbi Dei parens,
Virginum humilitas,
Ave, omni nævo carens
Humilis virginitas.

Gaude, quæ sic gravidaris
Nec gravaris filio,
Gaude, quæ sic oneraris
Onere gratissimo.

Salve, Iesse stirpe orta
Virgula fructifera,
Salve, clausa templi porta,
Soli Deo pervia.

Plaude, vellus Gedeonis,
Rore madens pneumatis,
Plaude, pellis Salomonis,
Pulchrior præ ceteris.

Vale, Iacob micans stella
Et illustrans maria,
Vale, consignata cella,
Rubus in vi flammea.

Euge, sole quod amicta
Solem gignis, stellula,
Euge, quod sis præelecta
Scala cæli fulgida.

Pange, aurora consurgens
Luce novi sideris,
Pange, arcæ trina ferens
Charismata miseris.

Eia, magnificat tua
Iesum Christum anima,
Eia, tecum ut laudemus,
Ora, dulcis Maria.

 

SALUT Mère du Verbe divin, ô virginale humilité ! Salut, Mère sans tache humble virginité !

Soyez dans la joie, vous qui dÈvenez féconde, et votre fardeau n’est point lourd ; soyez dans la joie, vous dont le fils est un poids doux à porter.

Salut, rejeton de Jessé, branche en fruits féconde ; salut, porte close du temple, ouverte à Dieu seul.

Triomphez, toison de Gédéon, baignée de la rosée de l’Esprit-Saint ; triomphez, tente de Salomon, de toutes la plus éclatante.

Salut, Étoile scintillante de Jacob, dont la lueur illumine toutes les mers ; salut, demeure scellée, buisson à la puissante flamme.

Réjouissez-vous : le soleil est votre vêtement ; humble Étoile, vous enfanterez le Soleil. Réjouissez-vous, vous l’élue entre mille, la radieuse Échelle des cieux.

Chantez, vous l’aurore naissante dans l’éclat d’un astre nouveau. Chantez, vous l’Arche d’alliance, dont le sein garde trois trésors pour les pécheurs.

Il est temps que votre âme glorifie le Christ Jésus ; et pour que nous le chantions avec vous, priez, ô douce Marie ! Amen.

 

    PRIÈRE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.

        (In Adventu Domini, Collecte.)

Purifica, Domine Deus, Pater omnipotens, pectorum arcana nostrorum, cunctasque propitius maculas ablue peccatorum: ac praesta, Domine, ut benedictione pietatis tuae a nostris criminibus mundati, metuendum terribilemque Adventum Domini nostri Jesu Christi expectemus interriti.

Purifiez, Seigneur Dieu tout-puissant, les secrets de nos cœurs ; et dans votre miséricorde, lavez toutes les taches de nos péchés. Faites, Seigneur, que par votre clémence à jamais bénie, étant dégagés de nos crimes, nous puissions attendre sans frayeur le redoutable et terrible Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

    LE SAMEDI DES QUATRE-TEMPS.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

    La lecture du Prophète Isaïe est encore suspendue en ce jour, et remplacée à Matines par une Homélie sur l’Évangile de la Messe. Cet Évangile se trouvant répété à la Messe du IVe Dimanche de l’Avent, qui est demain, nous ne nous en occuperons pas aujourd’hui. Nous donnerons seulement ici la raison pour laquelle le Missel n’assigne qu’un seul Évangile à ces deux Messes.

    L’usage fut d’abord, dans l’Église Romaine, de célébrer l’Ordination dans la nuit du Samedi au Dimanche, en la même manière qu’on administrait le Baptême aux catéchumènes dans la nuit du Samedi saint au jour de Pâques. La cérémonie avait lieu vers et se prolongeait toujours d’une manière notable sur le Dimanche, en sorte que la Messe de l’Ordination comptait pour celle du Dimanche lui-même. Plus tard, la discipline s’adoucit, et ces veilles pénibles furent supprimées ; on avança la Messe de l’Ordination, comme on a avancé aussi celle du Samedi saint ; en sorte que le quatrième Dimanche de l’Avent et le deuxième de Carême n’ayant point eu jusqu’alors d’Évangile propre, puisqu’ils n’avaient pas de Messe propre, il fut réglé, vers les X° ou XI° siècles, qu’on répéterait l’Évangile de la Messe de l’Ordination dans la Messe spéciale de ces deux Dimanches.

    La Station est à Saint-Pierre, le Samedi, à cause de l’Ordination. Cette Basilique convenait mieux que toute autre pour réunir le peuple, ayant toujours été une des plus vastes de la ville de Rome.

    Honorons Marie en ce jour du Samedi qui lui est consacré, en nous unissant aux cantiques de l’Église Orientale, toujours inépuisable dans les louanges de la Mère de Dieu.

 

    HYMNE TIRÉE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS.

        (Au XV Décembre.)

    Ut thronus purpuriformis Creatorem fers; ut animatus thalamus regem circumdas, Deo gratissima.

Virga virtutis germinasti Christum in quo stabilimur; te enim figurabat virga Aaron, olim germinans inculta; casta columba, semper Virgo.

Hymnificare modum superadmirabilem, et omnem sensum superantem extraordinariae tuae graviditatis nesciunt omnium hominum catervae; omnem enim mentem et cogitationem praetergreditur, ac intelligentias, omnium et verborum virtutem. Miraculum inenarrabile conceptionis atque immemorandum gestationis tuae prodigium videns Isaias, divina voce clamabat: Spiritus sanctus supervenit in te, Dei Mater! rubum te servans ut olim incombustum; et ideo cum angelo clamamus: Gaude, Dei tabernaculum.

 

    Comme un trône empourpré, vous portez le créateur ; comme une couche vivante, vous entourez le roi, ô pleine de divines grâces !

Tige vigoureuse, vous avez produit comme un rejeton le Christ notre appui : car elle était votre figure, la Verge d’Aaron bourgeonnant autrefois sans culture ; ô chaste colombe ! ô toujours vierge !

Chanter la manière admirable de votre étonnante et incompréhensible maternité, est chose impossible aux mortels ; car elle dépasse toute intelligence, toute pensée, toutes les conceptions de l’esprit, toute la force des paroles.

Isaïe voyant votre indicible, votre ineffable maternité, s’écriait dans son accent divin : L’Esprit-Saint est survenu en vous, ô Mère de Dieu ! il vous a conservée comme autrefois le buisson ardent, sans vous consumer ; c’est pourquoi nous aussi, nous crions avec les Anges : Réjouissez-vous, ô tabernacle de Dieu !

 

    PRIERE DU MISSEL MOZARABE.

        (Au Ve Dimanche de l’Avent, Illatio.)

    Dignum et justum est nos tibi gratias agere, Domine sancte, Pater aeterne, omnipotens Deus, per Jesum Christum Filium tuum Dominum nostrum. Ejus incarnatio salus facta est mundi, at passio exstitit redemptio hominis procreati. Ipse igitur nos, omnipotens Pater, quaesumus, perducat ad praemium, qui redemit de tenebris infernorum. Ipse carnem nostram a delictis emaculet, qui eam suscepit ex Virgine. Ipse nos laesos tuas restituat majestati, qui nos tibi per sanguinem suum reconciliavit. Ipse nos secundi adventus examinatione justificet, qui in primo contulit donum gratias suae. Ipse ad judicandum veniat mitis, qui olim apparuit humilis. Ipse in judicium ostendatur nobis mitissimus, qui dudum venit occultus.

 

    C’est une chose digne et juste que nous vous rendions grâces, Seigneur saint, Père éternel , Dieu tout-puissant, par Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, dont l’Incarnation a été le salut du monde , comme sa Passion en a été la rédemption. Que celui-là donc, ô Père tout-puissant ! nous fasse parvenir à la récompense, qui nous a retirés des ténèbres infernales ; qu’il purifie notre chair de ses péchés, celui qui a pris cette chair dans la Vierge ; qu’il nous fasse rentrer en grâce avec votre majesté, celui qui par son sang nous a réconciliés avec vous ; qu’il nous rende justes pour le jugement qu’il exercera au second Avènement, celui qui, dans le premier, nous a accordé le don de sa grâce ; qu’il soit pour nous un juge plein de douceur, celui qui autrefois daigna apparaître dans l’humilité ; qu’il se montre envers nous clément dans sa sentence, celui qui ne se manifesta que dans le secret de ses abaissements.

 

    LE QUATRIÈME DIMANCHE DE L’AVENT

 

    (Si ce Dimanche tombe le 24 Décembre, on l’omet cette année-là, et on fait l Office de la Vigile de Noël, ci-après au Propre des Saints, 24 Décembre.)

    Nous voici entrés dans la Semaine qui précède immédiatement la Naissance du Messie : dans sept jours au plus tard, il viendra ; et selon la longueur du temps de l’Avent, laquelle varie chaque année, il se peut que l’Avènement tant désiré ait lieu dans six jours, dans trois jours, demain même. L’Église compte les heures d’attente ; elle veille jour et nuit, et ses Offices ont pris une solennité inaccoutumée depuis le 17 Décembre. A Laudes, elle varie chaque jour les Antiennes ; à Vêpres, elle exprime avec tendresse et majesté ses désirs d’Épouse par de brûlantes exclamations vers le Messie, dans lesquelles elle lui donne chaque jour un titre magnifique emprunté au langage des Prophètes.

    Aujourd’hui 3 elle veut frapper le dernier coup pour émouvoir ses enfants. Elle les transporte dans la solitude ; elle leur montre Jean-Baptiste, de la mission duquel elle les a déjà entretenus au troisième Dimanche. La voix de cet austère Précurseur ébranle le désert, et se fait entendre jusque dans les cités. Elle prêche la pénitence, la nécessité de se purifier en attendant celui qui va paraître. Retirons-nous à l’écart durant ces jours ; ou si nous ne le pouvons faire à raison de nos occupations extérieures, retirons-nous dans le secret de notre cœur et confessons notre iniquité, comme ces vrais Israélites qui venaient, pleins de componction et de foi dans le Messie, achÈver, aux pieds de Jean-Baptiste, l’œuvre de leur préparation à le recevoir dignement, lorsqu’il allait paraître.

    Or, voici la sainte Église qui, avant d’ouvrir le livre du Prophète, nous dit à l’ordinaire, mais avec une solennité de plus en plus grande :

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. xxxv.

    Laetabitur deserta et invia, et exsultabit solitudo, et florebit quasi lilium. Germinans germinabit, et exsultabit laetabunda et laudans; gloria Libani data est ei, decor Carmeli et Saron. Ipsi videbunt gloriam Domini, et decorem Dei nostri. Confortate manus dissolutas, et genua debilia roborate. Dicite pusillanimis: Confortamini, et nolite timere. Ecce Deus vester ultionem adducet retributionis: Deus ipse veniet et salvabit vos. Tunc aperientur oculi caecorum, et aures surdorum patebunt. Tunc saliet sicut cervus claudus, et aperta erit lingua mutorum: quia scissae sunt in deserto aquae, et torrentes in solitudine. Et quae erat arida, erit in stagnum, et sitiens in fontes aquarum. In cubilibus, in quibus prius dracones habitabant, orietur viror calami et junci. Et erit ibi semita et via, et via sancta vocabitur, non transibit per eam pollutus; et haec erit vobis directa via, ita ut stulti non errent per eam. Non erit ibi leo, et mala bestia non ascendet per eam, nec invenietur ibi: et ambulabunt qui liberati fuerint. Et redempti a Domino convertentur, et venient in Sion cum laude, et laetitia sempiterna super caput eorum; gaudium et laetitiam obtinebunt, et fugiet dolor et gemitus.

 

Du Prophète Isaïe. CHAP. XXXV.

    La terre déserte et sans chemin se réjouira, et la solitude tressaillera et fleurira comme le lis. Elle poussera et germera de toutes parts ; et elle sera dans une effusion de joie et de louange. La gloire du Liban lui a été donnée, la beauté du Carmel et de Saron. Ils verront eux-mêmes la gloire du Seigneur et la beauté éclatante de notre Dieu. Fortifiez les mains languissantes et raffermissez les genoux tremblants. Dites à ceux qui ont le cœur abattu : Prenez courage, et ne craignez pas point ; voici votre Dieu, qui vient vous venger et rendre à vos ennemis ce qu’ils méritent. Dieu viendra lui-même, et il vous sauvera. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront, et les oreilles des sourds seront accessibles. Alors le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée ; parce que des sources d’eau couleront au désert, et des torrents dans la solitude. Et la terre qui était desséchée sera un étang, et celle qui était altérée une fontaine d’eau vive. Dans les cavernes où les dragons habitaient auparavant, naîtra la verdure du roseau et du jonc. Et il y aura là un sentier et un chemin battu, et cette voie sera appelée sainte ; celui qui est impur n’y passera point. Elle sera pour vous une voie droite, en sorte que les ignorants y marcheront sans s’égarer. Il n’y aura point là de lion, et la bête farouche n’y montera point, ni ne s’y rencontrera. Et ceux qui auront été délivrés y marcheront, et ceux que le Seigneur aura rachetés retourneront et viendront en Sion avec des cantiques de louange ; ils seront couronnés d’une allégresse éternelle ; le ravissement de leur joie ne les quittera point ; la douleur et le gémissement fuiront loin d’eux.

 

    Elle sera donc bien grande, ô Jésus ! la joie de votre venue, si elle doit briller sur notre front à jamais comme une couronne ! Mais comment n’en serait-il pas ainsi ? Le désert même, à votre approche, fleurit comme un lis, et des eaux vives jaillissent du sein de la terre la plus altérée. O Sauveur ! venez vite nous donner de cette Eau dont votre Cœur est la source, et que la Samaritaine, qui est notre image à nous pécheurs, vous demandait avec tant d’instances. Cette Eau est votre Grâce ; qu’elle arrose notre aridité, et nous fleurirons aussi ; qu’elle désaltère notre soif, et nous courrons la voie de vos préceptes et de vos exemples, ô Jésus ! avec fidélité, sur vos pas. Vous êtes notre Voie, notre sentier vers Dieu ; et Dieu, c’est vous-même : vous êtes donc aussi le terme de notre route. Nous avions perdu la voie, nous nous étions égarés comme des brebis errantes : que votre amour est grand de venir ainsi après nous ! Pour nous apprendre le chemin du ciel, vous ne dédaignez pas d’en descendre, et vous voulez faire avec nous la route qui y conduit. Non, désormais nos bras ne sont plus abattus ; nos genoux ne tremblent plus ; nous savons que c’est dans l’amour que vous venez. Une seule chose nous attriste : c’est de voir que notre préparation n’est pas parfaite. Nous avons encore des liens à rompre ; aidez-nous, ô Sauveur des hommes ! Nous voulons écouter la voix de votre Précurseur, et redresser tout ce qui offenserait vos pas sur le chemin de notre cœur, ô divin Enfant ! Que nous soyons baptisés dans le Baptême d’eau de la pénitence ; vous viendrez ensuite nous baptiser dans le Saint-Esprit et dans l’amour.

 

    A LA MESSE.

    Le Prophète a excité notre soif en nous parlant L de la limpidité et de la fraîcheur des sources qui jaillissent à l’arrivée du Messie ; demandons, avec la sainte Église, la rosée qui rafraîchira notre cœur, la pluie qui le rendra fécond.

    INTROÏT.

Rorate coeli desuper, et nubes pluant Justum: aperiatur terra, et germinet Salvatorem.
Ps. Caeli enarrant gloriam Dei: et opera manuum ejus annuntiat firmamentum. V. Gloria Patri. Rorate.

 

Cieux, répandez la rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste : que la terre s’ouvre, et qu’elle germe le Sauveur.

Ps. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie l’ouvrage de ses mains. Gloire au Père. Cieux.

 

    Dans la Collecte, l’Église fait instance pour être délivrée au plus tôt ; elle craint que ses péchés ne soient la cause du retard que l’Époux met avenir ; elle se recommande à sa miséricorde pour franchir cet obstacle.

    COLLECTE.

    Excita, quaesumus, Domine, potentiam tuam, et veni, et magna nobis virtute succurre: ut per auxilium gratiae tuae quod nostra peccata praepediunt, indulgentia tuae propitiationis acceleret. Qui vivis et regnas in saecula saeculorum. Amen.

    Faites paraître, Seigneur, votre puissance, et venez ; secourez-nous par votre grande force, afin que par le secours de votre grâce, votre indulgence miséricordieuse daigne accélérer le remède dont nos péchés nous rendent indignes ; Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.

 

    Les Oraisons de la Sainte Vierge, contre les persécuteurs de l’Église et pour le Pape, sont à la Messe du premier Dimanche de l’Avent, page 63.

    ÉPÎTRE.

Lectio Epistolae Beati Pauli Apostoli ad Corinthios. Cap. iv.

Fratres, sic nos existimet homo ut ministros Christi, et dispensatores mysteriorum Dei. Hic jam quaeritur inter dispensatores ut fidelis quis inveniatur. Mihi autem pro minimo est ut a vobis judicer, aut ab humano die: sed neque meipsum judico. Nihil enim mihi conscius sum: sed non in hoc justificatus sum: qui autem judicat me Dominus est. Itaque nolite ante tempus judicare, quo-adusque veniat Dominus: qui et illuminabit abscondita tenebrarum, et manifestabit consilia cordium: et tunc laus erit unicuique a Deo.

 

Lecture de l’Épître de saint Paul, Apôtre, aux Corinthiens. CHAP. IV.

    Mes Frères, que l’homme nous considère comme les ministres de Jésus-Christ, et comme les dispensateurs des Mystères de Dieu. Or, ce qui est à désirer dans les dispensateurs est qu’ils soient trouvés fidèles. Pour moi, je me mets fort peu en peine d’être jugé par vous, ou par quelque homme que ce soit : et je ne me juge pas moi-même. Car, encore que ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas justifié pour cela ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur. C’est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui produira à la lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et découvrira les pensées des cœurs : alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due.

 

    L’Église remet sous les yeux des peuples, dans cette Épître, la dignité du Sacerdoce chrétien, à l’occasion de l’Ordination qu’on a célébrée la veille, et rappelle en même temps aux Ministres sacrés l’obligation qu’ils ont contractée de se montrer fidèles dans la charge qui leur a été imposée. Au reste, il n’appartient pas aux brebis de juger le pasteur : tous, prêtres et peuple, doivent vivre dans l’attente du jour de l’Avènement du Sauveur, de ce dernier Avènement dont la terreur sera aussi grande qu’est attrayante la douceur du premier, et du second auquel nous préparons nos âmes. Après avoir fait retentir dans l’assemblée ces paroles sévères, la sainte Église reprend le cours de ses espérances, et célèbre encore l’arrivée prochaine de l’Époux.

        GRADUEL

Prope est Dominus omnibus invocantibus eum, omnibus qui invocant eum in veritate.

V. Laudem Domini loquetur os meum: et benedicat omnis caro nomen sanctum ejus. Alleluia, alleluia.

V. Veni, Domine, et noli tardare: relaxa facinora plebi tuae Israel. Alleluia.

 

Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

V/. Ma bouche annoncera la louange du Seigneur ; que toute chair bénisse son saint Nom.

Alleluia, alleluia.

V/. Venez, Seigneur, et ne tardez plus : pardonnez les crimes d’Israël votre peuple. Alleluia.

 

    ÉVANGILE.

Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. iii.

    Anno quintodecimo imperii Tiberii Caesaris. procurante Pontio Pilato Judaeam, tetrarcha autem Galilaeae Herode, Philippo autem fratre ejus tetrarcha Ituraeae, et Trachonitidis regionis, et Lysania Abilinae tetrarcha, sub principibus sacerdotum Anna et Caipha: factum est verbum Domini super Joannem Zachariae filium in deserto. Et venit in omnem regionem Jordanis, praedicans baptismum paenitentiae in remissionem peccatorum; sicut scriptum est in libro sermonum Isaiae prophetae: Vox clamantis in deserto: Parate viam Domini: rectas facite semitas ejus: omnis vallis implebitur, et omnis mons et collis humiliabitur: et erunt prava in directa, et aspera in vias planas: et videbit omnis caro salutare Dei.

 

La suite du saint Évangile selon saint LUC. CHAP. III.

    L’an quinzième de l’empire de Tibère César, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe son frère, de l’Iturée et de la province de Traconite ; et Lysanias, d’Abilène ; Anne et Caïphe étant grands-prêtres ; Dieu fit entendre sa parole à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans tout le pays qui est aux environs du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés ; ainsi qu’il est écrit au livre des paroles du prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits ses sentiers. Toute vallée sera remplie, et toute montagne et toute colline sera abaissée ; les chemins tortueux deviendront droits, les raboteux seront aplanis. Et toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu.

 

    Vous êtes proche, Seigneur, car l’héritage de votre peuple a passé aux mains des Gentils, et la terre que vous aviez promise à Abraham n’est plus aujourd’hui qu’une province de ce vaste empire qui doit précéder le vôtre. Les oracles des Prophètes s’exécutent de jour en jour ; la prédiction de Jacob lui-même est accomplie : Le sceptre est ôté de Juda. Tout se prépare pour votre arrivée, ô Jésus ! C’est ainsi que vous renouvelez la face de la terre : daignez aussi renouveler mon cœur, et soutenir son courage, dans ces dernières heures qui précèdent votre venue. Il sent le besoin de se retirer au désert, d’implorer le baptême de la pénitence, de redresser ses voies : faites tout cela en lui, divin Sauveur, afin qu’au jour où vous allez descendre sa joie soit pleine et parfaite.

    Pendant l’Oblation, l’Église salue la glorieuse Vierge dont les flancs recèlent encore le salut du monde. O Marie ! donnez-nous bientôt celui qui vous remplit de sa présence et de sa grâce. Le Seigneur est avec vous, ô Marie incomparable ; mais l’heure approche où il sera aussi avec nous ; car son nom est Emmanuel.

    OFFERTOIRE.

Ave, Maria, gratia plena: Dominus tecum: benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni est le fruit de vos entrailles.

    SECRETE.

Sacrificiis praesentibus, quaesumus, Domine, placatus intende: ut et devotioni nostrae proficiant, et saluti. Per Dominum.

Daignez, Seigneur, recevoir favorablement ces offrandes, afin qu’elles servent à témoigner notre religion et à nous obtenir le salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

    Les autres Secrètes comme au premier Dimanche, page 65.

 

    Pendant la Communion, l’Église, toute pleine du Dieu qui vient de descendre en elle, emprunte les paroles d’Isaïe pour célébrer la Vierge mère, et ce chant lui convient aussi, à elle qui vient d’être mystérieusement visitée par le même Fils de Dieu dont le sein de Marie est le tabernacle.

    COMMUNION.

    Ecce Virgo concipiet, et pariet filium: et vocabitur nomen ejus Emmanuel. 

Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel.

    POSTCOMMUNION.

Sumptis muneribus, quaesumus, Domine: ut cum frequentatione mysterii crescat nostrae salutis effectus. Per Dominum.

Après avoir reçu les dons sacrés, nous vous supplions, Seigneur, de faire naître en nous, par la fréquentation de ce Mystère, l’effet de notre rédemption. Par notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.

    Les autres Postcommunions comme au premier Dimanche, page 66.

 

    A VÊPRES.

    (Si la Vigile de Noël se trouvait coïncider avec le quatrième Dimanche de l’Avent, on chanterait les premières Vêpres de Noël, en place de celles qui suivent.)

 

1. ANT. Canite tuba in Sion, quia prope est dies Domini: ecce veniet ad salvandum nos, alleluia, alleluia.
2. ANT. Ecce veniet desideratus cunctis Gentibus: et replebitur gloria domus Domini, alleluia.
3. ANT. Erunt prava in directa, et aspera in vias planas: veni, Domine, et noli tardare, alleluia.
4. ANT. Dominus veniet, occurrite illi, dicentes: Magnum principium, et regni ejus non erit finis; Deus, Fortis, Dominator, Princeps pacis, alleluia, alleluia.
5. ANT. Omnipotens sermo tuus, Domine, a regalibus sedibus veniet, alleluia.

 

1. Ant. Sonnez de la trompette dans Sion ; car le jour du Seigneur est proche : voici qu’il vient nous sauver. Alleluia. Alleluia.

2. Ant. Voici qu’il va venir, le Désiré de toutes les nations, et la maison du Seigneur sera remplie de gloire. Alleluia. Alleluia.

3. Ant. Les chemins tortueux seront redressés, et les chemins raboteux seront aplanis :

4. Ant. Le Seigneur va venir ; allez à sa rencontre, et dites : Grande est sa puissance, et son règne n’aura pas de fin ; il est le Dieu, le Fort, le Dominateur, le Prince de la paix. Alleluia. Alleluia.

5. Ant. Seigneur, votre toute-puissante Parole va descendre de ses royales demeures. Alleluia.

 

CAPITULE

Fratres, sic nos existimet homo ut ministros Christi, et dispensatores mysteriorum Dei. Hic jam quaeritur inter dispensatores ut fidelis quis inveniatur.

Mes Frères, que l’homme nous considère comme les Ministres de Jésus-Christ,et comme les dispensateurs des Mystères de Dieu. Or, ce qui est à désirer dans les dispensateurs, c’est qu’ils soient trouvés fidèles.

 

    L’Hymne Creator alme siderum, et le Cantique Magnificat, sont aux pages 53 et 54.

    On chante, à Magnificat, celle des Grandes Antiennes qui est marquée pour le jour du mois de Décembre auquel tombe le quatrième Dimanche.

OREMUS
Excita, quaesumus, Domine, potentiam tuam, et veni, et magna nobis virtute succurre: ut per auxilium gratiae tuae quod nostra peccata praepediunt, indulgentia tuae propitiationis acceleret Qui vivis et regnas.

    PRIONS

Faites paraître, Seigneur, votre pouvoir, et venez ; secourez-nous par votre vertu toute-puissante, afin que, par le secours de votre grâce, votre indulgence miséricordieuse daigne accélérer le remède dont nos péchés nous rendent indignes ; Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

 

    LE LUNDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. XLI.

Et tu, Israël, serve meus, Jacob quem elegi, semen Abraham amici mei: in quo apprehendi te ab extremis terræ, et a longinquis ejus vocavi te, et dixi tibi: Servus meus es tu: elegi te, et non abjeci te. Ne timeas, quia ego tecum sum; ne declines, quia ego Deus tuus: confortavi te, et auxiliatus sum tibi, et suscepit te dextera Justi mei. Ecce confundentur et erubescent omnes qui pugnant adversum te; erunt quasi non sint, et peribunt viri qui contradicunt tibi. Quæres eos, et non invenies, viros rebelles tuos; erunt quasi non sint, et veluti consumptio homines bellantes adversum te. Quia ego Dominus Deus tuus, apprehendens manum tuam, dicensque tibi: Ne timeas:ego adjuvi te. Noli timere, vermis Jacob, qui mortui estis ex Israël: ego auxiliatus sum tibi, dicit Dominus, et redemptor tuus Sanctus Israël. Ego posui te quasi plaustrum triturans novum, habens rostra serrantia; triturabis montes, et comminues, et colles quasi pulverem pones. Ventilabis eos, et ventus tollet, et turbo disperget eos; et tu exsultabis in Domino, in Sancto Israël lætaberis.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XLI.

    Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j’ai élu, fils d’Abraham mon ami, et dans lequel je t’ai pris des extrémités de la terre, je t’ai appelé à moi d’un pays lointain, et je t’ai dit : Tu es mon serviteur, je t’ai élu et je ne t’ai pas rejeté. Ne crains point, parce que je suis avec toi ; ne te détourne point, car je suis ton Dieu ; je t’ai fortifié, je t’ai secouru, et la droite du Juste que je t’ai envoyé t’a soutenu. Voici que tous ceux qui combattent contre toi seront confondus et rougiront de honte : ils seront comme s’ils n’étaient pas, et ils périront, ceux qui s’opposent à toi. Tu les chercheras, et tu ne les trouveras pas, ces hommes qui s’élevaient contre toi ; et ceux qui te faisaient la guerre seront comme s’ils n’avaient jamais été et disparaîtront ; car je suis le Seigneur ton Dieu qui prends ta main et te dis : Ne crains pas ; c’est moi qui te soutiens. Ne crains point, ô Jacob ! faible vermisseau, ni vous, enfants d’Israël, qui êtes morts : c’est moi qui suis venu te secourir, dit le Seigneur ; et c’est le Saint d’Israël qui est ton Rédempteur. Je te ferai semblable à un chariot tout neuf, qui foule des blés, qui a des dents de fer : tu fouleras et tu briseras les montagnes, et tu réduiras en poudre les collines. Tu les vanneras, et le vent les emportera, et la tempête les dissipera : et toi, tu tressailleras dans le Seigneur, tu te réjouiras dans le Saint d’Israël.

    

    C’est ainsi que vous nous relevez dans notre bassesse, ô Fils éternel du Père ! c’est ainsi que vous nous rassurez contre les trop légitimes terreurs que nous causent nos péchés. « Israël, mon serviteur, nous dites-vous, Jacob que j’ai élu, fils d’Abraham mon ami, je t’ai appelé de bien loin : ne crains point, car je suis avec toi. » Mais pour être ainsi avec nous, ô Verbe divin ! de quelles hauteurs ne vous a-t-il pas fallu descendre ! Nous ne pouvions venir à vous ; un chaos immense vous séparait de nous. Bien plus, nous n’avions aucun désir de vous voir ; tant nos péchés avaient appesanti notre cœur ! et d’ailleurs, nos yeux n’auraient pu supporter votre éclat. Dans cette extrémité, vous êtes descendu en personne, et, voilé de votre humanité comme d’un nuage, vous vous êtes donné à voir à nos faibles yeux.     « Qui doutera, s’écrie saint Bernard dans son premier Sermon de l’Avent, qui doutera que ce ne soit là une grande chose, qu’une si sublime Majesté ait daigné descendre de si haut dans un lieu si indigne ? Oui, certes, c’est là une grande a chose ; car c’est une miséricorde immense, une pitié excessive, une charité infinie. En effet, pourquoi vient-il ? Il vient chercher sa centième brebis qui s’était égarée. O admirable condescendance d’un Dieu ! ô dignité sublime de l’homme, objet d’une telle recherche ! Certes, si l’homme s’en glorifie, ce ne sera pas sans motif, non pas qu’il doive se considérer en cela comme s’il était quelque chose par lui-même ; mais bien parce qu’il est l’objet d’une telle estime de la part de son auteur. Toutes les richesses, toute la gloire du monde, tout ce qu’on désire dans le monde, est moins que cette gloire ; que dis-je ? n’est rien en comparaison. O Seigneur ! qu’est-ce donc que l’homme, pour que vous le traitiez avec tant de gloire, pour que vous lui attachiez ainsi votre Cœur ? » Montrez-vous donc bientôt à vos brebis, ô divin Pasteur ! Vous les connaissez, vous les avez vues du haut du ciel, vous les contemplez avec amour, du sein de Marie où vous reposez encore ; elles veulent vous connaître aussi ; elles ont hâte de considérer vos traits chéris, d’entendre votre voix, d’entrer dans les heureux pâturages que vous leur promettez.

HYMNE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.

(Composée par saint Ambroise ; elle est au Bréviaire Ambrosien, au VI° Dimanche de l’Avent.)

Mysterium Ecclesiæ
Hymnum Christo referimus,
Quem genuit Puerpera
Verbum Patris in Fílium.
 Sola in sexu femina
Electa es in saeculo,
Et meruísti Dominum
Sancto portáre in utero.
Mysterium hoc magnum est,
Mariæ quod concessum est,
Ut Deum per quem omnia
Ex se videret progredi.
Vere gratia plena es,

Et gloriosa permanes,

Quia ex te natus est Christus

Per quem facta sunt omnia.
Rogemus ergo, Populi
Dei Matrem et Virginem
Ut ipsa nobis impetret
Pacem et indulgentiam.
Jesu, Tibi sit gloria
Qui natus es de Virgine
Cum Patre et almo Spiritu
In sempiterna saecula. Amen.

 

C’est un mystère de l’Église, c’est une Hymne que nous chantons au Verbe du Père, dÈvenu le fils d’une Vierge.

Seule entre toutes les femmes, vous avez été choisie dans le monde, et jugée digne de porter le Seigneur en vos saintes entrailles.

Ce mystère est grand ! A Marie seule le privilège de voir naître de son sein le Dieu qui a créé toutes choses.

Vraiment vous êtes pleine de grâce, et votre gloire demeure à jamais ; car de vous est né le Christ par qui toutes choses furent faites.

Peuples, implorons la Vierge Mère de Dieu, afin qu’elle nous obtienne à tous paix et indulgence.

Gloire à vous, Seigneur , qui êtes né de la Vierge ; gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles sans fin. Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL AMBROSIEN.

    (En la Messe du Ve Dimanche de l’Avent.)

    Deus, qui, hominem delapsum in mortem conspiciens, Unigeniti tui Adventu redimere voluisti, praesta, quaesumus, ut, qui humili eius Incarnationem devotione fatentur, ipsius etiam Redemptoris consortia mereantur. Qui tecum vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen.

    O Dieu , qui ayant vu l’homme tombé dans la mort, l’avez voulu racheter par l’Avènement de votre Fils unique ; faites, nous vous en prions, que ceux qui confessent sa glorieuse Incarnation méritent d’obtenir la société éternelle de ce divin Rédempteur, qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

    LE MARDI DE LA QUATRIEME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. XLII

Ecce servus meus, suscipiam eum; electus meus, complacuit sibi in illo anima mea: dedi spiritum meum super eum: judicium gentibus proferet. 2Non clamabit, neque accipiet personam, nec audietur vox ejus foris. Calamum quassatum non conteret, et linum fumigans non extinguet: in veritate educet judicium. Non erit tristis, neque turbulentus, donec ponat in terra judicium; et legem ejus insulæ exspectabunt. Hæc dicit Dominus Deus, creans cælos, et extendens eos; formans terram, et quæ germinant ex ea; dans flatum populo qui est super eam, et spiritum calcantibus eam: Ego Dominus vocavi te in justitia, et apprehendi manum tuam, et servavi te: et dedi te in fœdus populi, in lucem gentium, ut aperires oculos cæcorum, et educeres de conclusione vinctum, de domo carceris sedentes in tenebris.

Du Prophète Isaïe. CHAP. XLII.

    Voici mon serviteur, je le soutiendrai ; mon élu dans lequel mon âme a mis toute son affection. J’ai répandu mon Esprit sur lui : il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point ; il n’aura point acception de personne, et on n’entendra point sa voix au dehors. Il ne brisera point le roseau déjà éclaté, et il n’éteindra point la mèche qui fume encore : il rendra justice selon la vérité. Il ne sera point triste ni violent, jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre ; et les îles attendront sa loi. Voici ce que dit le Seigneur Dieu qui a créé les cieux et qui les a étendus, qui affermit la terre et tout ce qui germe en son sein, qui donne le souffle au peuple qui l’habite, et la vie à ceux qui la foulent. Moi le Seigneur, et j’ai appelé dans la justice ; je t ai pris par la main, et je t’ai gardé ; je t’ai établi pour être l’alliance du peuple, la lumière des nations : pour que tu ouvrisses les yeux des aveugles, pour que tu tirasses de la prison celui qui était enchaîné, et de la maison de captivité ceux qui étaient assis dans les ténèbres.

 

    Que votre arrivée en ce monde est douce et pacifique, ô Jésus ! On n’entend point votre voix retentir avec empire ; et vos mains, encore immobiles au sein maternel, n’essaient même pas de rompre le faible roseau qu’un souffle achèverait de briser. Que venez-vous donc faire dans ce premier Avènement ? Votre Père céleste nous l’apprend par le Prophète. Vous venez pour être un gage d’alliance entre le ciel et la terre. O Enfant divin ! à la fois Fils de Dieu et fils de l’homme, bénie soit votre venue au milieu des hommes ! Votre berceau sera l’Arche de notre salut ; et quand vous marcherez sur la terre, ce sera pour nous éclairer et nous délivrer de la prison des ténèbres. Il est donc bien juste que nous allions au-devant de vous, et d’autant plus que vous faites à vous seul la plus grande partie du chemin. « C’est bien le moins, dit saint Bernard dans son premier Sermon de l’Avent, quand le malade n’a pas la force de marcher au-devant de son Médecin, qu’il tâche de soulÈver la tête, et de faire quelques mouvements à sa rencontre. Il ne s’agit donc pas, ô homme ! dépasser les mers, de pénétrer les nuages, de franchir a les montagnes : non, le chemin n’est pas considérable. Va seulement jusqu’à toi-même, et tu rencontreras ton Dieu : car il est dans ta bouche, il est dans ton cœur. Va au-devant de lui jusqu’à la componction de ton cœur, jusqu’à la confession de ta bouche ; sors seulement du bourbier de ta malheureuse conscience ; car l’auteur de la pureté ne saurait la choisir pour asile dans l’état où elle est présentement. » Gloire à vous donc, ô Jésus, qui ménagez les fractures du roseau, afin qu’il puisse rÈverdir et fleurir au bord des eaux dont vous êtes la source ! gloire à vous, dont le souffle tout-puissant se modère, afin de n’étouffer pas la dernière étincelle de cette mèche qui s’éteint, mais qui, n’étant pas encore froide, peut se raviver et luire pour le festin de l’Époux.

HYMNE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.

(Composée par saint Pierre Damien.)

Terrena cuncta jubilent Astra laudibus intonent, Virginis ante thalamum Laudes alternent dramatum
Haec virgo verbo gravida fit paradisi janua, Quae Deum mundo reddidit, caelum nobis aperuit
Felix ista puerpera Evae lege liberrima, Quae concepit de Spiritu, emisit sine gemitu.
Dives Mariae gremium Mundi gestavit pretium, Quo gloriamur redimi soluti jugo debiti
Quam Patris implet Filius, sanctus obumbrat Spiritus, Caelum fiunt castissima Sanctae puellae viscera.
Sit tibi laus Altissime, Qui natus es de Virgine, Sit honor ineffabili Patri sanctoque Flamini. Amen.

 

Que toute la terre soit en jubilation, que les astres retentissent de nos chants, et qu’un double chœur, au ciel et sur la terre, répète l’épithalame de la Vierge.

Cette Vierge que remplit le Verbe, devient la Porte du Paradis ; elle a rendu Dieu au monde, elle nous a ouvert les cieux.

Heureuse Mère ! affranchie de la loi d’Ève, elle a conçu sans le secours de l’homme, enfanté sans gémissement.

Sein de Marie, riche trésor ! Il a porté le prix du monde, ce prix glorieux de notre rachat, à nous qu’il a dégagés d’une dette accablante.

Le Fils du Père repose en elle, l’Esprit-Saint la couvre de son ombre ; les très pures entrailles de la Vierge sont dÈvenues le ciel.

Louange soit à vous, Très-Haut, né d’une Vierge ; ineffable honneur soit au Père et au Saint-Esprit.     Amen.

 

    PRIÈRE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.

        (In Adventu Domini, Oratio post Prophetiam.)

    Opifex lucis alme, plebis visitator immeritae, qui illa prophetalium vaticiniorum oracula, quae saeculis fuerunt nuntiata, beati Johannis ore exples, opere perficis, professione peragis ; concede plebi supplici tibi sine formidine famulari ; ut per viscera misericordiae repleti scientia, veritate dirigi mereamur.

    Auteur de la lumière, qui fécondez toutes choses, vous qui venez visiter un peuple indigne de cet honneur, et qui, parla bouche du bienheureux Jean, accomplissez les oracles prophétiques qui retentirent dans les siècles, en même temps que vous les exécutez par les œuvres qu’il fait paraître au désert ; accordez à votre peuple qui vous en supplie la grâce de vous servir sans crainte, afin que, par les entrailles de votre miséricorde , étant remplis de science, nous méritions d’être dirigés par la vérité.

 

    LE MERCREDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. LI

Audite me, qui sequimini quod justum est, et quæritis Dominum; attendite ad petram unde excisi estis, et ad cavernam laci de qua præcisi estis. Attendite ad Abraham, patrem vestrum, et ad Saram, quæ peperit vos: quia unum vocavi eum, et benedixi ei, et multiplicavi eum. Consolabitur ergo Dominus Sion, et consolabitur omnes ruinas ejus: et ponet desertum ejus quasi delicias, et solitudinem ejus quasi hortum Domini. Gaudium et lætitia invenietur in ea, gratiarum actio et vox laudis. Attendite ad me, popule meus, et tribus mea, me audite: quia lex a me exiet, et judicium meum in lucem populorum requiescet. Prope est justus meus, egressus est salvator meus, et brachia mea populos judicabunt; me insulæ exspectabunt, et brachium meum sustinebunt. Levate in cælum oculos vestros, et videte sub terra deorsum: quia cæli sicut fumus liquescent, et terra sicut vestimentum atteretur, et habitatores ejus sicut hæc interibunt: salus autem mea in sempiternum erit, et justitia mea non deficiet.

    Du Prophète Isaïe. CHAP. LI

    Écoutez-moi, vous qui suivez la justice et qui cherchez le Seigneur. Rappelez-vous la pierre de laquelle vous avez été taillés, et la carrière profonde d’où vous avez été tirés. Jetez les yeux sur Abraham votre père, et sur Sara qui vous a enfantés ; considérez que je l’ai appelé lorsqu’il était seul, et je l’ai béni, et je l’ai multiplié. Ainsi le Seigneur consolera Sion, et il consolera toutes ses ruines ; il changera son désert en un lieu de délices, et sa solitude en un jardin du Seigneur. On y trouvera la joie et l’allégresse, l’action de grâces et la voix de louange. Écoute-moi, ô mon peuple ! nation que j’ai choisie, entends ma voix : car la loi sortira de moi, et ma justice éclairera les peuples, et se reposera parmi eux. Mon Juste est proche, le Sauveur que j’envoie va paraître ; et mes bras jugeront les peuples : les îles m’attendront, et supporteront les délais de mon bras. LÈvez vos yeux au ciel, et abaissez-les vers la terre ; car le ciel se dissipera comme une fumée, et la terre s’en ira en poudre comme un vêtement usé, et ses habitants périront comme elle ; mais le Salut que je donnerai sera éternel, et ma justice ne manquera jamais.

 

    O vous, qui êtes la Fleur des champs et le Lis des vallons, vous venez donc transformer notre terre ingrate et aride en un jardin de délices. Par notre péché, nous avions perdu Eden et toutes ses magnificences ; et voilà que cet Eden nous est rendu ; voilà que vous venez l’établir dans notre cœur. O plante céleste ! arbre de vie transplanté du ciel en terre, vous prenez d’abord racine en Marie, cette terre fidèle, et vous viendrez ensuite chercher en nous un sol reconnaissant qui vous garde et vous fasse fructifier. Préparez ce sol, divin agriculteur ! vous que la pécheresse pardonnée aperçut un jour sous la forme d’un jardinier. Vous savez combien il manque encore à nos cœurs, pour être propres à vos desseins. Remuez, arrosez cette terre, la saison est venue ; elle ne voudrait pas être stérile, ni se voir privée de posséder cette riche Fleur qui fait la gloire du ciel, et qui daigne venir cacher un moment son éclat ici-bas. O Jésus ! faites que nos âmes soient fertiles, qu’elles se couronnent de la fleur des vertus ; qu’elles-mêmes deviennent autant de fleurs ; qu’elles soient du nombre de celles qui, croissant autour de la vôtre, préparent à l’œil du Père céleste un jardin digne d’être uni à celui qu’il a planté dans l’éternité. O Fleur céleste ! vous êtes aussi la rosée, gardez-nous de la sécheresse ; vous êtes le soleil, gardez-nous de la froidure ; vous êtes l’odorant parfum, communiquez-nous votre suavité ; vous êtes la souveraine beauté, Fleur blanche et pourprée, faites que nous soyons radieux autour de vous dans l’éternité, comme la couronne que vous avez conquise.

    

HYMNE DE PRÉPARATION A NOËL.

(Composée par saint Ambroise, elle est aux premières Vêpres de Noël au Bréviaire Ambrosien ; et dans les anciens Bréviaires Romains-Français.)

Veni, Redemptor gentium;
Ostende partum virginis;
Miretur omne saeculum.
Talis decet partus Deo.

Non ex virili semine,
Sed mystico spiramine
Verbum Dei tactum est caro,
Fructusque ventris floruit.

Alvus tumescit virginis.
Claustrum pudoris permanet;
Vexilla virtutum micant,
Versatur in templo Deus.

Procedit e thalamo suo,
Pudoris aulo regia,
Geminae gigas substantiae
Alacris ut currat viam.

Egressus eius a Patre,
Regressus eius ad Patrem ;
Excursus usque ad inferos
Recursus ad sedem Dei.

Aequalis aeterno Patri,
Carnis tropaeo accingere,
Infirma nostri corporis
Virtute firmans perpeti.

Praesepe iam fulget tuum,
Lumenque nox spirat novum,
Quod nulla nox interpolet
Fideque iugi luceat.

Gloria tibi, Domine,
Qui natus es de virgine,
Cum Patre et sancto Spiritu,
In sempiterna saecula. Amen.

 

Venez, Rédempteur des nations ; montrez-nous l’enfantement d’une Vierge ; que tous les siècles soient dans l’étonnement : cet enfantement sied à un Dieu.

Ce n’est point l’œuvre de l’homme ; c’est par le souffle mystique de l’Esprit divin que le Verbe de Dieu s’est fait chair, que le fruit des entrailles a fleuri.

Le signe de la maternité se révèle en la Vierge ; mais le sceau de la pudeur est demeuré intact ; l’étendard de la puissance se déploie ; Dieu habite dans son temple.

Il sort de son secret sanctuaire, royal palais de la pudeur ; Géant aux deux natures, il court sa voie à pas de conquête.

Il est sorti du Père ; il est remonté au Père ; il plonge jusqu’aux enfers, il reparaît sur son trône de Dieu.

Fils égal à l’éternel Père, revêtez les trophées de la chair ; affermissez par votre vertu toujours vivante les défaillances de notre corps.

Déjà resplendit votre crèche ; dans la nuit s’exhale une lumière nouvelle, que jamais l’ombre n’obscurcira : c’est l’éternelle splendeur de la foi.

Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né d’une Vierge, gloire avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles sans fin ! Amen.

 

    PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE.

        (Au IIe Dimanche de l’Avent.)

Domine Deus omnipotens, qui pro humani generis redemptione coaeternum tibi coaequalemque Filium Angeli annuntiatione per Mariae Virginis uterum usque ad nos voluisti transmittere; da nobis hoc tempore Adventus tui Unigeniti eamdem pacis gratiam, quam in praeterita largire dignatus es saecula, et illi nos in occursum fidei socies numerandos, quos in fidei primordia a Johanne paenitentiae undis aquarum ablutos, a te postremo per Filium in Spiritu Sancto et igni cognoscimus baptizatos.

    Seigneur, Dieu tout-puissant, qui, pour la Rédemption du genre humain, avez voulu, par le message d’un Ange, faire descendre jusqu’à nous dans le sein de la Vierge Marie, votre Fils, éternel comme vous et égal à vous ; accordez-nous, en ce temps de l’Avènement de ce Fils unique, la même grâce de paix que vous avez daigné octroyer aux siècles passés, et comptez-nous au nombre de ceux qui allèrent au-devant de lui par la foi, alors que cette foi commençait, et qui, lavés par Jean dans les eaux de la pénitence, furent plus tard baptisés par votre Fils dans l’Esprit-Saint et dans le feu.

 

    LE JEUDI DE LA QUATRIEME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. LXIV

Utinam dirumperes cælos, et descenderes; a facie tua montes defluerent; sicut exustio ignis tabescerent, aquæ arderent igni: ut notum fieret nomen tuum inimicis tuis; a facie tua gentes turbarentur. Cum feceris mirabilia, non sustinebimus; descendisti, et a facie tua montes defluxerunt. A sæculo non audierunt, neque auribus perceperunt; oculus non vidit, Deus, absque te, quæ præparasti exspectantibus te. Occurristi lætanti, et facienti justitiam; in viis tuis recordabuntur tui. Ecce tu iratus es, et peccavimus; in ipsis fuimus semper, et salvabimur. Et facti sumus ut immundus omnes nos,et quasi pannus menstruatæ universæ justitiæ nostræ; et cecidimus quasi folium universi, et iniquitates nostræ quasi ventus abstulerunt nos. Non est qui invocet nomen tuum; qui consurgat, et teneat te. Abscondisti faciem tuam a nobis, et allisisti nos in manu iniquitatis nostræ. Et nunc, Domine, pater noster es tu, nos vero lutum; et fictor noster tu, et opera manuum tuarum omnes nos. Ne irascaris, Domine, satis, et ne ultra memineris iniquitatis nostræ; ecce, respice, populus tuus omnes nos. Civitas Sancti tui facta est deserta, Sion deserta facta est, Jerusalem desolata est. Domus sanctificationis nostræ et gloriæ nostræ, ubi laudaverunt te patres nostri, acta est in exustionem ignis, et omnia desiderabilia nostra versa sunt in ruinas.

Du Prophète Isaïe. CHAP. LXIV.

    Oh ! si vouliez ouvrir les cieux et en descendre ! les montagnes fondraient devant votre face : elles te dessécheraient comme dévorées par le feu ; les eaux seraient embrasées, et votre Nom se signalerait devant vos ennemis ; les nations trembleraient devant votre face. Lorsque vous feriez éclater vos merveilles, nous ne les pourrions soutenir. Vous êtes descendu, et les montagnes se sont écoulées devant vous. Depuis le commencement du monde, les oreilles n’ont point entendu, l’œil n’a point vu, hors vous seul, ô Dieu ! ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent. Vous êtes allé au-devant de ceux qui étaient dans la joie et qui vivaient dans la justice : ils se souviendront de vous en marchant dans vos voies. Vous vous êtes irrité, parce que nous avons péché : nous avons toujours été dans les péchés, et néanmoins nous serons sauvés. Et nous sommes tous dÈvenus comme un homme impur, et toutes nos justices sont comme le linceul le plus souillé ; et nous sommes tous tombés comme la feuille, et, comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Il n’est personne qui invoque votre Nom, qui se lève et qui se tienne attaché à vous. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés parla main de notre iniquité. Et cependant, Seigneur, vous êtes notre Père, et nous ne sommes que de l’argile ; c’est vous qui nous avez formés, et nous sommes tous l’ouvrage de vos mains. Ne vous irritez plus, Seigneur : c’est assez, et ne vous souvenez plus de notre iniquité. Jetez les yeux sur nous, et considérez que nous sommes tous votre peuple. La cité de votre Sanctuaire est dÈvenue déserte : Sion est changée en solitude, Jérusalem est désolée. La maison de notre culte et de notre gloire, où nos pères chantèrent vos louanges, est dÈvenue la proie des flammes et tout ce que nous aimions a été converti en ruines.

 

    O dieu de nos pères ! paraissez bientôt. La cité que vous aimez est dans la désolation ! Venez relÈver Jérusalem et venger la gloire de son temple. C’est le cri du Prophète : et vous l’avez entendu, et vous êtes venu délivrer Sion de la captivité, et ouvrir pour elle une ère de gloire et de sainteté. Vous êtes venu, non détruire la loi, mais l’accomplir ; et, par votre visite, Sion transformée est maintenant l’Église votre Épouse. Mais, ô Sauveur ! ô Époux ! pourquoi avez-vous détourné votre face ? Pourquoi, cette Église qui vous est chère est-elle assise au désert, pleurant comme Jérémie sur les ruines du Sanctuaire, comme Rachel sur ses enfants, parce qu’ils ne sont plus ? Pourquoi son héritage a-t-il été livré aux nations ? Mère dÈvenue féconde par votre vertu, elle avait allaité d’innombrables enfants ; elle leur avait enseigné en votre nom les choses de la vie présente et les choses de la vie future ; et voilà que ces enfants ingrats l’ont délaissée. Chassée de pays en pays, elle s’est vue contrainte de transporter d’un lieu dans un autre le flambeau de la divine Foi ; ses Mystères ont cessé d’être célébrés dans les lieux mêmes où autrefois ils étaient l’amour des peuples ; et du haut du ciel, ô Verbe créateur de l’univers, vous apercÈvez par toute la terre des autels brisés, des temples profanés. Oh ! venez donc ranimer la Foi qui s’éteint.

    Souvenez-vous de vos Apôtres et de vos Martyrs ; souvenez-vous de vos Saints qui ont fondé les Églises, qui les ont honorées par leurs vertus et leurs miracles ; souvenez-vous enfin de votre Épouse, et soutenez-la dans le pèlerinage qu’elle accomplit ici-bas, jusqu’à ce que le nombre de vos élus soit complet. Sans doute, elle aspire, cette Épouse, à vous voir à jamais dans la lumière du jour éternel ; mais le cœur de mère que vous lui avez donné ne peut se résoudre à laisser ses enfants au milieu de tant de périls, tant que l’heure n’a pas sonné, après laquelle il n’y aura plus d’Église militante, mais la seule Église     triomphante, enivrée de votre présence, ô Jésus, et de vos caresses éternelles. Mais, ô Sauveur ! cette heure fatale n’est pas venue ; pendant qu’il est temps encore, abaissez les cieux, descendez, venez à nous. Retenez aux rameaux de l’arbre ces feuilles que le vent de l’iniquité en avait détachées. Qu’il pousse de nouvelles branches, cet arbre que vous aimez ; que celles qui sont tombées par leur faute, et qui étaient déjà préparées pour le feu, soient de nouveau, par votre puissance, rattachées à ce tronc maternel qui se sentit déchiré cruellement au jour de la scission. Venez pour votre Église, ô Jésus ! Elle vous est plus chère encore que ne fut l’ancienne Jérusalem.

 

HYMNE TIREE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS.

(Au XXI Décembre.)

Acervus areae uterus tuus, Dei Mater dignoscitur; spicam inexcultam, omnem sensum superantem, Verbum ferens ineffabiliter; quod in spelunca Bethlehem paries eum qui omnem creaturam divina agnitione aliturus est in charitate, et a fame lethifera humanum genus liberaturus.

Innupta Virgo,, unde venis? Quis te genuit? Quae mater tua? Quomodo Creatorem fers in brachiis? Quomodo non corrupta fuisti utero! Magnas in te gratias, in terra stupenda adimpleta cernimus mysteria, o Omnisancta. Prout decet speluncam adornamus, et a coelo petimus sidus; Magi progrediuntur ab oriente orbis usque ad occidentem, Salutem visuri mortalium, tuis in brachiis sicut facem praelucentem.

Lucidum Magistri palatium, quomodo venis in exiguissimam speluncam, Regem paritura Dominum, Omnisancta, Virgo Dei sponsa.

Eva quidem per inoboedientiae nocumentum exsecrationem subintroduxit; tu autem, Virgo Dei Mater, per tuae gestationis germinationem mundo florere fecisti benedictionem; unde omnes te magnificamus.

Ne contristeris, Joseph, meum intuens uterum; videbis enim qui ex me nasciturus est atque gaudebis, eumque sicut Deum adorabis, aiebat Dei Mater suo sponso, dum Christum paritura venerit. Illam commemoremus dicentes: Gaude, gratia plena, Dominus tecum, et per te nobiscum.

 

Votre sein, ô Mère de Dieu ! est le monceau de froment qui, d’une manière ineffable, porte l’épi non semé, le Verbe de Dieu que vous enfanterez dans la grotte de Bethléhem ; lequel, par sa divine apparition, doit nourrir toute créature en la charité, et délivrer le genre humain d’une mortelle famine.

O Vierge intacte, d’où venez-vous ? Qui vous a engendrée ? Quelle est votre mère ? Comment pouvez-vous porter le Créateur en vos bras ? Comment votre sein n’a-t-il éprouvé aucune souillure ? Nous voyons s’accomplir en vous de grandes grâces, de redoutables mystères , ô vous toute sainte ! Nous préparons, suivant notre devoir, la grotte de votre enfantement ; nous demandons au ciel l’étoile mystérieuse. Voici que les Mages s’avancent de la terre d’orient à l’occident, pour voir le Salut des mortels comme un flambeau lumineux dans vos bras.

O vous qui êtes le brillant palais du Maître, comment venez-vous dans une chétive étable, mettre au monde le Roi, le Seigneur incarné pour nous, ô Vierge toute sainte, épouse du grand Dieu !

Ève, par le péché de désobéissance, introduisit ici-bas la malédiction ; mais vous, ô Vierge Mère de Dieu ! par l’excellence de votre fécondité, vous avez fait fleurir au monde la bénédiction ; c’est pourquoi nous vous célébrons tous.

Ne t’attriste point, ô Joseph, en regardant mon sein ; car tu verras celui qui doit naître de moi, et tu seras dans la joie ; tu l’adoreras comme un Dieu, disait la divine Mère à son époux, comme elle allait pour enfanter le Christ. Célébrons sa douce mémoire et disons : Réjouissez-vous, ô pleine de grâces ! le Seigneur est avec vous, et par vous, avec nous.

 

        PRIERE DU MISSEL AMBROSIEN.

            (En la Messe du premier Dimanche de l’Avent.)

Deus, qui Unigenito tuo novam creaturam nos tibi esse fecisti, respice propitius in opera misericordiae tuae, et in ejus Adventu ab omnibus nos maculis vetustatis emunda. Per eumdem Christus Dominum nostrum. Amen.

    O Dieu, qui, par votre Fils unique, avez fait de nous des créatures nouvelles, regardez avec bonté les œuvres de votre miséricorde, et daignez , dans l’Avènement de ce divin Fils, nous purifier de toutes nos anciennes taches. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

LE VENDREDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE L’AVENT.

 

Prope est jam Dominus : venite adoremus.

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

 

De Isaia Propheta Cap. LXVI

Audite verbum Domini, qui tremitis ad verbum ejus. Dixerunt fratres vestri odientes vos, et abjicientes propter nomen meum: Glorificetur Dominus, et videbimus in lætitia vestra; ipsi autem confundentur. Vox populi de civitate, vox de templo, vox Domini reddentis retributionem inimicis suis. Antequam parturiret, peperit; antequam veniret partus ejus, peperit masculum. Quis audivit umquam tale? et quis vidit huic simile? numquid parturiet terra in die una, aut parietur gens simul, quia parturivit et peperit Sion filios suos? Numquid ego qui alios parere facio, ipse non pariam? dicit Dominus. Si ego, qui generationem ceteris tribuo, sterilis ero? ait Dominus Deus tuus. Lætamini cum Jerusalem et exsultate in ea, omnes qui diligitis eam; gaudete cum ea gaudio, universi qui lugetis super eam: ut sugatis et repleamini ab ubere consolationis ejus; ut mulgeatis et deliciis affluatis ab omnimoda gloria ejus. Quia hæc dicit Dominus: Ecce ego declinabo super eam quasi fluvium pacis, et quasi torrentem inundantem gloriam gentium, quam sugetis: ad ubera portabimini, et super genua blandientur vobis. Quomodo si cui mater blandiatur, ita ego consolabor vos, et in Jerusalem consolabimini. Videbitis, et gaudebit cor vestrum, et ossa vestra quasi herba germinabunt: et cognoscetur manus Domini servis ejus, et indignabitur inimicis suis. Quia ecce Dominus in igne veniet, et quasi turbo quadrigæ ejus, reddere in indignatione furorem suum et increpationem suam in flamma ignis: quia in igne Dominus dijudicabit, et in gladio suo ad omnem carnem; et multiplicabuntur interfecti a Domino.

Du Prophète Isaïe. CHAP. LXVI.

    Écoutez la parole du Seigneur, vous qui l’entendez avec tremblement. Vos frères qui vous haïssent et vous rejettent à cause de mon Nom, vous ont dit : Que le Seigneur fasse paraître sa gloire en vous, et nous le reconnaîtrons dans votre joie ; mais eux-mêmes seront couverts de confusion. Voix du peuple dans la cité ! Voix qui vient du temple ! Voix du Seigneur qui rend à ses ennemis ce qu’ils méritent ! Sion a enfanté avant d’être en travail ; elle a mis au monde un enfant mâle avant le jour de l’enfantement. Qui jamais entendit chose semblable ? Qui jamais vit rien de pareil ? La terre produit-elle son fruit en un seul jour ? Tout un peuple est-il engendré en même temps ? Et cependant Sion, dans un même instant, a été en travail, et a enfanté ses fils. Moi qui fais enfanter les autres, n’enfanterai-je point aussi moi-même, dit le Seigneur ? Moi qui donne aux autres la fécondité, demeurerai-je stérile, dit le Seigneur, ton Dieu r Réjouissez-vous avec Jérusalem, soyez dans l’allégresse avec elle, vous tous qui l’aimez : unissez votre joie à la sienne,.vous tous qui pleuriez sur elle ; et vous sucerez, et vous tirerez de ses mamelles le lait de ses consolations : vous trouverez une abondance de délices dans la gloire qui l’environne de toutes parts Car le Seigneur a parlé et a dit : Voici que j’épancherai sur elle comme un fleuve de paix ; je répandrai sur elle la gloire des nations comme un torrent qui se déborde. Vous sucerez son lait ; on vous portera à la mamelle, et on vous caressera sur les genoux , comme une mère caresse son enfant ; ainsi je vous consolerai, et vous trouverez votre consolation dans Jérusalem. Vous verrez ces choses, et votre cœur sera dans la joie, et vos os reprendront une nouvelle vigueur comme l’herbe qui repousse ; et le Seigneur fera connaître sa main à ses serviteurs, et il répandra sa colère sur ses ennemis ; car voici que le Seigneur va paraître dans les feux , et son char sera comme la tempête. Il vient répandre son indignation et sa fureur, et sa vengeance au milieu des flammes. Le Seigneur viendra environné de feux et armé de son glaive, pour juger toute chair ; et le nombre de ceux que le Seigneur tuera sera grand.

    

    Votre présence, ô Jésus ! va donner la fécondité à celle qui était stérile, et l’étroite Sion va tout d’un coup enfanter un peuple pour qui la terre ne sera plus assez vaste. Mais la gloire de cette fécondité est toute à vous, ô Verbe divin ! Le Psalmiste l’avait annoncé. « O Jérusalem ! ô Reine ! avait-il dit, il te naîtra des enfants à la place de tes pères ; tu les établiras princes sur toute la terre : ils se souviendront de ton nom dans la succession des âges, et les peuples qui sauront qu’ils sont sortis de toi, te loueront à jamais dans les siècles des siècles. » (Psaume XLIV.) Mais, pour cela, il était nécessaire que le Seigneur descendît en personne. Lui seul a pu rendre féconde une Vierge ; lui seul pourra, avec des pierres, produire des enfants d’Abraham. « Encore un peu de temps, dit-il par un Prophète, et j’ébranlerai le ciel et la terre, et je remuerai toutes les nations. » (Aggée, II, 8.) Et par un autre : « De l’aurore au couchant, mon Nom est grand parmi les nations ; et voici « qu’en tout lieu on va offrir et sacrifier à mon Nom une victime pure. » (Malach. I, II) Bientôt donc il n’y aura plus qu’un seul Sacrifice ; car l’Agneau de ce Sacrifice va naître dans peu d’heures. Or, le sacrifice est le lien des peuples ; quand le Sacrifice sera unique, il n’y aura plus aussi qu’un seul peuple.

    O Église ! qui allez nous unir tous, hâtez-vous de naître. Et puisque déjà vous êtes née pour nous, nous qui sommes nés de vous, que l’Agneau, votre Époux, épanche sur vous ce fleuve de paix annoncé par le Prophète ; qu’il répande sur vous la gloire des nations comme un torrent qui se déborde ; qu’il donne un lait abondant à vos mamelles, et que les peuples reviennent autour de cette Mère commune qui les pressera sur son cœur et les caressera sur ses genoux. O Christ ! c’est vous qui inspirez cette tendresse à notre Mère ; c’est vous qui nous consolez, qui nous illuminez par elle. Venez la visiter : venez renouveler en elle la vie, dans cette nouvelle Naissance que vous allez prendre. Donnez-lui, cette année comme toujours, la fermeté de la Foi, la Grâce des Sacrements, l’efficacité de la Prière, le Don des Miracles, la Succession Hiérarchique, la puissance du Gouvernement, la Force contre les Princes du siècle, l’amour de la Croix, la victoire contre Satan, la couronne du Martyre. Qu’elle soit belle comme votre Épouse, en cette nouvelle année qui va s’ouvrir ; qu’elle soit fidèle à votre amour, et toujours plus heureuse dans le grand œuvre que vous lui avez imposé ; car, d’année en année, approche le jour où vous viendrez pour la dernière fois, non plus dans les langes, mais sur un char de feu, briser ceux qui n’ont point aimé votre Église, ou qui l’ont méconnue, et l’enlÈver avec vous dans votre Royaume éternel.

 

HYMNE DE LA NAISSANCE DU CHRIST.

(Tirée du poète Prudence, VIII KAL. JANUARIAS.)

Emerge dulcis pusio,
quem mater edit castitas,
parens et expers coniugis,
mediator et duplex genus.
Ex ore quamlibet Patris
sis ortus et verbo editus,
tamen paterno in pectore
sophia callebas prius.
Quae prompta caelum condidit,
caelum diemque et cetera,
virtute verbi effecta sunt
haec cuncta: nam verbum Deus.
Sed ordinatis seculis,
rerumque digesto statu
fundator ipse et artifex
permansit in Patris sinu,
Donec rotata annalium
transvolverentur milia,
atque ipse peccantem diu
dignatus orbem viseret.
Nam caeca vis mortalium
venerans inanes nenias
vel aera vel saxa algida,
vel ligna credebat Deum.

Haec dum sequuntur, perfidi
praedonis in ius venerant,
et mancipatam fumido
vitam barathro inmerserant:

Stragem sed istam non tulit
Christus cadentum gentium
inpune ne forsan sui
Patris periret fabrica.
Mortale corpus induit,
ut excitato corpore
mortis catenam frangeret
hominemque portaret Patri.
Sentisne, virgo nobilis,
matura per fastidia
pudoris intactum decus
honore partus crescere?
O quanta rerum gaudia
alvus pudica continet,
ex qua novellum seculum
procedit et lux aurea!

 

Paraissez, doux enfant, né d’une Mère, la chasteté même, qui enfante sans alliance humaine ; paraissez, Médiateur, en votre double nature.

Bien que sorti dans le temps de la bouche du Père, et incarné à la parole de l’Ange, toutefois au sein du Père déjà vous habitiez, ô Sagesse éternelle !

Cette Sagesse apparut en créant le ciel, la lumière et toutes choses ; par la puissance du Verbe tout a été fait ; car le Verbe est Dieu.

Mais ayant ordonné les siècles, et fixé les lois de l’univers, ce Verbe, fondateur, artisan des êtres, demeura au sein du Père ;

Tant qu’enfin, les années par milliers déroulant leurs révolutions, il daigna visiter ce globe depuis longtemps pécheur.

Car la tourbe aveugle des mortels prosternée devant d’abjectes vanités, proclamait Dieu l’airain, le bois, le marbre glacé.

Par ce culte insensé, ils étaient tombés sous le joug du tyran perfide ; et leur vie esclave s’engloutissait dans l’abîme ténébreux.

Mais le Christ ne put souffrir la chute des nations tombant sans vengeur, ni la ruine de l’œuvre de son Père.

Il revêtit un corps mortel, afin qu’en ressuscitant ce corps, il brisât les chaînes de la mort et transportât l’homme au sein du Père.

Sentez-vous, ô noble Vierge ! malgré de douloureux pressentiments, croître par un enfantement glorieux l’honneur intact de votre pudeur ?

Oh ! quelles joies pour le monde sont contenues en ce sein très pur, d’où va partir une ère nouvelle, un autre âge d’or !

 

    PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.

    (In Adventu Domini, Contestatio.)

    

    Vere dignum et justum est, nos tibi hic et ubique semper gratias agere, omnipotens Deus, per Christum Dominum nostrum, quem Johannes fidelis amicus praecessit nascendo, praecessit in desertis eremi praedicando, praecessit baptizando, viam quoque praeparans Judici ac Redemptori. Convocavit peccatores ad paenitentiam, et populum Salvatori adquirens baptizavit, in Jordane peccata propria confitentes: non homines innovando plenam conferens gratiam, sed piissimi Salvatoris ammonens expectare praesentiam : non remittens ipse peccata ad se venientibus, sed remissionem peccatorum ad futurum pollicens esse credentibus :ut descendentibus in aquam paenitentiae, ab illo sperarent remedium indulgentiae, quem venturum audiebant plenum dono Veritatis et Gratiae, Dominum nostrum Jesum Christum.

 

    C’est une chose digne et juste que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, ô vous, Dieu tout-puissant, par Jésus Christ notre Seigneur, que Jean, le fidèle ami, précéda dans la naissance, précéda dans la prédication du désert, précéda dans l’administration du Baptême, préparant ainsi la voie à Celui qui est en même temps Juge et Rédempteur. Jean convoqua les pécheurs à la pénitence, et gagnant un peuple au Sauveur, il baptisa dans le Jourdain ceux qui confessaient leurs pèches. Il ne conférait pas cette grâce qui renouvelle l’homme pleinement ; il avertissait seulement d’attendre l’arrivée du Sauveur miséricordieux ; il ne remettait pas les pèches de ceux qui venaient à lui, mais il promettait cette rémission à ceux qui croiraient, et qui, descendant dans les eaux de la Pénitence, espéreraient le remède du pardon de la part de Celui qu’ils apprenaient devoir venir bientôt, tout rempli du don de la Vérité et de la Grâce, Jésus-Christ, notre Seigneur.

 

    La Vigile de Noël se trouve ci-après, au Propre des Saints, au 24 Décembre.

  1.     Les Stations marquées au Missel romain, pour certains jours de l’année, étaient autrefois des Processions dans lesquelles tout le Clergé et tout le peuple se rendaient à une église désignée pour cet effet, et y célébraient l’Office et la Messe. Cet usage, qui remonte aux premiers temps de l’Église Romaine, et dont saint Grégoire le Grand n’a été que le restaurateur, existe encore aujourd’hui dans un certain degré ; et les Stations continuent de s’accomplir, quoique avec moins de pompe et de concours, à tous les jours marqués au Missel.[]
  2.     Ultima Cumaei venit jam carminis aetas…
    Jam nova progenies cœlo demittitur alto…
    Nec magnos metuent armenta leones…
    Occidet et serpens, et fallax herba veneni Occidet. …[]
  3.      Le quatrième Dimanche de l’Avent est appelé Rorate à cause de l’Introït ; mais plus souvent on le nomme Canite tuba, qui sont les premiers mots du premier Répons de Matines, et de la première Antienne de Laudes et de Vêpres.[]

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