Du point de vue chrétien dans l’Histoire (Le monde, 3 avril 1860)

    Un journal religieux exposait dernièrement les principes de l’école dont il est l’un des organes. À propos de l’histoire, il s’exprimait ainsi : « L’histoire n’est pas pour nous un livre où ne peut lire que le regard d’un mystique. À côté du développement surnaturel, il y a la part de l’élément naturel. Si le vrai chrétien reconnaît avec empressement et joie les merveilles de l’action surnaturelle de Dieu dans les individus et les peuples, le philosophe peut constater aussi l’influence des causes naturelles et l’influence du génie de l’homme. » (L’Ami de la Religion, 17 mars.) Les études sur le naturalisme contemporain que je me suis permis de publier dans l’Univers, et dont la suite paraîtra dans le Monde, m’autorisent jusqu’à un certain point à prendre pour moi la leçon indirecte qui est donnée ici aux contemplateurs mystiques de l’histoire ; j’essaierai donc de pénétrer ce qu’a voulu dire l’auteur de cet éloquent paragraphe.

    Il nous apprend d’abord que « l’histoire n’est pas pour lui et les siens un livre où ne peut lire que le regard d’un mystique. » Passons sur le style, et allons au fond. Selon l’Ami de la Religion, parmi les catholiques, il en est qui sont assez mal avisés pour fermer le livre de l’histoire à quiconque n’est pas favorisé de la vue mystique. J’avoue qu’une telle exigence serait un peu exorbitante, et pour ma part, je crois pouvoir dire que je ne m’en suis pas encore rendu coupable. J’ai dit, et je le répète ici, que la fin de l’humanité étant une fin surnaturelle, on ne saurait avoir la clef de l’histoire, si l’on ne recourt au point de vue surnaturel. Saint Augustin dans la Cité de Dieu, et Bossuet dans le Discours sur l’Histoire universelle, l’avaient dit avant moi, et mieux que moi ; mais il est permis de le redire, surtout à une époque où tant de gens semblent l’avoir oublié, et apportent dans l’étude de l’histoire une préoccupation toute naturaliste. Aurais-je, par hasard, demandé comme condition essentielle pour avoir droit d’étudier l’histoire, que l’on fût devenu préalablement familier avec la Mystique ? Il me semble que je n’ai réclamé que le simple point de vue chrétien, le point de vue auquel se plaçaient nos pères, et que d’imprudentes alliances ont si fort altéré de nos jours. Dans l’œuvre de ce monde, d’après la foi que nous professons tout est subordonné à Jésus-Christ et à son Église ; tout doit donc être considéré au point de vue de Jésus-Christ et de l’Église. La Providence divine gouverne les événements et les fait servir à ses fins ; mais les fins de la Providence qui auraient pu être simplement naturelles, si ce monde n’eût pas été appelé à de plus hautes destinées, sont des fins surnaturelles : tel est le catéchisme chrétien, contre lequel se révolte l’orgueil du naturalisme qui croit grandir l’homme et l’humanité, en les faisant descendre au-dessous de leur sublime vocation. Chasser Jésus-Christ et son Église de leur domaine, rétrécir la portée des événements afin qu’ils demeurent purement humains, telle est son étude constante, et il en est parmi nous qui ne savent pas assez se tenir en garde contre les insinuations de cette dangereuse école, et s’en vont répétant avec enthousiasme les tristes oracles qu’elle rend chaque jour. Depuis près d’un siècle les docteurs d’outre-Rhin résument toute leur opposition au christianisme dans l’opposition à l’idée du surnaturel ; chez nous, la philosophie séparée se tient retranchée derrière le même rempart. Malgré cela on rencontre d’excellents catholiques qui ne semblent pas se douter de ce qu’on veut leur dire, si l’on se hasarde à témoigner devant eux les inquiétudes sur le progrès de l’idée naturaliste. Ils sont comme déshabitués du sens surnaturel en certaines choses, mais surtout en histoire et en politique, au point de croire de bonne foi que nous voulons les emporter jusque dans les régions du mysticisme, tandis que nous ne songeons qu’à les ramener au christianisme le plus vulgaire, qui, sur ces matières, a ses idées faites et invariables. On aura beau copier, sur certains sujets, le langage et les allures de ceux qui se sont débarrassés du joug de la foi, il n’est pas facultatif à un chrétien de faire abstraction de Jésus-Christ et de l’Église, quand il s’agit d’histoire ou de politique. Je reviens à l’Ami de la Religion.

    L’article continue ainsi : « À côté du développement surnaturel, il y a la part de l’élément naturel. » – Et qui en doute ? Et qui le conteste ? Voudrait-on faire croire que quelqu’un aurait donné tous les personnages de l’histoire pour autant d’agents surnaturels ? Heureusement, les textes sont là, et on n’y trouvera point une telle absurdité. On s’est borné à dire que la portée de l’histoire était une portée surnaturelle, et que si l’homme s’agite dans des vues naturelles, Dieu le mène vers une fin surnaturelle, soit qu’il s’agisse de ces mesures miséricordieuses qu’il daigne appliquer pour la gloire de son Christ et pour l’avantage de son Église, soit qu’il s’agisse de ces châtiments éclatants ou secrets par lesquels il venge les résistances que les peuples opposent à l’élément surnaturel. Pour ma part, je l’ai dit plus d’une fois, ma méthode de juger l’histoire et les institutions est celle que M. de Champagny a appliquée dans ses Césars, ainsi que dans le récent opuscule qu’il vient de publier, et qui n’a obtenu les honneurs de l’insertion dans l’Ami
de la Religion qu’à la condition de porter au bas de la page une note dans laquelle on renvoyait à l’auteur la responsabilité de ses jugements et de son langage. Mais continuons.

    « Si le vrai chrétien reconnaît avec empressement et joie les merveilles de l’action surnaturelle de Dieu dans les individus et dans les peuples, le Philosophe peut constater aussi l’influence des causes naturelles et l’influence du génie de l’homme. Nul doute que l’Ami de la Religion ne se range du côté des vrais chrétiens, et que, par conséquent, il ne « reconnaisse avec empressement et joie les merveilles de l’action surnaturelle de Dieu dans les individus et dans les peuples » ; alors il est avec nous, et nous ne saurions d’ailleurs en être surpris : il n’y a pas deux manières d’être chrétien. Mais à quoi bon chercher à faire entendre que d’autres auraient mis en avant je ne sais quel mysticisme, lorsqu’on trouve bon d’adopter la seule et unique théorie qu’ils ont proclamée et suivie ? Le voici : c’est qu’on voulait dire un mot obligeant à l’adresse des philosophes. Mais, des philosophes qui ne seraient pas en même temps de vrais chrétiens, nous n’en reconnaissons pas parmi les gens baptisés. Nous les désignons d’un autre nom, et cela depuis le IVe siècle, où ce nom a été assez bien porté par quelqu’un, à ce que l’on dit. Ainsi, ce n’est pas pour lui-même que l’Ami
de la Religion revendique le privilège du point de vue naturaliste dans l’histoire : c’est pour d’autres. Soit ; mais tout en prenant acte de cette complaisance excessive, je me permettrai de remarquer que l’auteur de l’article favorise un peu trop les soi-disant philosophes, lorsqu’il semble assigner comme leur apanage exclusif l’étude et la constatation des causes naturelles et des influences du génie de l’homme dans l’histoire. Nous autres chrétiens, nous entendons bien ne pas abdiquer le droit que nous avons pareillement d’étudier et de constater les causes naturelles et les incidents produits parle génie de l’homme dans les annales de l’humanité. Le plan de ce monde est surnaturel ; mais l’homme à qui Dieu a fait don de la liberté pour être l’instrument du mérite, ne se conforme pas toujours à sa fin ; il y a donc là aussi matière à une étude instructive pour le chrétien autant que pour le philosophe. Mais celui-ci s’arrête au matériel des faits, ou s’il leur assigne une portée, elle est étroite ou fausse, parce qu’il ne se rend pas compte des moyens par lesquels Dieu sait harmoniser dans l’ensemble surnaturel de son grand et unique dessein ces échappées de la liberté humaine. Les lecteurs du Monde, qui sont ceux de l’Univers, retrouveront dans ces lignes les principes que tant de fois nous avons exposés, sans que nous ayons eu besoin de recourir au mysticisme.

    L’Ami
de la Religion du 15 mars contenait une sorte de déclaration de principes qui cadre peu, ce semble, avec la destination surnaturelle des peuples et des gouvernements. Le lecteur trouvera bon que, sans sortir de l’ensemble d’idées qui vient d’être remis sous ses yeux, j’ajoute encore ici quelques mots. Si j’ai bien compris cet article, l’auteur, après avoir dit que l’Église peut se soutenir sans les secours humains, dénoncerait une erreur professée par beaucoup d’âmes chrétiennes et même par un certain nombre de membres du clergé, erreur qui consiste à compter sur le pouvoir séculier dans les choses de la religion. Il me semble que s’il fallait regarder ce dernier sentiment comme une erreur, de graves conséquences s’ensuivraient pour la doctrine ; et la première de toutes serait que la société humaine n’est pas appelée à l’ordre surnaturel. Il faut évidemment reconnaître ici une confusion d’idées qu’il importe avant tout de rectifier. L’auteur a raison de dire que l’Église peut se soutenir sans les secours humains ; le passé l’a démontré, le présent le prouve en beaucoup de lieux, et l’avenir le montrera peut-être plus clairement encore. Mais, en cela, l’énergie humaine n’est pour rien : c’est tout simplement un miracle ; miracle garanti par la propre parole du Fils de Dieu lui-même, qui a déclaré impérativement que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre l’Église. A-t-on droit d’en conclure que les gouvernements chrétiens, par ce motif que l’Église est impérissable, sont dispensés du devoir de la protéger et de la maintenir florissante ? Et si ce devoir existe, ne suppose-t-il pas en l’Église un droit à être protégée ? il semble ; et je me demande où est l’erreur des âmes chrétiennes et des membres du clergé que dénonce l’Ami
de la Religion. Que certains théoriciens, aux yeux desquels la religion n’est qu’une fantaisie de l’individu à laquelle on ne reconnaît le droit de se produire qu’à l’état purement personnel, refusent aux gouvernements le droit de prêter leur concours au maintien et à l’avancement du christianisme, on le conçoit ; mais que ceux qui croient à la mission du Fils de Dieu descendu ici-bas pour régénérer le genre humain qui lui a été donné par son Père en héritage, soutiennent en même temps que le pouvoir séculier chrétien n’a pas l’obligation de se mettre au service du Christ pour appuyer ses droits et professer sa foi par les moyens dont il dispose, c’est je le répète, refuser de reconnaître la vocation surnaturelle dans les peuples, et la réduire seulement aux individus, contrairement à l’honneur de Dieu et à l’enseignement de l’Église dans tous les siècles.

    Il serait temps, en vérité, pour plusieurs d’entre nous, d’ouvrir les yeux et de se demander enfin si, avant notre Assemblée constituante de 1789, il n’existait pas par hasard chez nous un droit public chrétien, qui fut renversé alors, j’en conviens, mais dont les principes ne sauraient être contestés et abandonnés par les catholiques, sans un péril véritable pour la doctrine. Je sais que l’on chercher toujours à embrouiller la question, en réclamant, au nom de la liberté promise et assurée aux dissidents ; mais n’a-t-on pas répondu mille fois que cette liberté, devenue article fondamental de notre droit public nouveau, ne se rapporte qu’à une faible minorité de citoyens, qui ne peuvent exiger que le pouvoir renonce à cause d’eux à la protection qu’il doit à la religion de l’immense majorité ? Il ne s’agit donc pas ici d’imposer un joug quelconque à nos frères séparés, mais d’arrêter le cours d’une erreur outrageante pour l’Église et pour son divin Chef, et qui consiste à répéter, avec les indifférentistes, que l’alliance de l’Église et de l’État, au lieu d’être le but que s’est proposé le Christ en donnant son Évangile, n’est qu’une forme passagère et surannée dont le libéralisme chrétien nous a affranchis. Le récent concordat entre le Saint-Siège et l’empire d’Autriche prouve suffisamment et par le fait que, même dans un État qui admet l’égalité des droits civils entre les catholiques et les dissidents, le pouvoir peut encore exercer en faveur de l’Église cette action protectrice dont elle retire liberté, secours et considération. Les catholiques de l’Allemagne entière l’ont senti, et ce grand acte, dont plusieurs d’entre nous n’ont pas compris la portée, n’en demeurera pas moins comme l’un des événements les plus significatifs de nos temps.

    Certes, s’il fallait regarder comme une erreur ce que beaucoup d’âmes chrétiennes et un certain nombre de membres du clergé regardent comme une vérité, c’est-à-dire le devoir d’une intervention protectrice de la part du pouvoir séculier en faveur de l’Église, ce ne serait plus seulement à quelques esprits attardés que le libéralisme chrétien aurait affaire ; il s’agirait de démontrer à l’Église elle-même qu’elle s’est constamment trompée depuis quinze siècles ; car depuis quinze siècles, en effet, elle n’a cessé de rappeler aux princes l’obligation où ils sont de servir la royauté de Jésus-Christ, en employant leur autorité à protéger sa religion. Varier sur un point aussi capital, abandonner comme une vieillerie, comme impopulaire et compromettant, un enseignement aussi universel, serait ni plus ni moins qu’une trahison et une lâcheté, et il n’y a pas à douter que ceux d’entre nous qui faiblissent sur cet article ne le fassent par surprise et dans une entière bonne foi. L’enseignement de l’Église est tellement formel sur ce point, que s’ils se donnaient la peine d’en parcourir les documents, il est hors de doute que leur conviction ne serait pas différente de la nôtre ; mais la lecture des journaux, des revues et des livres à la mode absorbe tout le temps, et l’on finit par se déshabituer de toute recherche sérieuse, surtout lorsque l’on croit ne pas en avoir besoin. Beaucoup d’honnêtes gens ont l’habitude de trancher les questions religieuses d’après un certain sens général dont ils se croient en possession, et qui s’est formé principalement sur les idées courantes.

    En attendant, que le jour se fasse pour eux, qu’il me soit permis de rappeler ici que la doctrine qui préconise l’alliance de l’Église et de l’État, c’est-à-dire le gouvernement de protection, a pour elle l’assentiment de tous les Pères de l’Église qui ont eu occasion de s’exprimer à ce sujet depuis le IVe siècle. Tous sont unanimes à répéter, sous une forme ou sous une autre, la belle et expressive maxime de saint Augustin : « La manière dont les rois doivent servir le Seigneur, en tant que rois, consiste dans ce genre de service que les rois seuls lui peuvent rendre » (Epist. ad Bonifacium). Ce que les Pères enseignent sur l’intervention du pouvoir séculier en faveur de la religion, les conciles œcuméniques, tant de l’Orient que de l’Occident, le répètent et l’appliquent, et les lettres des Pontifes romains, à toutes les époques, le confirment irréfragablement. Ici, point de distinction entre gallicans et non-gallicans. Gerson et Bossuet parlent le même langage que saint Thomas et Bellarmin. « L’Église, nous dit l’Évêque de Meaux, a appris d’en haut à se servir des rois et des empereurs pour faire mieux servir Dieu ; pour élargir, disait saint Grégoire, les voies du ciel ; pour donner un cours plus libre à l’Évangile, une force plus présente à ses canons, et un soutien plus sensible à sa discipline. Que l’Église demeure seule, ne craignez rien ; Dieu est avec elle et la soutient au-dedans ; mais les princes religieux lui élèvent par leur protection ces invincibles dehors qui la font jouir, disait un grand Pape, d’une douce tranquillité, à l’abri de leur autorité sacrée. » ( Sermon sur l’unité de l’Église)

    Mais, disent quelques-uns, tout ceci a pu avoir son application heureuse dans le passé ; nous consentons désormais à ne plus blâmer ces gouvernements protecteurs d’autrefois qui avaient tant de souci du règne de Dieu ; mais sous l’empire du progrès et des idées modernes, comment consentir aux gouvernements le droit de prendre parti de cette manière dans des questions dont la conscience de chaque citoyen doit rester juge ? Ne suffit-il pas que la religion soit l’affaire de l’individu ? Quel besoin de la faire entrer encore dans les actes du pouvoir ? – À cela nous répondrons tout simplement que s’il plaît aux sociétés modernes de changer leurs formes politiques à leurs risques et périls, l’Église ne s’y oppose en aucune manière ; mais que lorsqu’il s’agit d’anéantir le pouvoir chrétien, il est impossible à l’Église de ne pas protester, parce que le pouvoir chrétien est une chose voulue de Dieu, à raison de la destination surnaturelle de la société humaine. Aussi n’avons-nous pas besoin de remonter jusqu’aux anciens documents de notre foi pour connaître la règle qui doit nous diriger en ces questions. À peine les nouvelles théories sociales eurent-elles été mises au jour, que le Siège apostolique s’empressa de donner aux fidèles les enseignements que les circonstances rendaient nécessaires. Il n’est pas permis à un catholique d’ignorer les Brefs de Pie VI, relatifs aux changements que l’Assemblée constituante introduisit dans le droit public des Français, sur la question religieuse, contrairement aux votes des assemblées provinciales. Cette réprobation de certaines maximes, à l’aide desquelles la société échappe aux conséquences du baptême, avait encore une telle portée en 1796, que l’on vit le Directoire essayer une négociation avec Pie VI pour en obtenir la révocation ; mais quelles que fussent en ce moment les anxiétés au milieu desquelles se trouvait le Pontife, il sut garder inviolable le dépôt de l’enseignement. Plus tard, après 1830, lorsque le prétendu libéralisme chrétien eut essayé de se formuler, et qu’il eut mis en avant ses théories qui, tout en conservant l’être surnaturel à l’individu, le refusent au pouvoir social, et par conséquent à la société, Grégoire XVI publia la célèbre Encyclique Mirari, dans laquelle il avertit tous les fidèles de se tenir inviolablement attachés aux antiques maximes du droit chrétien, qualifiant d’erreurs les nouveaux principes que l’on voulait faire prévaloir.

    Ce serait donc tout à fait inutilement que l’on songerait, comme l’insinue l’Ami
de la Religion, à demander au Saint-Siège de nouvelles décisions sur des matières si complètement et si récemment encore définies. « Nous ne serions pas étonnés, dit l’article du 15 mars, qu’on demandât au Souverain-Pontife de condamner ses plus illustres défenseurs et de se condamner lui-même ; mais nous sommes certains qu’on ne l’obtiendrait pas. » L’Ami
de la Religion oublie un peu vite les actes du Saint-Siège, qu’il a lui-même insérés dans ses colonnes. Est-ce que par hasard il ne se souvient plus du Bref de Pie IX contre Nuytz, ni de l’Allocution de Pie IX sur la nouvelle Constitution du Mexique ? Qu’il prenne la peine de les relire, et qu’il ose répéter ensuite en condamnant le soi-disant libéralisme chrétien, Pie IX se condamnerait lui-même ! Non, la doctrine de Pie IX est celle de Grégoire XVI et de Pie VI ; elle l’est, non seulement parce que le même souffle divin qui animait ces deux Pontifes est en lui, mais parce que les enseignements que l’Église a reçus de sa bouche sacrée sont là devant nous, et que nous y vénérons dans toute sa fermeté et son immutabilité la doctrine de tous les siècles. Sans doute, quand nous faisons retour sur l’état des sociétés modernes, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître avec tristesse le mouvement qui les entraîne bien loin, hélas ! de la vraie théorie chrétienne ; mais nous honorons la constance inspirée de l’Église, notre mère, qui ne pactise jamais avec l’erreur, et, plein de confiance dans la vocation surnaturelle des peuples, nous saluons d’avance le jour où, après les expériences et les épreuves peut-être que la divine Providence leur ménage encore, ils reviendront se placer sous le joug du Christ-Roi, et répéteront d’une extrémité de l’Europe à l’autre l’antique devise de la France de Charlemagne :

CHRISTUS VINCIT, CHRISTUS REGNAT, CHRISTUS IMPERAT.

D. P. GUÉRANGER

 

Dom Guéranger fait paraître en 1859 – 1859 13 articles contre le naturalisme, ils sont disponibles sur domgueranger.net

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-1er-article-31-janvier-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-2eme-article-21-fevrier-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-3e-article-21-mars-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-4e-article-11-avril-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-5e-article-25-avril-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-5e-article-25-avril-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-6eme-article-9-mai-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-7e-article-4-juin-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-8eme-article-29-aout-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-9eme-article-7-novembre-1858/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-10e-article-3-janvier-1859/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-11e-article-27-fevrier-1859/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-12eme-article-1er-mai-1859/

http://www.domgueranger.net/du-naturalisme-dans-lhistoire-13e-article-3-juillet-1859/

Nous y ajoutons l’article paru dans Le Monde le 3 avril 1860 : Du point de vue chrétien de l’histoire.

http://www.domgueranger.net/du-point-de-vue-chretien-dans-lhistoire-le-monde-3-avril-1860/